TEXTES AYANT TRAIT AU COLLEGE DE NIMES|RAPPORTS

Informations générales
  • TD 7.267
  • TEXTES AYANT TRAIT AU COLLEGE DE NIMES|RAPPORTS
  • RAPPORT DE M. L'ABBE D'ALZON, DIRECTEUR
  • Rapport de M. l'Abbé d'Alzon, directeur. (Dans: Maison de l'Assomption, fondée à Nîmes par M. d'Alzon et M. Goubier. Nîmes, Typographie Ballivet et Fabre, 1847, p. 27-39).
  • DU 9; TD 7, P. 267.
Informations détaillées
  • 1 AMOUR DES AISES
    1 AMOUR-PROPRE
    1 ATTENTION
    1 BAVARDAGES
    1 COLLEGE DE NIMES
    1 CONSCIENCE MORALE
    1 DEMI-PENSIONNAIRES
    1 DISCIPLINE SCOLAIRE
    1 DISTINCTION
    1 EDUCATION
    1 EDUCATION EN FAMILLE
    1 EDUCATION RELIGIEUSE
    1 ENSEIGNEMENT CATHOLIQUE
    1 EXTERNES
    1 FRANCHISE
    1 INSTRUCTION RELIGIEUSE
    1 MAITRES
    1 PARENTS D'ELEVES
    1 PARESSE
    1 PENSIONNAIRES
    1 PUNITION DES ELEVES
    1 RAPPORTS ANNUELS
    1 RENVOI D'UN ELEVE
    1 VERTU D'OBEISSANCE
    1 VIE SCOLAIRE
    2 AIROLLES, OLIVIER D'
    2 BALLIVET ET FABRE
    2 CABRIERES, ANATOLE DE
    2 CAMARET, OCTAVE DE
    2 CONTE, LEON
    2 COURTOIS, ALBERT DE
    2 CULLIERET, ADRIEN
    2 FERRY, CHARLES
    2 GALERAN, HENRI
    2 GAUDIN, HENRI DE
    2 GOUBIER, VITAL-GUSTAVE
    2 GRANIER, HIPPOLYTE
    2 JOYARD, HENRI
    2 MALOSSE, PAULIN
    2 MURJAS, MARCEL
    2 PICARD, FRANCOIS
    2 PIQUER, NICOLAS
    2 PLACIDE, HENRI
    2 PLANTADE, LOUIS DE
    2 POUGET, PAUL
    2 RAYMOND, HENRI
    2 RICHIER, MAXIMILIEN
    2 ROBERT, ALBERT
    2 SEZARY, EMMANUEL
    2 WALSIN-ESTERHAZY, PAUL
  • 1847
  • Nîmes
La lettre

Messieurs,

Lorsque, l’année dernière, nous vînmes présenter le compte-rendu de nos travaux, on put s’apercevoir que la franchise était l’une des bases principales que nous voulions donner à l’ensemble de notre système d’éducation. Le temps écoulé depuis nous a prouvé les avantages de ce système, et nous en avons tiré quelques conséquences que nous venons aujourd’hui soumettre à votre jugement.

Faire absolument bien n’est pas notre prétention; mais nous savons ou est la perfection, puisque nous possédons la loi chrétienne. Or, en la faisant descendre dans les jeunes intelligences, nous espérons obtenir tout ce qu’on peut exiger d’une réunion d’enfants qui se préparent à devenir des hommes. Aussi, cherchons-nous chaque jour de nouveaux moyens d’étendre et de développer notre influence et notre action. Ce progrès est le fruit de la critique qui retranche les abus, de l’expérience qui supprime les fausses mesures, constate et fixe les bonnes méthodes. Or, quel meilleur moyen que la franchise pour nous mettre à l’abri de la responsabilité qu’entraînerait pour nous un faux pas? Quand les familles qui nous amènent leurs enfans sauront que nous partons de principes sûrs; lorsqu’elles pourront, à chaque instant, juger les applications que nous en aurons faites, évidemment nous serons débarrassés d’un lourd fardeau et nous aurons acquis un titre de plus à leur confiance.

Peut-être nous dira-t-on: Quelle que soit votre franchise, vous n’avouez certainement pas tout; et, dans les résultats généraux que vous venez produire en public, on sait ce que la prudence vous commande de taire, ce qu’un désir très-naturel d’estime et d’applaudissements peut vous faire amplifier. On sait comment, en pareilles circonstances et avec les habitudes obligées de semblables rapports, la part du mal s’amoindrit de tout ce quel’on croit devoir ajouter à la somme du bien.

