ARTICLES

Informations générales
  • TD 6.130
  • ARTICLES
  • RAPPORT DU R. P. D'ALZON SUR L'ENSEIGNEMENT SUPERIEUR
  • Revue de l'Enseignement chrétien, N. S., III, n° 13, mai 1872, p. 27-36.
  • TD 6, P. 130.
Informations détaillées
  • 1 ADVERSAIRES
    1 BACCALAUREAT
    1 CERCLES CATHOLIQUES
    1 CHEFS D'ETABLISSEMENT
    1 CONGRES DE L'ENSEIGNEMENT LIBRE
    1 CONSEIL SUPERIEUR DE L'INSTRUCTION PUBLIQUE
    1 DIPLOMES
    1 ENSEIGNEMENT CATHOLIQUE
    1 ENSEIGNEMENT OFFICIEL
    1 ENSEIGNEMENT RELIGIEUX
    1 ENSEIGNEMENT SECONDAIRE
    1 ENSEIGNEMENT SUPERIEUR
    1 ESPRIT CHRETIEN DE L'ENSEIGNEMENT
    1 EVEQUE
    1 EXAMENS SCOLAIRES
    1 FACULTES DE THEOLOGIE
    1 GRADES UNIVERSITAIRES
    1 INSPECTION SCOLAIRE
    1 LEGISLATION
    1 LIBERTE DE L'ENSEIGNEMENT
    1 MONOPOLE UNIVERSITAIRE
    1 PHILOSOPHIE MODERNE
    1 PROFESSEURS D'UNIVERSITE
    1 PROFESSIONS
    1 PROGRAMME SCOLAIRE
    1 REVOLUTION
    1 REVOLUTION ADVERSAIRE
    1 UNIVERSITES CATHOLIQUES
    1 UNIVERSITES D'ETAT
    2 BAILLY, EMMANUEL SENIOR
    2 COUSIN, VICTOR
    2 LECUYER, LAURENT
    2 MAISTRE, JOSEPH DE
    3 BELGIQUE
    3 CANADA
    3 ETATS-UNIS
    3 LOUVAIN
    3 PARIS
    3 QUEBEC
  • mai 1872.
  • Nîmes
La lettre

Messieurs,

Le rapport du Comité de l’enseignement secondaire(1) qui vous a été présenté hier, en termes que vos applaudissements ont si justement appréciés, m’a laissé pourtant une divergence et un embarras. Je vous demande la permission de vous exposer tout de suite les deux difficultés qui troublent mon esprit.

Vous avez entendu, dans un éloge plein d’ampleur, attribuer à la loi de 1850 les plus admirables résultats. Je suis persuadé, Messieurs, que vous partagerez mon jugement, si, en laissant à chacun la libre appréciation de cette loi, mutilée bien vite après tout, je dis que le Révérend Père Lécuyer a par un excès de modestie, négligé de mettre en lumière un autre et plus positif élément du succès qu’il nous a si bien exposé. Non, mon Révérend Père, la loi si controversée de 1850 n’a pas seule opéré les prodiges signalés par vous. Sachons les attribuer aussi au zèle de ceux qui l’ont appliquée, à ces hommes qui enseignaient avec le même dévouement, la même abnégation qu’ils mettaient à exposer leurs jours dans les ambulances, à mourir obscurément à la Roquette où sous les balles du boulevard d’Italie, et qui livraient le secret de leur vie avec ce dernier cri de votre prédécesseur, mon Révérend Père: « Allons, mes enfants! Pour Dieu! » Ces hommes, hier vos collaborateurs et vos frères, aujourd’hui vos martyrs et votre gloire, ils ont droit à une amende honorable pour avoir été trop laissés dans l’ombre; et si votre humilité la leur refuse, parce que vous seriez exposé à en partager l’honneur, l’auditoire qui vous applaudissait hier saura la faire, en votre nom, dans sa conscience et dans son coeur.

Reste mon embarras.

