- TD 6.118
- ARTICLES
- A PROPOS DE LA LOI SUR L'ENSEIGNEMENT.
- Revue de l'enseignement chrétien, N.S., II, n° 9, janvier 1872, p. 129-137.
- TD 6, P. 118.
- 1 AUMONIERS SCOLAIRES
1 BACCALAUREAT
1 BOURSE D'ETUDES
1 CHEFS D'ETABLISSEMENT
1 CLASSES SCOLAIRES
1 COLLEGES
1 DECADENCE
1 DIPLOMES
1 DROITS DE DIEU
1 EDUCATION RELIGIEUSE
1 ENSEIGNEMENT
1 ENSEIGNEMENT CATHOLIQUE
1 ENSEIGNEMENT DE LA PHILOSOPHIE
1 ENSEIGNEMENT DES SCIENCES
1 ENSEIGNEMENT OFFICIEL
1 ENSEIGNEMENT RELIGIEUX
1 ENSEIGNEMENT SECONDAIRE
1 ENSEIGNEMENT SUPERIEUR
1 EXAMENS SCOLAIRES
1 HUMANITES
1 INTELLIGENCE
1 LIBERTE DE L'ENSEIGNEMENT
1 LIBRE PENSEE
1 LYCEES
1 MAITRES
1 MATIERES SCOLAIRES
1 MEMOIRE
1 PENSIONNATS
1 PROFESSEURS D'UNIVERSITE
1 PROGRAMME SCOLAIRE
1 SURVEILLANCE DES ELEVES
1 UNIVERSITES CATHOLIQUES
1 UNIVERSITES D'ETAT
2 BONALD, VICTOR DE
2 FORTOUL, HIPPOLYTE
2 NAPOLEON Ier
2 ROULAND, GUSTAVE
2 SIMON, JULES - LETTRE A M. LE VICOMTE DE BONALD, DEPUTE DE L'AVEYRON.
- janvier 1872.
- Nîmes
Mon cher Ami,
Vous désirez savoir ma pensée sur les conditions d’une bonne loi en matière d’enseignement.
Vous connaissez ma conviction profonde, confirmée chaque jour par les événements. Des gens mal élevés ne feront que des sottises pendant leur triste vie. C’est juste ce qui se voit pour la majorité des produits de l’officine universitaire; donc, si c’était possible, il faudrait appliquer radicalement mon Delenda Carthago; mais il paraît que c’est impossible. Voyons donc ce qu’on peut demander, faute de mieux. Je propose:
1° La suppression du baccalauréat;
2° La liberté de l’enseignement supérieur;
3° La fermeture des internats universitaires;
4° La faculté aux parents qui ont bourses pour leurs enfant, de les employer dans les établissements de leur choix.
Je dis d’abord suppression du baccalauréat.
Si l’Université ne tenait au baccalauréat tel qu’il subsiste qu’au point de vue des études, il y a longtemps, très longtemps que nous en serions délivrés; mais cette épreuve universitaire est un puissant moyen d’inspecter, de surveiller, de pressurer: j’ajoute, avec réflexion, de pervertir, autant que possible, l’enseignement des collèges libres. Aussi, pressé dans cette alternative de voir tous les jours baisser le niveau des études dans son propre sein, par le maintien du baccalauréat, ou de renoncer à son inspection tyrannique et à l’amoindrissement de l’élément religieux dans les établissements libres, l’UniversitÉ préfère laisser dépérir les études et maintenir sa tyrannie. Donc, nous verrons les études tomber de jour en jour dans une plus irrémédiable faiblesse. Toutefois, que le baccalauréat soit une barrière -trop souvent impuissante- contre certaines incapacités radicales, ce n’est pas moi que le nierai et qui surtout le regretterai; mais que, du même coup, le baccalauréat arrête l’élan vers les fortes études, c’est, à mes yeux, un fait plus clair que le jour. Tout, chez les élèves des classes supérieures, se fait en vue du diplôme à obtenir. Mais, comme on a découvert certains procédés mécaniques, oû la mémoire est tout et l’intelligence rien ou à peu près, il en résulte que les aspirants aux examens universitaires se font la plupart dresser, pour vingt-quatre heures, à paraître devant leurs juges, comme on dresse les chiens savants à se tenir debout devant le public, sauf à retomber bien vite et pour toujours sur leurs quatre pattes.
