TEXTES AYANT TRAIT AU COLLEGE DE NIMES|TEXTES DIVERS AYANT TRAIT AU COLLEGE DE NIMES

Informations générales
  • TEXTES AYANT TRAIT AU COLLEGE DE NIMES|TEXTES DIVERS AYANT TRAIT AU COLLEGE DE NIMES
  • HISTOIRE DE L'ASSOMPTION DEPUIS SA FONDATION JUSQU'A NOS JOURS
  • L'Assomption nº 1, 2, 3, 1866.
  • Lettres du P. Emmanuel d'Alzon, II. Paris, Maison de la Bonne Presse, 1925, p. 494-499.
  • DQ 358-360.
Informations détaillées
  • 1 COLLEGE DE NIMES
    1 COLLEGE ROYAL
    1 DISCIPLINE SCOLAIRE
    1 LIBERTE DE L'ENSEIGNEMENT
    1 MAITRES
    2 BAILLY, EMMANUEL
    2 BAILLY, EMMANUEL SENIOR
    2 BAILLY, VINCENT DE PAUL
    2 BALINCOURT, EDGARD DE
    2 BARAGNON, NUMA
    2 BOUILLARGUES, DE
    2 CABRIERES, ANATOLE DE
    2 CARDENNE, VICTOR
    2 CONTE, LEON
    2 CUSSE, RENE
    2 DASSAS, HENRI
    2 FACILE, FSC
    2 FLANDIN
    2 GENSOUL, HENRI
    2 GERMER-DURAND, EUGENE
    2 GOUBIER, ACHILLE
    2 GOUBIER, VITAL-GUSTAVE
    2 GRIOLET
    2 GROLEE-VIRVILLE, LEON DE
    2 GUELLE
    2 HENRI, EUGENE-LOUIS
    2 MENARD, LEON
    2 MONNIER, JULES
    2 PEGUEIROLLES, LUDOVIC DE
    2 PICARD, FRANCOIS
    2 PLACIDE, HENRI
    2 POLGE, ABBE
    2 PRESTAT
    2 SALVANDY, NARCISSE DE
    2 SAUVAGE, EUGENE-LOUIS
    2 TISSOT, PAUL-ELPHEGE
    2 VARIN D'AINVELLE, AMEDEE
    2 VERMOT, ALEXANDRE
    3 BAGNOLS-SUR-CEZE
    3 BESANCON
    3 NIMES, EGLISE SAINTE-PERPETUE
    3 NIMES, RUE DU PONT DE LA SERVIE
    3 NIMES, RUE MONTJARDIN
    3 QUISSAC
    3 REMOULINS
  • 1866
  • Nîmes
La lettre

PREFACE

« L’esprit d’une maison est tout entier dans son histoire; il est dans chacune des pages qui composent ses annales, et, pour le connaître, il suffit de remonter à ce que l’on appelle les temps héroïques. C’est là, quand tout est jeune, quand l’enseignement n’a rien perdu de sa force par la continuité, quand les volontés sont encore contenues et disciplinées par une nécessité du moment qui fixe toutes les hésitations, ou dirigées par une raison plus forte qui les pousse toutes vers un même objet, c’est alors qu’on peut saisir les caractères distinctifs et les tendances natives d’un corps ou d’un peuple.

« Le petit peuple de l’Assomption a donc, lui aussi, ses temps héroïques, et vous allez me donner la joie de vous conduire à travers toutes ces époques, qui, pour être plus près de nous que les dynasties égyptiennes ou chinoises, n’en ont pas moins ici une grande valeur et de grands enseignements. »(2)

Voilà ce que disait M. l’abbé de Cabrières, en 1857, et nous ne trouvons rien qui exprime plus vivement et plus clairement le but que nous nous proposons en écrivant l’histoire de l’Assomption. Nous voulons, comme lui, vous conduire à travers les époques héroïques de l’Assomption, vous faire connaître l’esprit de vos frères aînés, vous raconter les actes de dévouement de vos maîtres et de vos camarades, afin de vous intéresser et de vous porter à les imiter. Nous parlerons aussi de ces belles fêtes dont les anciens élèves ont gardé de si joyeux souvenirs, et nous espérons que ces récits réveilleront en vous le désir de vous amuser et de faire amuser les autres, sans oublier vos devoirs d’élèves et de chrétiens.