A cette objection, nous n’avons qu’une réponse: Nous plaignons de tout notre coeur ceux qui ne savent pas discerner le langage de la franchise de celui de l’habileté. Ce serait certes une lamentable preuve de l’affaiblissement de la conscience parmi nous, si des hommes qui, avant de se placer en face des familles, se sont placés devant Dieu, ne pouvaient trouver, dans l’accent de leur parole et la sincérité de leurs aveux, quelque chose qui distinguât leurs affirmations d’une amplification banale, et d’un rapport de spéculateur.

Avec ce système de franchise, les païens savent à quoi s’en tenir sur le compte de leurs enfans; ils connaissent et leurs qualités et leurs défauts; et il leur devient plus facile de fixer la carrière vers laquelle ils doivent les diriger. Quelquefois peut-être plus d’une illusion s’évanouira; mais la prolonger, ne serait-ce pas rendre le désenchantement plus amer?

L’avantage que trouvent les parents dans notre ligne de conduite, les bons élèves peuvent, eux aussi, l’apprécier. Est-il rien de plus agréable pour un enfant sage, studieux, appliqué, que de trouver l’éloge et l’encouragement sur des lèvres d’où ne sort jamais que la vérité? Pour une âme bien placée, n’y a-t-il pas là un puissant motif de sécurité, une source de nobles jouissances? et la récompense attachée à une louange sincère ne prépare-t-elle pas l’enfant, à mesure qu’il avance en âge avec l’ambition de la mériter, au désir de la seule estime dont l’honnête homme soit jaloux, celle des hommes honnêtes comme lui?

Il est pourtant une catégorie d’élèves, à qui la franchise ne va pas; ce sont les enfants gâtés, puisqu’il faut bien les appeler par leur nom. Que d’illusions à détruire! que de désenchantements à dévorer! Et les notes de conduite, et les notes de travail, et les places de composition, et les tableaux du classement affichés au parloir, tout les avertit qu’il ne leur est plus possible de s’abuser sur leur petit mérite, et qu’ils seront forcés de plier sous une règle inflexible, s’ils n’ont le courage de briser avec un passé de caprices et de paresse, avec tous les défauts qui forment l’apanage habituel d’un enfant grandi entre l’indifférence d’un père trop occupé pour veiller sue son fils, et les complaisances parfois aveugles de l’enthousiasme maternel.

La franchise, nous en convenons, doit faire verser bien des larmes; mais aussi, que de douces émotions ne procure-t-elle pas, lorsqu’après une suite de comptes-rendus défavorables, après des menaces d’autant plus effrayantes qu’on les a vues se réaliser pour d’autres et qu’elles grondent comme un orage prochain, on voit peu à peu s’éclaircir l’horizon, aux mauvaises notes succéder les bonnes, et lorsqu’au jour de sortie, on entend des maîtres si sévères assurer à des parents longtemps contristés que le changement est complet et l’amélioration persévérante. Il avait bien fallu nous croire, lorsque nous nous étions plaints. Comme notre franchise d’autrefois donne du prix à notre franchise d’aujourd’hui! On serait presque heureux d’avoir jadis encouru nos reproches, puisqu’ils sont la confirmation la plus forte des éloges qu’enfin nous pouvons accorder.

Si donc quelques parents trop faibles s’alarmaient de notre plan de conduite, les inquiétudes que nous leur causerions ne doivent point nous arrêter, puisqu’elles tournent au plus grand bien de leurs enfans; et les parens courageux nous approuveront toujours, quand ils verront, grâce à notre franchise, par quelles phases diverses passent, sous notre culture, les jeunes arbres dont ils nous chargent de préparer les fruits. Ils comprendront toutes nos sollicitudes, les chagrins que nous font éprouver certaines résistances, les moyens que nous avons employés pour les vaincre; et, dans cette transparence de notre direction, ils trouveront la preuve que nous n’avons absolument rien à cacher.