Voyons, depuis que l’Université est l’Université, que sont devenues les études? M. Simon l’avouait lui-même: On ne sait plus ni français, ni latin, ni grec, ni géographie. Et l’orthographe donc! Or, il faut que cette décadence ne fasse que croître et embellir; par le fait des moeurs publiques et des idées générales, les élèves sont tous les jours un peu plus disposés à envoyer promener leurs maîtres, qui ne leur laissent pas faire leurs quatre volontés, se réduisant surtout à deux: ne rien faire en classe ou en étude, surexciter leurs naissantes passions. Si telle n’est pas la disposition générale et actuelle de la plupart des élèves de l’Université, je consens, au nom de tous les chefs d’établissements libres et avec eux, à passer pour un grand insensé, qui, sous prétexte de conscience, veut un peu moins mal former les jeunes générations. Mais je suis sûr de ne point porter un imprudent défi, et dès lors, on peut facilement connaître ce que peuvent donner les études avec messieurs les professeurs de la société moderne. Qu’on dise ce qu’on voudra contre ce fait général, qu’on y oppose autant d’exceptions que l’on voudra, le fait existe, logique, impitoyable. Aussi, ce qui me surprend, ce n’est pas qu’il y ait tant de révoltes dans les lycées, c’est bien plutôt que, étant donné le mécanisme universitaire, il y en ait si peu. Et quand, laissant de côté les procédés de ceux qui commandent, je cherche à m’expliquer ce fait, je l’attribue à un reste de sens commun cueilli par les élèves, dans leurs premières années, sur les genoux de leurs mères chrétiennes, et dont l’Université n’a pu entièrement encore les dépouiller. La vie de collège, se développant avec la haine profonde du maître d’étude et du professeur lui-même (quand on ne s’attache pas à ce dernier par esprit d’opposition pour les chefs supérieurs), avec le goût du cigare, du café, du casino et du reste, que peut- on espérer que seront les bacheliers au sortir du collège exécré? Et les fruits-secs, s’il vous plaît? On parle de la chair à canon, préparée par Napoléon Ier; que dire de la chair préparée par l’Université, en laissant Dieu de côté, comme elle fait depuis longtemps déjà?
Veuillez noter que je me place ici exclusivement au point de vue des études et des obstacles que, avec une pareille situation morale, l’intelligence rencontre à son épanouissement légitime. Vous me direz peut-être: Mais en quoi le baccalauréat conduit-il à ce résultat fatal? C’est bien simple. Je viens d’indiquer une cause de la faiblesse des études dans les établissements universitaires. Pour les établissements libres, peut-être n’en est-il pas tout à fait ainsi; sans quoi, autant vaudrait mettre bien vite la clef sous la porte. Les sentiments envers les maîtres y sont bien plus affectueux, l’influence morale plus puissante, le temps mieux employé; mais enfin, il y a toujours le baccalauréat. Or, en voici l’inconvénient. Pour le cours complet de droit, qui dure en moyenne cinq ans, il faut, thèses ou examens, huit épreuves. Pour les études classiques, dont la durée est de huit à dix ans, on se contente d’une seule épreuve. C’est manifestement absurde. Il faudrait au moins trois examens: un après les classes de grammaire, un après les humanités, un enfin après la philosophie et les sciences. Le diplôme du baccalauréat aurait alors une réelle valeur; mais introduire l’Université trois fois au lieu d’une dans nos maisons, ce serait pas trop fort, et nous devons nous en tirer comme nous pouvons. Et,quoi qu’on en ait dit, nous ne nous en tirons pas aussi mal que l’Université avec tout son cortège.