1° Fondation.

Les premiers fondements de l’Assomption ont été posés par l’abbé Vermot, missionnaire du diocèse de Besançon, en l’année 1838. Son but était de former un Ordre de missionnaires destinés à l’enseignement, et il leur donna pour protectrice la Très Sainte Vierge s’élevant au ciel, comme l’indique l’inscription placée plus tard sur la porte d’entrée.

B. MARIE IN COELOS ASSUMPTAE

Il ne trouva pas d’emplacement plus convenable pour établir son collège que le Pré-aux-Clercs. C’était alors un petit café, qui se composait du cabinet de discipline actuel, de la salle des journaux et des deux chambres qui sont au-dessus. Il y avait aussi un grand jardin qui comprenait l’emplacement de la première cour et s’étendait au delà de la pompe.

Ce terrain était occupé, au moyen âge, par les chevaliers de Saint-Jean de Jérusalem: le puits, appelé longtemps Puits des chevaliers de Malte, était compris dans leur couvent. Une chapelle, dont on a retrouvé les fondements, il y a peu d’années, dans la rue de la Servie, s’étendait depuis la porte actuelle jusqu’au coin de la rue Monjardin. C’est donc sur l’emplacement même de cette église que M. Vermot bâtit, peu de temps après la fondation du collège, une chapelle qui forme aujourd’hui deux classes, la rhétorique et la huitième. Au-dessus étaient les cellules des missionnaires, maintenant la bibliothèque.

Les constructions de cette époque comprenaient encore la porte d’entrée actuelle avec les deux parloirs et les trois pièces placées au-dessus, mais ce bâtiment était isolé des deux côtés.

L’abbé Paul-Elphège Tissot vint s’adjoindre à M. Vermot. A cette époque, ils achetèrent la portion de terrain qui est maintenant la seconde cour(3). Le Fr. Facile, aujourd’hui assistant du Supérieur général des Frères des Ecoles chrétiennes, leur donna le plan de l’Arche de Noé qui fut aussitôt construite.

Il y avait déjà un assez grand nombre d’élèves. Les palmarès de cette époque nous donnent les noms de beaucoup d’entre eux. Quelques-uns sont devenus pères de famille, et nous voyons leurs fils parmi nous. Tels sont: MM. Griolet, Flandin, Guelle, Placide. Nous citerons encore quelques noms restés fidèles au drapeau de l’Assomption: M. l’abbé de Cabrières, M. l’abbé Polge, MM. Numa Baragnon, de Balincourt, de Bouillargues, etc.

Les élèves étaient alors, à partir de la sixième, conduits au collège royal, la liberté d’enseignement n’étant pas encore décrétée. L’enseignement primaire était dirigé par des Frères de Saint-Viateur, établis dans une salle aujourd’hui occupée par une aile postérieure de la maison Prestat.

La prospérité de ces premières années ne tarda pas à décroître. En 1842, M. l’abbé Tissot prit la direction de l’établissement: il continua l’oeuvre sur les mêmes bases, mais il fut mal secondé, ne put arrêter la décadence, et, à chaque rentrée, le nombre des élèves diminuait. Sur ces entrefaites, M. l’abbé d’Alzon, vicaire général du diocèse de Nîmes, et M. l’abbé Goubier, curé de Sainte-Perpétue, espérant que la loi sur l’instruction publique serait prochainement votée, firent l’acquisition de ce pensionnat, avec l’intention d’en faire une institution de plein exercice, où l’éducation serait donnée par des ecclésiastiques, et l’enseignement par des laïques gradués de l’Université.