Le rapport sur l’enseignement secondaire se divise en deux parts, il me le semble du moins: le récit de ce qui a été fait et l’indication de ce qu’on devrait faire. Le récit de ce qui a été fait peut se traduire par des lignes précises, des traits franchement accentués, et ce qu’on vous propose de faire doit se réaliser seulement entre les divers membres de l’enseignement chrétien. On est à l’aise quand on discute en famille; quelles que soient les dissidences possibles entre les jeunes frères et les frères aînés, quand il s’agit des plus graves intérêts, on finit toujours pour s’entendre. Au contraire, quand il s’agit de l’enseignement supérieur dont j’ai à vous entretenir, d’une part tout est à faire; que l’on soit de son époque ou non, il faut par force marcher vers le nouveau, vers l’inconnu. Nous avons un édifice à bâtir, nous possédons bien quelques pierres, nous n’avons ni le plan, ni surtout l’emplacement que l’Etat ne nous a pas encore concédé, que des adversaires sont tout prêts à nous disputer. Nous avons, pour bâtir, d’abord à conquérir le sol, puis à nous battre en construisant. En face de ces difficultés, nous sommes contraints, par la force des choses, de donner moins de précision pour pouvoir prendre le temps de mûrir des pensées qu’il faudra nécessairement discuter plus tard; mais, si mes paroles se ressentent d’un vague volontaire et que je vous prie d’excuser d’avance, je m’efforcerai cependant de ne pas trop rester dans le brouillard.

Messieurs, les douleurs de la France ne sont pas sans consolation pour les chrétiens. Les Révolutions semblent nécessaires pour briser, un à un, les anneaux de la chaîne qui retenait l’Eglise captive. Après 1848, nous eûmes, -telle quelle,- une liberté d’enseignement accordée aux établissements secondaires; cette liberté a produit ses fruits, et l’on sent que ses bienfaits doivent être couronnés, un peu plus tôt ou un peu plus tard, par la liberté de l’enseignement supérieur. Les maux de l’enseignement officiel sont si graves, que plusieurs membres impartiaux de l’Université de l’Etat l’ont constaté dans des brochures ou même dans des livres considérables. Qu’ils en soient remerciés, à la condition que nous profiterons de leurs aveux pour réclamer un affranchissement complet, plus que jamais nécessaire aux intérêts de notre foi.

Les esprits sérieux ont été amenés à poser cette question: Après les ruines faites par l’Université dans l’âme des jeunes chrétiens, en présence de l’affaiblissement, incontesté maintenant, des études, effet désastreux du baccalauréat, l’Université ne devrait-elle pas être supprimée? On peut répondre à cette question qu’il est facile de prévoir le jour où les bons esprits comprendront qu’un enseignement sans base doctrinale est la plus étrange des anomalies; mais ce jour n’est peut-être pas encore venu, et d’ailleurs l’obligation de lutter est utile aux catholiques. En effet, la pensée du combat et le sentiment des dangers à courir encore en face d’adversaires jaloux de nos progrès, nous forcera évidemment à chercher, dès le principe, les meilleures positions.

Contents de la liberté qui nous sera, nous l’espérons, prochainement accordée, nous laisserons donc à l’Etat ses facultés officielles. Le temps se chargera de nous dire leur avantage ou leur inutilité.

Mais ce que nous avons à demander avant tout, c’est la plus grande liberté dans notre enseignement secondaire ou supérieur; et dans ce but, la suppression de tout rapport avec l’enseignement officiel; en d’autres termes, il faut que nous soyons affranchis des fourches caudines des examens universitaires.

Trois systèmes se présentent pour éviter l’ancienne servitude: ou bien des examens professionnels placés à l’entrée de chaque carrière ou bien la collation des grades par les Universités libres, avec tous les privilèges accordés aux mêmes grades dans l’Université de l’Etat; ou bien enfin une combinaison des deux systèmes précédents.