Et pourtant, il y a toujours la funeste préoccupation des programmes, entretenue durant tout le cours des études par la pensée de l’examen final. Ici, ce n’est pas à l’Université seulement qu’il faut faire le procès, car je tiens à être juste; c’est aussi à l’esprit public, formé par elle, il est vrai. Comment s’entendre sur Dieu, sur l’âme, sur l’origine des êtres, sur la providence, entre les professeurs catholiques et un trop grand nombre de professeurs universitaires? Supprimons l’enseignement des questions religieuse ou philosophiques; supprimons-les surtout dans le programme du baccalauréat, d’abord pour la plus grande commodité des études universitaires, mais aussi pour le plus grand affaiblissement des études religieuses dans les établissements chrétiens, un futur bachelier devant traiter avec un parfait dédain tout ce qui ne se rapporte pas directement à son baccalauréat. Je dis ce qui est nécessairement dans la nature des choses et du coeur humain. Comprenez-vous maintenant pourquoi le diplôme, qui fait la faiblesse des études universitaires, amoindrit du même coup la puissance de l’élément religieux dans nos établissements? Comprenez-vous comment l’Université se console d’avoir des études plus faibles à la condition que, grâce aux épreuves exigées avec rigueur pour aborder certaines carrières, nos élèves auront moins de sève chrétienne, un sentiment plus affaibli de leurs devoirs de catholiques? C’est peut-être utile aux vues de M. le ministre de l’Instruction publique; mais c’est profondément triste pour nous, triste pour l’avenir de la France.
Que faire donc pour remplacer le baccalauréat?
Remarquez que je ne parle que de la suppression du baccalauréat universitaire; je n’entends nullement supprimer certaines épreuves, indispensables, non pas pour maintenir, mais pour relever le niveau des études.
Ceci m’amène à l’enseignement supérieur.
Oui, si nous voulons que les études reprennent leur splendeur ancienne, que l’enseignement secondaire ne soit pas une mauvaise plaisanterie, que la foi des générations catholiques ne soit pas foulée aux pieds par certains professeurs de l’Université, nous devons obtenir des universités libres; et ce ne serait point si difficile qu’on le suppose, leur succès même m’inquiète fort peu, tant j’en suis assuré d’avance.
On relèverait le niveau des études par un moyen bien simple: la concurrence. Durant les premières années qui suivirent la loi de 1850, il y eut une amélioration morale incontestable dans les lycées; cette amélioration alla déclinant, à mesure que, sous M. Fortoul et M. Rouland, le monopole put reconquérir quelques-uns de ses droits. Aujourd’hui, il y aurait à espérer que la question de vie ou de mort se posant pour l’Université, elle y regarderait de plus près et travaillerait à mieux faire dans son enseignement classique.
Je ne veux point parler de l’élévation de niveau qui en résulterait pour les études supérieures, le sujet est trop vaste pour être abordé en passant; mais ce que ferait la concurrence en bas, elle le ferait aussi en haut, c’est évident.
On obtiendrait la vraie liberté de l’enseignement classique. Les établissements chrétiens, pouvant faire subir à leurs élèves les examens devant des professeurs chrétiens, on ne craindrait pas d’introduire ceux-ci dans l’intimité la plus grande, assuré qu’on serait d’en obtenir le plus précieux concours. Croyez-vous, par exemple, que si, pendant le cours des études, trois examens étaient faits, en dehors des examens de la maison, pour obtenir le diplôme de bachelier, les études n’en recevraient pas une impulsion plus vigoureuse? Croyez-vous que l’Université ne se hâterait pas d’accepter cette modification, et croyez-vous que, après avoir exigé de la mémoire ce qu’elle peut donner dans les classes de grammaire, on ne pourrait pas exiger davantage de l’intelligence pendant les cours d’humanités, de philosophie et de sciences?
Mais ce qu’il y a de plus important pour nous, ce n’est pas seulement de trouver des examinateurs pour la collation des grades, dans les universités futures; il nous faut encore des professeurs; car il est certain que l’enseignement de la médecine et du droit, pour ne parler que de ces deux facultés, nous prépare des générations de médecins matérialistes et de jurisconsultes imbus des erreurs les plus graves sur cette grande société entre Dieu et les hommes, l’Eglise: les uns n’ayant pas découvert sous leur scalpel la place de l’âme dans le corps, les autres ne comprenant rien aux droits de Dieu sur la création.