2° M. l’abbé d’Alzon et ses premiers collaborateurs.

Après l’acquisition de la maison, le premier soin de M. l’abbé d’Alzon et de M. Tissot fut de rétablir la discipline qui s’y était fort relâchée. Pour atteindre ce but plus vite et plus sûrement, ils rendirent à leurs familles un tiers environ des élèves et n’en gardèrent que 25.

Les principaux professeurs d’alors étaient MM. E. Germer-Durand, J. Monnier, Cusse, l’abbé Achille Goubier, maintenant curé de Saint-Gilles, l’abbé Bastien, curé de Redessan, et l’abbé Henri, curé de Remoulins. pendant cette première année, les professeurs se réunissaient très souvent en Conseil pour établir un règlement et fixer les récompenses et les punitions. Toutes ces règles étaient celles que nous suivons encore aujourd’hui, sauf quelques modifications que le temps et l’expérience y ont apportées. On a cependant retranché aux palmes ce privilège des premiers âges: en s’attachant au collet d’une tunique, les palmes apportaient avec elles le droit d’aller, de temps en temps, dîner chez M. l’abbé d’Alzon ou chez M. Goubier. Cette coutume prouve l’intimité des rapports qui existaient entre les maîtres et les élèves. On conçoit aisément le plaisir que goûtaient nos frères en s’asseyant à la table de personnes qui avaient dans leurs conversations bien plus de charmes que n’en ont, dans leurs ouvrages, tous les auteurs qu’on lit au réfectoire. Les archives ne donnent pas le motif de cette suppression. Silence à jamais regrettable.

Les professeurs étaient entassés dans de petites chambres situés au second étage de l’Arche de Noé; c’était là le seul logement dont on pouvait disposer. Les choses se maintinrent dans cet état jusqu’à la fin de l’année scolaire, et nous trouvons, dans le rapport de fin d’année (1845), cités au premier rang les noms de MM. Gensoul, un des premiers négociants de Bagnols; Picard, actuellement supérieur de l’Assomption, à Paris; Dassas, curé de Gailhan, près Quissac (Gard): de Cabrières, que nous connaissons tous; Conte Léon, mort au mois de mars 1863; de Grolée, de Balincourt, Baragnon Numa, de Pégueiroles.

Vers la fin des vacances, M. l’abbé d’Alzon prêcha une retraite aux professeurs que nous avons déjà nommés. C’est à cette époque que M. E. Sauvage vint s’adjoindre à eux comme professeur de mathématiques; il avait quitté une place honorable de l’Université pour seconder l’oeuvre du P. d’Alzon. Lorsque la retraite eut préparé les professeurs à remplir dignement leur devoir, les élèves rentrèrent et l’année 1845-1846 commença.

3° Année 1845. Voyage de M. d’Alzon à Paris.

En commençant ce chapitre, nous avons à relever une erreur que nous avons commise dans le numéro précédent: la retraite dont nous avons parlé, au lieu d’être prêchée en 1844, ne le fut qu’en 1845.

A la rentrée de 1845, MM. Monnier et Durand donnaient des leçons aux élèves des hautes classes, pour les préparer aux cours du collège. C’était un très grand ennui, tant pour les professeurs que pour les élèves, d’être obligés d’aller à ces cours. M. d’Alzon comprit la gravité de cet inconvénient et alla à Paris pour tâcher d’obtenir la liberté d’instruction dans son établissement. Après quelques difficultés, il eut une première audience de M. le ministre de l’Instruction publique, alors M. de Salvandy. Dans cette première audience, aucune concession ne lui fut faite, et, à vrai dire, ce ne fut guère qu’un pourparler. M. d’Alzon se retira avec la résolution de venir une seconde fois à la charge. Mais une malencontreuse maladie pour M. de Salvandy et trop heureuse pour M. d’Alzon, je veux dire la goutte, vint clouer sur son fauteuil le ministre auquel notre directeur avait affaire. Le P. d’Alzon passa cinq mois à Paris, attendant le moment où Son Excellence, alors en si mauvais état, pourrait le recevoir. Quand M. de Salvandy fut remis, M. d’Alzon put le voir, mais pour ne rien obtenir. Peut-être était-ce la goutte, qui, après avoir énervé le directeur de l’Instruction publique, le poussait à tout refuser(4).

