ARTICLES

Informations générales
  • TD 7.316
  • ARTICLES
  • ENCORE L'ENTERREMENT DE M. CAZAUX
  • LA GAZETTE DE NIMES, 6 avril 1875
  • TD 7, P. 316-318.
Informations détaillées
  • 1 ATHEISME
    1 AUMONIERS SCOLAIRES
    1 CHARITE ENVERS LE PROCHAIN
    1 ENSEIGNEMENT OFFICIEL
    1 FAUSSES DOCTRINES
    1 FUNERAILLES
    1 GOUVERNEMENT
    1 HERESIE
    1 INDIFFERENCE
    1 INFIDELITE
    1 INTOLERANCE
    1 LYCEENS
    1 MINISTRES PROTESTANTS
    1 PARENTS D'ELEVES
    1 PROTESTANTISME ADVERSAIRE
    1 TOLERANCE
    2 CAZEAUX, DOMINIQUE
    2 EBION
    2 JEAN, SAINT
    2 JOUBIN, L.
    2 SARCEY, FRANCISQUE
    2 VIGUIE, JEAN-ARISTE
    3 MONTPELLIER
    3 NIMES
  • 6 avril 1875
  • Nîmes
La lettre

Rétablissons les faits, le pasteur Casaux, aumônier protestant du Lycée, mourut il y a quelque temps. Tous les élèves catholiques de l’Ecole normale et du Lycée de Nimes furent conduits à son enterrement. Ceci était peut-être excessif, puisque l’on n’avait pas consulté les pères de famille catholiques. Mais là n’est pas la question. M. Viguié, président du Consistoire, et M. Joubin, proviseur du Lycée, prononcèrent des discours outrageux pour la foi catholique. Peut-être, à la vérité ne s’en doutaient-ils pas, tant est grande leur science religieuse, et quant à M. Viguié en particulier, je soupçonne, en étudiant son discours, qu’il visait beaucoup plus ses coreligionnaires orthodoxes qui menacent de le faire casser aux gages par le Conseil d’Etat, que ses frères séparés, les catholiques.

Un père de famille qui ne soupçonnait pas le dessous des cartes, indigné de ce que les élèves catholiques avaient été condamnés à entendre de pareilles énormités, protesta.

Le cas devint grave! Peu importait le Consistoire, mais de Lycée!

On résolut de faire silence; ce n’était qu’un journal de province qui avait parlé. Mais l’Univers reprit la question en sous-oeuvre. Oh! alors, impossible que le ministre de l’instruction publique ne fût averti, qu’une enquête n’eut pas lieu. Ceci devenait compromettant. Que faire? Répondre dans le Midi? c’était bien tard; heureusement l’Université a des enfants perdus dans toutes les feuilles anti-catholiques, et M. Francisque Sarcey fut prié d’embrouiller la question dans son XIXe siècle

Or, nous tenons à la maintenir, cette question, dans toute sa clarté.

Il ne s’agit pas de querelles entre catholiques et protestants; nous demandons, au contraire, qu’au lieu de se prendre aux cheveux, chacun reste chez soi. Quant à fraterniser sur le terrain de la tolérance, c »est-à-dire de l’indifférence, c’est-à-dire de l’incrédulité, ou pour mieux dire de l’infidélité, c’est un point que nous traiterons quand messieurs les plus tolérants du protestantisme nous auront expliqué pourquoi leurs frères de Montpellier ont mis à la porte du temple nouvellement bâti par leurs frères orthodoxes, ces mêmes frères, et les ont forcés de se réfugier pour leurs réunions dans une brasserie voisine, et, l’explication donnée, nous pourrons en demander quelques autres.

Non, la question n’est par là. Elle est tout entière dans ce fait que des élèves catholiques ont été obligés d’entendre un discours du président du Consistoire où leur foi était attaquée, et un discours du proviseur du Lycée où elle ne l’était pas moins. En d’autres termes, l’Université a-t- elle le droit de forcer ces élèves catholiques à entendre, au nom d’une cérémonie quelconque, des paroles où leurs croyances sont insultées. Voilà la vraie question. Est-ce clair?

Qu’ensuite on vienne faire un éloge pompeux de M. l’aumônier catholique du Lycée, nous n’y mettons pas obstacle; nous ferons seulement observer:

1° Que cet éloge le compromet cruellement auprès de ses supérieurs ecclésiastiques;

2° que l’aumônier, dans la circonstance présente, est à coup sûr peu flatté et dans tous les cas très vexé de pareils compliments;

3° Que si M. l’aumônier avait pu savoir que des discours pareils seraient prononcés, il se fût opposé à l’assistance des élèves catholique.

Qu’après cela, nous soyons accusés d’intolérance! qu’importe! L’intolérance est vieille dans l’Eglise catholique; elle remonte à saint Jean, l’apôtre de la charité, qui défend de dire même bonjour à l’hérétique, neo ei ave diorre; elle remonte aux disciples de saint Jean, dont un des plus illustres, rencontrant à Rome Ebion, ne le salua pas.

« Ne me reconnais-tu donc pas? lui dit l’hérétique.

-Je reconnais, lui dit le vieux patriarche, le fils aîné de Satan. »

Elle remonte aux quatre premiers conciles que les protestants reconnaissaient autrefois et où assez d’anathèmes furent prononcés pour qu’on sente l’importance attachée par nos pères, non seulement à la charité, mais surtout à la vérité.

MM. les protestants rationalistes, unis aux universitaires, ont changé tout cela, et le Midi a chargé ravis; seulement, les pères catholiques sauront à quoi ils exposent leurs enfants en les mettant dans des établissements où la réforme arrivée à ses dernières limites et l’Université s’entendent si bien; et, pour nous, nous serons enchantés. A quelles humiliations est réduit le protestantisme libéral, quand il en vient à s’abriter derrière les plaidoyers aussi incrédules qu’universitaires de M. Francisque Sarcey!

Emmanuel d'Alzon
Notes et post-scriptum