- TEXTES AYANT TRAIT AU COLLEGE DE NIMES|TEXTES DIVERS AYANT TRAIT AU COLLEGE DE NIMES
- MEMOIRES SUR L'ETABLISSEMENTS DE L'ASSOMPTION (1).
- Mémoires sur l'établissement de l'Assomption. (Dans: Lettres du P. Emmanuel d'Alzon. T. II. Paris, Maison de la Bonne Presse, 1925, p. 487-493.
- Vailhé II, p. 487 à 493.
- 1 ASSOCIATION DE L'ASSOMPTION
1 COLLEGE DE NIMES
1 CONSTITUTIONS DES RELIGIEUSES DE L'ASSOMPTION
1 ENSEIGNEMENT OFFICIEL
1 FONDATION DES ASSOMPTIONNISTES
1 NIMES, EGLISE SAINTE-PERPETUE
1 PLEIN EXERCICE
1 PREDICATIONS DE CAREME
1 TIERS-ORDRE DE L'ASSOMPTION
1 TIERS-ORDRE FEMININ
1 VOEU DE TURIN
2 BASTIEN, CLAUDE-HIPPOLYTE
2 BLANCHET, ELZEAR-FERDINAND
2 CARDENNE, VICTOR
2 CART, JEAN-FRANCOIS
2 CUSSE, RENE
2 DECKER, FRANCOIS-JOSEPH
2 EVERLANGE, JEAN-LEOPOLD-DIEUDONNE
2 GERMER-DURAND, EUGENE
2 GOUBIER, ACHILLE
2 GOUBIER, VITAL-GUSTAVE
2 GOURAUD, MADAME HENRI
2 HENRI, EUGENE-LOUIS
2 HENRI, ISIDORE
2 JEAN DE LA CROIX, SAINT
2 LAURENT, CHARLES
2 MILLERET, MARIE-EUGENIE
2 MONNIER, JULES
2 PUYSEGUR, ANATOLE DE
2 REBOUL, PIERRE-CASIMIR
2 SALVANDY, NARCISSE DE
2 SAUGRAIN, HIPPOLYTE
2 SAUVAGE, EUGENE-LOUIS
2 SURREL, FRANCOIS
2 THERESE, SAINTE
2 TISSOT, PAUL-ELPHEGE
2 VAILHE, SIMEON
2 VERDILHANT, JACQUES
2 VERMOT, ALEXANDRE
3 AIX-EN-PROVENCE
3 MONTPELLIER
3 PARIS, EGLISE NOTRE-DAME DES VICTOIRES
3 PARIS, IMPASSE DES VIGNES
Les commencements de cette oeuvre ont quelque chose de si indépendant de la volonté de l’homme, qu’au milieu de vicissitudes qu’elle a subies il est presque impossible de ne pas voir la volonté de Dieu. Depuis longtemps, la pensée de fonder un collège me préoccupait. J’étais frappé de la nécessité d’une éducation chrétienne; d’autre part, j’avais puisé dans la lecture méditée des oeuvres de saint Jean de la Croix une grande affection pour les filles de sainte Thérèse. J’arrivai à Nîmes avec la pensée de former un pensionnat et un couvent de Carmélites. Mais je fus entraîné loin de mon but par bien d’autres idées. Dieu ne voulait pas encore que je pusse réaliser des desseins, pour lesquels je ne comprenais pas assez mon incapacité.
Cependant M. Vermot réalisait l’idée d’un collège, et lui se consacrant à cette oeuvre, je n’avais plus à m’en occuper. Monseigneur de Nîmes n’avait aucun attrait pour les Carmélites. Y songer eût été, ce semble, imprudent.
1843
Toutefois, l’idée des Carmélites ne m’abandonnait pas. Vers le milieu de 1843, j’eus occasion d’en parler à M. l’abbé Goubier, curé de Sainte-Perpétue. Celui-ci me dit que mon ouverture lui paraissait une révélation du ciel, parce qu’une jeune personne de sa connaissance était sur le point de partir pour Montpellier et que sûrement sa fortune servirait pour aider aux commencements de l’oeuvre. Cette proposition me donna le courage de parler une quatrième ou cinquième fois à Monseigneur de Nîmes. Quel ne fut pas mon étonnement de ne plus lui voir trouver de difficultés à l’entreprise!