La franchise, qui est une garantie offerte par les maîtres, est aussi une arme entre leurs mains. Pour obtenir les résultats voulus dans l’éducation, il ne faut pas seulement des efforts de la part de celui qui dirige ou qui instruit, il faut un concours soutenu de la part de l’élève. Ces âmes d’enfans, ce ne sont pas des toiles immobiles sur lesquelles il n’y a qu’à disposer des couleurs; on ne les façonne pas comme l’argile, où s’enfonce la main de l’artiste et qui garde l’empreinte d’un doigt plus ou moins inspiré. On n’est pas arrivé à huit ou dix ans, sans avoir dit plus d’une fois Je veux et Je ne veux pas. Et, quand l’habitude de pareils mots est une fois prise, on la perd difficilement. Après tout, ce serait un grand malheur pour nous d’avoir affaire à des blocs de marbre, et notre mission tire sa dignité des éléments mêmes sur lesquels nos efforts s’exercent.

Ces éléments, ce sont des intelligences qui veulent être inclinées, excitées, aiguillonnées. Il faut les conduire dans une voie donnée; il faut leur faire vouloir, même avec ardeur, ce qu’on prétend en obtenir, et, pour cela, éveiller en elles une généreuse émulation. Pour assouplir ces volontés qui trop souvent puisent leur force de résistance, même à leur insu, dans le développement des sens, on avait autrefois les châtiments corporels; mais aujourd’hui nous avons déposé les verges, nous ne marchons plus armés de l’antique férule, le système de la prison et du cachot nous semble immoral; et pourtant il nous faut un aiguillon et un frein, si nous ne voulons pas que les assoupissements de la paresse engourdissent ces jeunes natures dont les seules fatigues aimées sont celles du jeu, ou que la fougue et les impétuosités de ces caractères de quinze ans viennent leur persuader que les maîtres sont des tyrans et la vie de collège la plus abominable des servitudes.

Cet aiguillon et ce frein, nous les trouvons encore dans la franchise portée à son degré le plus haut; mais la franchise ainsi agrandie change de nom, et s’appelle la publicité.

La publicité, telle que nous l’entendons, consiste à reculer pour nos élèves, autant que le permettent la prudence et de très légitimes susceptibilités, les limites du théâtre restreint où l’on apprécie leur bonne ou leur mauvaise conduite, leur lâcheté ou leur zèle pour le travail.

Leurs noms affichés au parloir dans l’ordre de leur mérite relatif, avec honneur pour les uns, avec confusion pour les autres, nos Ordres du jour rendus publics étaient déjà un pas fait dans cette voie; et, si nous n’avions craint de changer en jour de tristesse, pour quelques parens, ce jour d’ allégresse générale, à côté des noms livrés, dans cette solennité, à une publicité glorieuse, nous en aurions proclamé d’autres, que de mauvais élèves prennent chaque jour à tâche de ternir ou de vouer à l’oubli.

Nous leur faisons donc grâce de la honte que leur infligerait une proclamation aussi solennelle; mais la publicité les atteindra d’un autre côté; ils ne pourront s’y soustraire; et c’est ici une mesure irrévocablement arrêtée.

Messieurs, vous recevrez, tous les trois mois, le rapport du Préfet des Etudes fait à la suite des examens de vos enfans. Là, seront nommés les bons et les mauvais élèves, ceux qui se seront distingués par leur application et leurs succès, et ceux que rien n’aura pu arracher à leur légèreté ou à leur somnolence.

Nous en convenons, cette perspective a peu de charmes pour un père qui voit d’avance, avec peine, son fils, s’il est mal noté à l’examen, désigné comme élève faible à cent cinquante ou deux cents familles, et nous nous attendons à ce que cette nouvelle mesure soulèvera quelques réclamations; mais oserons-nous dire ici toute notre pensée? Les élèves les moins intelligents comprennent bien si la parole de leur maître est appuyée de l’autorité et de la sanction de leurs parens. Il en est, parmi les nôtres, qui seront un jour, nous l’espérons du moins, la joie de leur famille et l’honneur de leur pays, et dont le caractère original, boudeur, capricieux, emporté, eût bien souvent poussé à bout notre patience, s’ils n’avaient eu la conviction profonde, que derrière nous se trouvait un père inflexible prêt à leur faire expier leur expulsion, s’ils la méritaient, dans une compagnie de discipline ou sur les mâts d’un vaisseau. Heureux les jeunes gens dont on accompagne et surveille ainsi les oscillations, pour les contraindre à marcher d’un pas égal et soutenu vers le terme de leurs études et la carrière honorable qu’elles peuvent leur ouvrir!