Pour expliquer son refus, ce ministre de la Fille aînée de l’Eglise donna une raison qui mérite d’être rapportée: (( Si vous étiez dans un pays entièrement catholique, dit-il, je vous accorderais sur-le-champ ce que vous me demandez; mais comme dans le Midi les deux religions catholique et protestante sont pratiquées, je ne puis rien vous concéder. Du reste, ajouta-t-il, j’accorderais plus facilement cette faveur à une institution protestante qu’à un établissement catholique ».

Si M. d’Alzon ne put rien obtenir, il fit du moins connaissance, pendant son séjour à Paris, avec divers personnes. Ces relations devaient lui être très utiles plus tard; et voilà comment la goutte du ministre lui fut profitable. Il connut d’abord M. Cardenne, qui fut un professeur distingué à l’Assomption, et dont nous aurons à parler dans la suite. Il eut aussi des rapports avec la famille de M. Bailly de Surcy et assista à la première Communion d’un de ses enfants, M. Vincent de Paul Bailly, maintenant notre cher directeur, et qui était un élève modèle dans ses classes. A ce sujet, nous nous permettrons une petite indiscrétion. Le P. Vincent avait ajouté à ses résolutions de première Communion, que, la veille de ce jour bienheureux, il s’était endormi dans la paix du Seigneur; il nous prouve tous les jours le contraire. Nous raconterons son histoire, lorsque nous le verrons entrer dans la Congrégation dont le P. d’Alzon conçut le premier plan à Paris. Il connut aussi le petit Benjamin B[ailly] de Surcy, alors âgé de trois ou quatre ans et qui s’est transformé maintenant en petit* P. Emmanuel.

Le P. d’Alzon revint ensuite à Nîmes, le 15 septembre 1845 et prêcha aux professeurs la retraite, dont nous avons parlé dans le numéro précédent.

NIVAR
Notes et post-scriptum
1. Cette "Histoire de l'Assomption" parut dans une feuille intime, manuscrite, intitulée *l'Assomption*, qui se publiait au collège de Nîmes, en 1866; elle y occupe une partie des fascicules 2, 3 et 4. L'auteur, qui signe Nivar, doit être le P. d'Alzon. Cette étude, qui ne fut pas achevée, avait été précédée, au numéro 1 de la même revue, de la note suivante: "Nous commencerons très prochainement la publication d'une *Histoire de l'Assomption*, depuis sa fondation jusqu'à nos jours, d'après les documents authentiques, tirés des archives de la maison et des papiers du P. d'Alzon. Cette publication devant avoir un caractère sérieux, le P. d'Alzon prie les personnes qui auraient en leur possession des documents de quelque importance, de vouloir bien les lui envoyer ou lui en faire remettre une copie. On peut les adresser soit au P. d'Alzon lui-même, au Vigan, soit à son secrétaire, à Nîmes, le P. Emmanuel." [NIVAR est l'anagramme de VARIN et, contrairement à ce que dit ici le P. Vailhé, l'auteur de ce récit est Amédée Varin d'Ainvelle, alors élève de troisième à l'Assomption. Voir *Lettres*, VI, p.66, n° 2797 n.3].
2. *Discours prononcé à la distribution solennelle des prix*, le 11 août 1857. Nîmes, p. 7.
3. Ce terrain avait appartenu à Léon Ménard, historien de Nîmes, né à Tarascon en 1703 et mort à Nîmes en 1767.
4. Il accorda le plein exercice jusqu'à la quatrième inclusivement.