Je dus m’occuper de trouver un local. M. l’abbé Goubier, qui fut si admirable dans cette circonstance et de qui je dois dire qu’il fit bien plus que moi, quoique son humilité me mit toujours en avant, M. l’abbé Goubier crut devoir trouver un local convenable dans le pensionnat de l’Assomption, dirigé par MM. Tissot et Reboul, à qui M. Vermot l’avait confié. Nous nous occupâmes de l’acheter, mais, devenu notre propriété, nous fûmes empêchés dans nos projets par M. Reboul, qui nous déclara ne point vouloir se retirer de la maison, malgré l’état de décadence où elle se trouvait. Ce retard nous fit réfléchir et nous décida à chercher un autre local pour les Carmélites.
C’est à Aix que je m’adressai pour obtenir des filles de sainte Thérèse. Elles vinrent dans une maison louée pour six ans et y furent installées au nombre de sept, le 24 novembre 1843(2). La maison de Reboul se soutenait à peine. Nous voulions lui laisser terminer l’année scolaire; il ne fut pas possible d’y songer. Il nous déclara qu’il ne pouvait aller plus loin.
1844
Et, le 22 janvier 1844, M. Goubier et moi nous prîmes possession de la maison, non seulement comme propriétaires, mais comme administrateurs du pensionnat. Le nombre des élèves était peu considérable. Il fallut en renvoyer une partie; le reste fut confié aux soins de M. Tissot, dont le zèle nous était connu. La franchise, la droiture avec laquelle il agit envers nous dans cette circonstance nous le firent apprécier et nous attachèrent profondément à lui. L’année scolaire 1843-1844 finit à petit bruit.
Notre premier projet avait été de laisser à M. Tissot son titre de chef de pension, et d’administrer sous son nom et avec lui. Il s’était admirablement prêté à cette combinaison, mais nous voulions l’entourer de professeurs distingués, dont la capacité connue donnât à la maison le relief dont elle avait besoin. Nous voulions rendre à l’établissement une confiance que malheureusement il n’avait plus. La composition du personnel devait servir à dissiper bien des préventions fâcheuses. Le tout était de le trouver. Nous avions, du premier coup, jeté tes yeux sur M. Durand et Monnier, nos bons amis, l’un professeur de seconde à Montpellier, l’autre professeur de troisième à Nîmes. Mais il fallait décider des hommes, pères de famille, à quitter une position assurée pour se placer dans un état plein d’incertitude. Nous dûmes faire quelques efforts et, certes, ceux qui nous accusèrent de promettre plus que nous ne pouvions ne pourront jamais se faire une idée de tout ce que nous avons reçu en échange.
Mais je dois noter ici un fait qui tient sûrement une place importante dans nos annales. J’ai dit que, dans ma pensée, l’établissement des Carmélites et celui d’un collège marchaient presque de front depuis très longtemps. Je dois ajouter que je n’avais presque aucune confiance dans le succès de l’entreprise du pensionnat. Lorsque dans les premiers jours du mois d’août [1844], j’allai faire une visite au couvent des Carmélites, je priai ces bonnes Soeurs de faire une neuvaine à une intention qui m’était personnelle. Le jour même où la neuvaine finissait, au moment où ces saintes filles venaient de la terminer par une communion, M. Monnier entra au secrétariat de l’évêché où je me trouvais. Il n’avait, autant que je me le rappelle, d’autre but que de causer un moment avec moi. Je l’entretiens de nouveau de nos projets; il accepte sans aucune résistance et aussitôt écrit à Durand, que jusqu’alors nous avions vainement sollicité.