Peut-être, quand messieurs les professeurs de l’Université officielle verront des rivaux monter dans d’autres chaires en face des leurs, entourées d’auditeurs venus d’ailleurs que des classes des lycées, peut-être comprendront-ils la nécessité de mettre une sourdine à certaines attaques contre la religion, d’autant plus dangereuses qu’elles se dissimulent sous un respect plus hypocrite. Ai-je besoin de dire ici que mes affirmations doivent perdre quelque chose de leur généralité? Mais, hélas! qui ne sait combien de lamentables applications on pourrait faire en pareille matière? Après tout, la liberté de l’enseignement supérieur nous permettra de donner nos réponses à certaines attaques, et ce sera déjà quelque chose.
Mais l’avantage inappréciable de cette liberté, c’est l’espoir que, après avoir, dans l’instruction classique, formé de jeunes intelligences pleines d’ardeur quoique faibles encore, nous n’aurons pas perdu notre temps. Bien qu’elles restent sujettes aux entraînements de l’âge et trop accessibles à la contagion d’un enseignement menteur mais paré des charmes de la nouveauté et de la vogue, si on continue pour elles dans l’enseignement supérieur les traditions de leurs premières leçons, à coup sûr leur jugement se fortifiera, leurs idées se fixeront sur un sol plus ferme, les principes acquerront, à travers leurs études, une nouvelle vigueur; ils deviendront à la fois hommes et chrétiens. Tous les périls seront-ils écartés pour eux? Non sans doute; mais du moins presque tous ceux qui touchent au domaine de la pensée auront disparu, et c’est ainsi que la liberté de l’enseignement secondaire recevra son légitime couronnement.
Que dirai-je du respect de la foi? Nous en sommes venus à un tel affaiblissement de croyances que nous sommes tout étonnés en entendant parler des insultes faites à la vérité par les gens qui osent lui dire: « Que vous existiez ou que vous n’existiez pas, peu nous importe; on ne s’occupe pas de vous, mêlez-vous de vos affaires, si vous en avez; mais surtout n’empêchez pas la société moderne de faire les siennes comme elle l’entend, car sa vengeance serait terrible; elle aurait bientôt renversé tout obstacle qu’on tenterait de lui opposer.
Eh bien, non. -Dans toute question fondamentale pour l’humanité, il faut absolument faire la part de la vérité religieuse, parce que Dieu, dont elle manifeste la nature, l’action et les droits, est le principe de tout, et qu’on ne peut soulever un principe de la science sans trouver Dieu au dessous. Qu’on se débatte tant qu’on voudra, que la raison s’insurge, que l’orgueil proteste, il faut toujours se souvenir qu’il n’est pas permis de traiter Dieu comme n’étant pour rien, ni dans le monde de la science, ni dans le monde politique, ni dans le monde moral, base du monde politique. Je dirai de même de Notre- Seigneur Jésus-Christ: que les libres-penseurs le considèrent comme un être usé, en sa qualité de fondateur de la société d’autrefois; nous, catholiques, nous le considérerons toujours comme la pierre angulaire de toutes les sociétés du passé et de l’avenir. Nous voulons que, même en dehors du sanctuaire, il occupe la place qui lui convient partout; et, si on la lui refuse dans l’Université de l’Etat, il faut que nous puissions la lui rendre dans nos Universités à nous, et dans l’âme des jeunes auditeurs qui viendront demander à des maîtres croyants et savants le pain de l’intelligence.