Plût à Dieu qu’il en fut toujours ainsi; mais quel est l’établissement d’éducation où l’on n’ait pas été contraint d’éliminer des élèves, dont le premier malheur avait été de trop compter sur la faiblesse bien connue de leur famille?

De tels parens, dira-t-on, vous trouveront trop sévères et ne vous confieront jamais leurs fils. Si nous visions avant tout au plus grand nombre, l’objection nous frapperait assurément; mais tel n’est pas notre but. Déjà nous avons pris des mesures pour que le chiffre des élèves que nous seront confiés l’année prochaine soit moins considérable qu’il ne l’eût été, en maintenant les anciennes conditions.

Les parents qui n’entreront pas dans notre pensée s’éloigneront de nous; mais aussi quelle puissance n’aurons-nous pas avec ceux qui, acceptant nos idées et nos principes, comprendront la nécessité de nous fournir les moyens de ployer des caractères difficiles, de défricher des intelligences stériles par mauvaise volonté, de rompre enfin ces oppositions entêtées, que suggèrent si bien l’horreur de l’étude et l’amour de l’indépendance.

Ce n’est pas là le seul fruit de la publicité, et nous voulons en signaler un autre, plus précieux pour ceux qui, envisageant l’éducation comme le vestibule de la vie sociale, croient qu’il faut habituer de bonne heure les enfants à subir les exigences de l’époque où ils vivent. Or, quelle est la condition fondamentale de la société moderne telle que nous l’a faite bientôt un siècle de révolutions? N’est-elle pas la publicité? Quel est le moyen le plus puissant de combattre les abus de nos jours? La publicité,

Quelle est la garantie des libertés qu’on réclame? Encore, la publicité.

La publicité, c’est la lumière au sein du monde social. Loin de la redouter pour nous, nous la prenons comme instrument; nous voulons la porter partout dans notre plan d’éducation, nous voulons y accoutumer les yeux de nos élèves, en faire pour eux comme une seconde conscience, afin qu’un jour, placés sur un plus grand théâtre, ils n’aient pas à en redouter l’éclat; que ce qu’ils feront dans le secret de leur vie privée et de leurs relations intimes, ils puissent le présenter aux regards de tous, sans que jamais la publicité puisse découvrir, au plus profond de leur existence, rien dont leur front ait à rougir.

La vie publique commence trop tôt de nos jours pour qu’il ne faille pas se hâter d’y préparer l’enfance, non par des moyens factices, mais par ce qu’il y a de plus sérieux pour un fils, la joie ou la douleur d’un père et d’une mère qu’il console ou qu’il attriste en associant leur nom à l’honneur de son travail ou à la honte de sa paresse signalés dans un rapport public.

Il est temps de formuler, en quelques mots, notre jugement sur l’état général de la maison pendant l’année qui finit. Les élèves étaient classés en cinq Divisions.

La Cinquième, comprenant les Externes et les Demi-Pensionnaires de dix à quatorze ans, et la Seconde, les externes du même âge, sont celles qui nous ont le moins satisfaits.

Dans la Cinquième, nous avons remarqué, avec beaucoup de paresse, une dissipation et une rudesse de manières dont nous n’avons pas toujours triomphé. La Secondé Division, plus immédiatement sous notre surveillance, nous a, elle aussi, révélé une grande paresse, de l’étourderie et une merveilleuse intempérance de langue. Signalons toutefois, comme faisant exception:

Dans la Cinquième Division, MM. Granier (Hippolyte) et Walsin-Esterhazy (Paul);

Et dans la Seconde, MM. Robert (Albert), Sézary (Emmanuel), Murjas (Marcel), de Gaudin (Henri) et Joyard (Henri).

La Quatrième Division est loin de mériter les mêmes éloges que l’an dernier. Composée des Externes et des Demi-Pensionnaires les plus âgés, elle aurait dû suivre les bonnes traditions qui lui avaient été laissées. Nous avons eu à reprendre en quelques-uns de ces Elèves, une grossièreté de ton qui, plus d’une fois, nous a affligés et que nous avons dû punir par des exclusions rigoureuses. Il en est cependant qui ont tenu à honneur de ne pas démentir leurs antécédents; nous signalerons, parmi eux, MM. Galeran (Henri), Picard (François), Placide (Henri) et Piquer (Nicolas).