Cette coïncidence m’a toujours frappé, car je dois ajouter que, depuis cette époque, mes appréhensions ont entièrement disparu et qu’il m’a été impossible de douter du succès de l’oeuvre. Il y a plus. La difficulté que j’éprouvais à me procurer des professeurs capables me fit sentir la nécessité d’en former, non seulement pour moi, mais aussi pour ceux de Nosseigneurs les évêques qui comprendraient, comme nous, la nécessité de relever l’instruction à son véritable niveau. Cette pensée germa dans ma tête. M. Goubier, de son côté, méditait un plan très vaste qu’il voulait soumettre dans un Mémoire à Nosseigneurs les évêques. Nous comprenions qu’il y avait quelque chose à faire, mais nos projets restaient à l’état d’utopie.
Nous devions organiser la maison. M. Goubier fit un prospectus sous le nom de lettre, qui dut accompagner le prospectus officiel présenté par M. Tissot à l’approbation du recteur. Trop de défiances entouraient malheureusement la maison pour qu’on pût espérer les surmonter toutes du premier coup. Il fallait envoyer un certain nombre d’élèves au collège et pourtant former un esprit entièrement en opposition avec l’esprit de l’Université. Dieu permit que cette première année se passât assez doucement. Les surveillants étaient excellents. MM. Achille Goubier, Bastien et d’Everlange(3) firent de grands efforts pour établir la discipline et ils y réussirent. Les classes supérieures, obligées d’aller au collège, recevaient des répétitions de MM. Durand et Monnier M. Tissot conservait le titre de directeur; M. Henri était préfet de discipline, M. Surrel aumônier; M. Cusse vint professer la première classe de l’école industrielle; M. Laurent professait la sixième, M. Verdilhant la septième et la huitième.
Les conseils avaient lieu tous les jeudis au soir; il y en avait de plus intimes entre MM. Goubier, Durand, Monnier et moi, dans lesquels se préparaient les questions les plus difficiles ou bien se traitaient celles que l’on ne voulait pas soumettre au conseil.
Les pensées d’une communauté religieuse se remuaient dans mon esprit. La supérieure de l’Assomption, que j’avais vue en 1843 à Paris, m’avait demandé si je n’avais pas l’idée de me dévouer à la vie religieuse. Je lui avais répondu que cette idée m’avait longtemps occupé, mais que j’y avais à peu près renoncé, parce que je n’en voyais pas l’exécution réalisable, du moins de bien longtemps. Cependant, la pensée en était entrée dans mon coeur, elle s’y établissait en quelque sorte; rien ne pouvait l’en enlever. Comment cela s’est-il disposé? Je ne puis le dire. En 1844, j’avais fait le voyage à Turin pour aller soigner mon beau-frère, qu’une maladie très grave y retenait. Une nuit que, frappé de la lâcheté avec laquelle certaines personnes servaient l’Eglise, [elle] me révoltait d’une manière encore plus forte que de coutume, je me levai sur mon séant et promis à Dieu de ne jamais le servir que comme simple prêtre. Le lendemain, j’allai dire la messe à Notre-Dame de la Consolata, à l’autel placée sur le lieu où l’image miraculeuse fut honorée, et là je transformai ma promesse en voeu. Je remercie tous les jours Notre-Seigneur de m’avoir permis de le lui faire entre les mains de sa Mère…(4)
Ce journal, interrompu depuis trop longtemps, ne peut présenter désormais un grand intérêt. Cependant, il me semble que je me rappellerai bien un certain nombre de circonstances, dont je puis seul rendre raison.
L’ouverture des cours en 1844 ne fut pas très brillante. Je logeais toujours en ville, je m’occupais peu des détails de la maison et pourtant cela me semblait très nécessaire. Un jour, pendant l’hiver, M. Goubier était venu me voir. Je lui dis tout simplement que la maison avait besoin de quelqu’un qui la dirigeât plus fortement que ne l’avait fait M. Tissot. Il parut étonné que je lui offrisse de m’en charger, et surtout de mon intention de me dévouer à former une Association nouvelle. Il m’engagea à réfléchir.