Plusieurs personnes amies de l’Université demandent, depuis quelque temps, la suppression des internats universitaires. L’Etat chargé d’enseigner n’est pas chargé d’élever les enfants, dit-on. Bien que je ne comprenne absolument rien à cette distinction, je l’accepte, par ce motif qu’une mesure pareille couperait court à une foule de désordres moraux de la pire espèce. On serait plus assuré que le contact des élèves entre eux serait moins funeste dans ses effets. Peut-être aussi finirait-on par découvrir qu’après tout, dans l’Université, le dévoûment fait surtout défaut là où il est le plus nécessaire, c’est-à-dire dans la surveillance des élèves et dans l’action du maître, partout et à toute heure, en dehors des classes où le professeur est le souverain à peu près absolu. J’accepte donc la suppression des internats universitaires, bien convaincu que cette demi- mesure en préparera une autre plus radicale. Après tout, quand elle ne servirait qu’à prouver que l’Université est incapable de comprendre quoi que ce soit à l’éducation, puisque certains de ses amis parlent de la lui retirer des mains, ce serait un grand pas de fait; et, par ce côté, je ne saurais trop applaudir à ce découronnement de la pédagogie officielle. Il importe pourtant de bien préciser les situations. De ce que j’accepte très-volontiers, pour ma part, la suppression des internats universitaires, ne concluez pas, je vous prie, que je mets entre l’enseignement et l’éducation la séparation que d’autres veulent établir entre l’Eglise et l’Etat, entre la science et la religion; comme si l’enseignement n’aidait pas à l’éducation de jeunes âmes, et comme si une solide éducation ne les rendait pas plus aptes à être solidement enseignées. Je suis forcé d’accepter la situation telle qu’on veut la faire, et d’en tirer le moins mauvais parti possible. Appuyez donc chaleureusement ceux qui vous parleront de supprimer les internats dans les lycées, vous aurez fait une oeuvre méritoire, en préservant des plus effrayants dangers une foule de jeunes âmes.
Je propose enfin de laisser aux parents, qui ont droit à des bourses pour leurs enfants, le choix des établissements où ceux-ci devront être élevés.
Quelle singulière tyrannie! -Un homme, par d’utiles travaux, des actes de dévoûment ou par de longs services, mérite une récompense de l’Etat. Sa fortune ne lui permettant pas de donner à ses enfants l’éducation convenable, l’Etat lui dit: « Mon ami, ce que vous avez fait pour moi exige une preuve de ma gratitude; j’admets vos enfants dans mes lycées, où ils recevront une éducation gratuite ». -Quoi! reprend celui- ci,le mobile du zèle que vous louez était ma foi, et vous voulez que j’expose mes enfants à perdre la leur dans vos maisons, où, malgré l’aumônier, on s’en occupe très-peu, quand elle n’est pas tournée en ridicule, foulée aux pieds par les jeunes professeurs de la société moderne! » Et voilà d’une part l’Etat, qui n’entend rien, qui légalement n’a le droit de ne rien entendre aux croyances, vendant le mépris de ces mêmes croyances à prix d’argent. Ceci, je le veux bien, n’est dans la pensée calculée de personne; mais ce qu’il y a de pire, c’est que cela est dans les faits, et s’y rencontre à chaque instant. N’est-il pas plus simple de faire verser, dans la caisse de l’institution choisie par le père de famille, une somme égale à la valeur de la bourse ou demi-bourse concédée? L’Université y perdra des élèves: le beau malheur! La direction des enfants sera en dehors de la société moderne, comme me l’ont écrit messieurs de l’Université. Qu’est-ce que la société moderne? Serait-ce là un de ces mots menteurs à l’aide desquels on masque le gâchis présent? Et vous voudriez blâmer ceux qui cherchent à s’en tenir loin! N’y a-t-il pas, au contraire, toute justice à laisser les hommes de foi jouir du bonheur de conserver cette foi chez leurs enfants?
Ce que je demande n’est pas toute la perfection; mais, si nous obtenions les quatre points que je vous ai indiqués, nous aurions fait un pas considérable. Ce que je propose est tellement conforme aux idées actuelles que, pour me combattre, il faudrait tomber dans l’inconséquence. Je suis loin d’approuver les opinions sur lesquelles je m’appuye; mais ceux qui les partagent ne peuvent aller contre mes réclamations qu’en violant toutes les règles de la logique. Il n’est pas dit qu’ils ne le feront pas; mais du moins aurons-nous montré que, pour nous combattre, il faut se moquer autant de la logique que du plus élémentaire bons sens.
Recevez, mon cher ami, etc.
Emm. D'ALZON