ARTICLES

Informations générales
  • TD 6.56
  • ARTICLES
  • DE QUELQUES ACTES EPISCOPAUX.
  • Revue de l'Enseignement chrétien, II, n° 10, mars 1853, p. 191-192.
  • TD 6, P. 56.
Informations détaillées
  • 1 AUTORITE PAPALE
    1 DOCTRINES ROMAINES
    1 GALLICANISME
    1 JURIDICTION EPISCOPALE
    1 QUERELLE DES AUTEURS CLASSIQUES
    1 UNITE CATHOLIQUE
    2 PIE VII
  • 10 mars 1853.
  • Nîmes
La lettre

Le respect que nous devons à l’Episcopat ne nous permet pas de juger une polémique récente, née à l’occasion de la question des Classiques, et à laquelle ont pris part plusieurs de nos vénérés Pontifes. Notre embarras serait grand pour choisir entre un silence absolu, et peut-être par cela même trop significatif, et l’expression franche quoique respectueuse de notre manière de voir, si nous ne préférions lever les yeux plus haut, et tirer quelques conséquences de ces providentielles discussions.

Les bouleversements opérés depuis soixante ans dans l’Eglise de France exigeaient d’énergiques moyens de restauration. Pie VII avait anéanti l’ancienne Eglise gallicane par un acte au-dessus de tous les canons. Il convenait qu’à l’aide d’un pouvoir en dehors des canons les Evêques relevassent les nouvelles Eglises confiées à leur sollicitude. On sait avec quelle bienveillante paternité s’est exercé ce pouvoir réparateur; mais un état si extraordinaire devait-il toujours durer? Nous ne le pensons pas: l’unité y eût perdu son action; les liens se fussent relâchés dans la partie supérieure de la hiérarchie; l’épiscopat eût fini par s’isoler et chaque Evêque, parqué en quelque sorte dans son diocèse, eût manqué trop souvent de cette communauté de vues qu’un pouvoir qui part de plus haut seul faire accepter.

Les derniers actes pontificaux livrés à la publicité prouvent jusqu’à l’évidence la nécessité d’une direction supérieure qui ramène l’unité de sentiments parmi les brebis, afin qu’elle règne parmi les agneaux.

Aussi sommes-nous loin de nous affliger, comme quelques-uns, du spectacle qui nous est donné; nous y puisons de précieux enseignements, et voici ce qui en résulte selon nous:

1° La disparition à peu près complète des doctrines gallicanes comme système avoué. Si l’on n’est pas honteux d’être gallican, on est généralement honteux de passer pour tel; et c’est beaucoup.

2° La nécessité, sentie par tous, d’arriver à une grande unité d’action, afin que la division n’apparaisse plus parmi nos Pontifes. Or cette unité ne pourra s’obtenir que par l’exercice suprême d’une autorité supérieure à l’Episcopat.

3° Le sentiment de plus en plus répandu parmi les bons esprits que, puisque le gallicanisme se meurt, il est temps de laisser les doctrines romaines se développer dans leur féconde application.

Comment cet heureux développement s’accomplira-t-il? Il ne nous appartient pas de le décider. Peut-être même serait-il téméraire d’émettre une opinion, avant que quelques indications aient été données par celui à qui en appartient le droit. Quoi qu’il en soit, nous tenons a constater que ce qui fait l’affliction de quelques-uns est pour nous une cause d’espérance; parce que Dieu, qui tire le bien du mal, saura bien, de divergences en apparence profondes, faire sortir le triomphe de l’unité, et de la soumission de nos Pontifes aux décisions, quelle qu’elles soient, du Premier de tous les pasteurs, tirer un grand enseignement d’obéissance à la plus haute autorité que les chrétiens connaissent ici-bas.

L'Abbé Emm. D'ALZON.
Notes et post-scriptum