1845
Il était urgent de se procurer le plein exercice. Après avoir prêché le Carême à Sainte-Perpétue, je me rendis à Paris, et c’est ici, à proprement parler, que commencent les préoccupations sérieuses relatives à l’Ordre. Mes relations fréquentes avec la supérieure de l’Assomption, le désir ardent qu’elle avait de me voir lui venir en aide et de voir se former, à côté de [l’]oeuvre de femmes, une oeuvre d’hommes analogue(5). Du 20 avril 1845 aux premiers jours de septembre de la même année, j’allai presque tous les jours dire la messe au couvent de l’Assomption, situé à cette époque impasse des Vignes. Après la messe, je passais assez longtemps avec la supérieure soit à préparer le règlement du Tiers-Ordre, soit à relire les Constitutions des religieuses, soit à parler de diverses dispositions que nous prendrions pour l’Ordre des hommes. Nous combinions et arrangions bien des choses. Les Soeurs étaient encore peu nombreuses. Quelques novices commençaient pourtant à se faire annoncer et, dans le choix qui se faisait, il semble que l’on pût prévoir les bénédictions de Dieu.
Je passais d’assez longues journées attendant de M. de Salvandy une audience qui n’arrivait pas. Cependant, il m’en donna une première, où il me permit de ne plus envoyer nos enfants au collège jusqu’à la troisième inclusivement(6). Je voulais essayer d’obtenir davantage. Je sollicitai une seconde entrevue. On me la fit attendre près de quatre mois(7). Telle est la cause de mon long séjour, qui aurait dû n’être que d’un mois d’abord. Pendant ce temps, je reçus de M. Goubier une correspondance utile à consulter pour savoir comment la maison grandit pendant ce temps-là.
J’avais, fait la connaissance de Cardenne; elle me fut procurée par Mme Gouraud, et mon voyage à Paris n’eût-il pas eu d’autre résultat que de procurer à la Congrégation ce membre si dévoué, je croirais le temps bien employé(8).
A peine de retour de Paris, j’allai annoncer mon projet à Monseigneur de Nîmes. Il ne voulait pas que j’allasse loger à l’Assomption. Je tins bon. En effet, si je ne m’y étais pas établi, une foule de choses étaient impossibles. Je pris un lit à l’infirmerie. M. Sauvage, M. Decker, vinrent s’y joindre à nous et, peu à peu, nous pûmes prouver que nous voulions fortement perfectionner notre oeuvre.
Vers les derniers jours des vacances, je prêchai une retraite aux maîtres de la maison qui se divisèrent aussitôt en Ordre et [en] Tiers-Ordre. Les membres de l’Ordre furent MM. Tissot, Surrel, Henri, Laurent; les membres du Tiers-Ordre furent MM. Durand, Monnier, Sauvage, Cusse, Cardenne, Blanchet, d’Everlange et quelques autres, dont le nom m’échappe. En général, nous étions peut-être un peu trop facile à recevoir. En effet, bientôt MM. Laurent, Henri, Surrel, voulurent se retirer; MM. Cusse, Blanchet, Cardenne, Isidore Henri les remplacèrent. De tous ceux-là, il ne resta que M. Cardenne et M. Tissot de la première année. M. Hippolyte Saugrain vint encore de Paris et se mit du premier coup à vivre en religieux. De tous ceux-là, il ne m’est donc resté que MM. Tissot, Cardenne et Hippolyte.
Le Tiers-Ordre était assez fervent. Cependant, bien des petits relâchements s’y introduisirent, peut-être parce que je n’étais pas assez sévère.
1846
J’allai prêcher à Notre-Dame des Victoires le Carême de 1846(9).
3. Trois jeunes abbés, du diocèse de Nîmes.
4. Les points de suspension sont dans le texte. Ils indiquent que les deux parties de ces souvenirs furent écrites à des époques différentes.
5. La phrase est inachevée dans le manuscrit.
6. Aucune concession ne fut faite dans cette première entrevue.
7. En réalité, un peu moins de trois mois.
8. Cardenne semble encore vivant au moment où furent rédigés ces souvenirs. Or, il mourut le 14 décembre 1851.
9. Le manuscrit s'arrête là.