La Troisième Division, formée de tous les élèves de la Maison au-dessous de dix ans, nous donne les plus heureuses espérances. L’intelligence de ces jeunes enfans, leur docilité, leur bon coeur, leur ingénieuse charité envers les pauvres méritent des encouragements particuliers. Nous les louerions davantage; mais peut-être, trop flattés de nos éloges, ils se persuaderaient qu’ils n’ont plus rien à faire et qu’ils ont atteint le but. Nous ne pouvons nommer tous ceux qui se sont distingués à divers titres; nous citerons seulement MM. Malosse (Paulin), Raymond (Henri), de Plantade (Louis), Cullieret (Adrien) et Ferry (Charles).

La Première Division, où sont réunis les Internes de quatorze ans et au- dessus, nous a offert un mélange très varié d’éléments bons et médiocres; les mauvais ont dû être retranchés. Nous y avons constaté avec joie des améliorations notables chez plusieurs; chez quelques autres, nous avons vu, avec des efforts incomplets, des résolutions souvent stériles; mais aussi d’autres fois nous avons trouvé des changements sérieux, des exemples vraiment remarquables de ce que peut un travail opiniâtre soutenu d’une réelle piété. Enfin, nous serions par trop sévères, si nous ne disions pas que la Première Division, en général, a compris notre affection pour elle et s’est habituellement efforcée d’y répondre par une bonne volonté qui, dès à présent, est pour nous la plus douce récompense. Accordons ici l’honneur d’une mention spéciale à MM. de Cabrières (Anatole), Conte (Léon), de Camaret (Octave), Pouget (Paul), d’Airoles (Olivier), Richier (Maximilien) et de Courtois (Albert).

En résumé, la maison semble laisser encore quelque chose à désirer sous le rapport de la discipline. Le niveau des études s’est élevé, du moins pour quelques classes. Et, si les cours d’Instruction Religieuse n’ont pas encore produit tous les résultats que nous avions droit d’en attendre, le sentiment du devoir chrétien devient tous les jours plus profond, surtout chez les plus âgés.

Je ne sais, mes Amis, quelle aura été sur vous l’impression de mes paroles. J’ai voulu vous montrer quelle importance nous attachons à développer dans vos âmes le respect de vous-mêmes, en rendant publics vos succès et vos revers de tous les jours, en vous entourant de témoins plus nombreux qui vous surveillent et vous jugent.

Ceci est grave, mes Amis, et vaut la peine que vous y réfléchissiez sérieusement, même pendant les loisirs des vacances.

Si ce qu’on vous annonce vous effraie, si vous voulez avoir le droit d’être, à votre aise, paresseux dans l’ombre, restez chez vous, croyez-moi; sollicitez de vos familles la permission de poursuivre, dans l’obscurité du toit paternel, ces études solitaires dont les succès équivoques ne sont encouragés, il est vrai, par aucun applaudissement, mais aussi ne sont contrôlés par aucune comparaison pénible, ni censurés par un blâme public. Votre mollesse s’en trouvera bien. Si votre modestie n’a pas à redouter l’éclat d’un triomphe, votre amour-propre se consolera en évitant l’humiliation d’une défaite méritée; et la paresse, en général très-susceptible, n’en demandera pas davantage.

Que si vous sentez, au contraire, la nécessité d’accepter de bonne heure les épreuves que nous vous offrons, revenez-nous, au terme des vacances, avec la conscience de votre bonne volonté. Vous savez bien qu’après tout nous n’exigeons pas autre chose; car vous nous avez prouvé plus d’une fois ce que peut votre jeune énergie, soutenue par une pensée chrétienne. Ainsi, vous vous dépouillerez des défauts de votre âge; vous mettrez à profit la souplesse de votre intelligence; vous apporterez dans vos études quelque chose de plus viril, et, dans toute votre conduite, la conviction intime que déjà vous devez prendre votre part de solidarité dans l’honneur même de vos familles, et rendre compte à Dieu de votre réputation qui se fait.

La rentrée des Classes, pour l’année 1847-48, aura lieu du 18 au 20 octobre. La Messe du Saint-Esprit sera célébrée le 21. Le même jour et les deux jours suivants, auront lieu des Compositions doubles comptant pour le prix d’Excellence.

Notes et post-scriptum