Dans le premier système, chaque chef d’institution aurait la liberté complète de son programme; il devrait examiner lui-même dans quelle mesure il aurait à subir la surveillance des familles qui voudraient diriger leurs enfants vers l’armée, la magistrature, l’administration ou telle autre carrière. Ce plan semble plus propre à maintenir la liberté la plus absolue dans l’enseignement, mais n’exposerait-il pas à de graves déceptions les familles incapables de surveiller par elles-mêmes les cours successifs dans lesquels doit se former l’intelligence de leurs fils? N’aurait-on pas à craindre de voir la liberté d’enseignement aboutir à l’absence de tout enseignement solide, c’est-a-dire, au chaos absolu dans les jeunes têtes condamnées ainsi à perdre les années les plus précieuses pour leur développement intellectuel?

Toutefois, si ce premier système était préféré, peut-être faudrait-il faire donner par les chefs d’établissements libres un certificat d’études, dans les conditions suivantes:

Trois épreuves seraient imposées aux élèves: l’une au terme des classes de grammaire; l’autre, après la rhétorique; la troisième, après la classe de philosophie et de mathématiques. Evidemment, ces certificats vaudraient ce que vaudra la maison qui les aura délivrés.

Il pourrait être préférable pour le moment de recourir au second système proposé, et d’en venir aux grades donnés par les Facultés.

Dès lors, la question fondamentale, on ne peut se le dissimuler, consiste dans l’origine des programmes, car des examens ne peuvent être subis que d’après des programmes antérieurement tracés. Si c’est l’Etat qui les impose, nous retomberons, en dépit de tous nos efforts, sous le joug de l’Etat; si c’est au contraire au nom de la liberté qu’ils sont proposés par les Facultés indépendantes, on aura un enseignement indépendant. On voit immédiatement l’importance de cette question pour tout l’enseignement secondaire ayant désormais le droit de diriger ses élèves vers des examinateurs plus pénétrés de l’esprit chrétien, plus convaincus que l’enseignement ne consiste pas seulement dans l’acquisition de certaines connaissances instrumentales capables d’être appliquées plus tard dans toutes les directions possibles, mais persuadés que chaque partie de l’instruction peut et doit encore être vivifiée par une vérité supérieure.

Qui ne sait, par exemple, les funestes effets du programme du baccalauréat universitaire dans les hautes classes de nos établissements libres eux-mêmes? Les connaissances religieuses n’y tiennent aucune place, et le jeune homme, exclusivement préoccupé d’obtenir son diplôme, néglige, malgré toutes les instances, l’étude de la vérité religieuse, parce qu’elle lui paraît inutile pour atteindre le but qu’il se propose; c’est ainsi que l’étude la plus essentielle est laissée de côté dans le moment où le jeune homme, bientôt placé en face des grands problèmes de la vie, aurait besoin de s’y donner davantage. N’avons-nous pas entendu un examinateur de l’Université, déclarer publiquement qu’il ne pouvait, mal noter un candidat qui ne savait pas lui dire ce qu’était l’Evangile des chrétiens, parce que le programme n’exigeait pas ces sortes de connaissances.

Mais, en présence du système que nous proposons, une objection peut être faite: les Universités libres ont besoin d’une surveillance; non à propos des études, mais à propos de tous les désordres ou abus possibles dans toute institution humaine. Nous reconnaissons à regret cette difficulté que nous ne sommes pas les maîtres d’éviter; mais nous posons une seule condition, c’est qu’elles ne seront pas pour cela mises sous le joug de l’Université officielle.

Celle-ci aurait toujours, si elle le voulait, son conseil supérieur qu’elle conserverait pour elle. Pour nous, cette surveillance s’exercerait par une autorité qui sera étudiée plus tard. L’Université officielle, dans cette hypothèse, pourrait avoir son grand-maître; nous ne dépendrions plus du même chef.

Je déclare bien franchement professer la plus grande défiance pour le conseil supérieur par une raison bien simple: c’est que dans le temps j’ai été appelé à en faire partie. A Dieu ne plaise que je ne reconnaisse pas les vertus et les intentions très-pures de ses membres, mes anciens collègues, mais que voulez-vous? Après avoir été formé d’après les prescriptions de la loi de 1850, il fut bien vite modifié par un décret organique rendu après le coup d’Etat de 1851. Autrefois, c’était le conseil de l’Université, ce fut ensuite le conseil de l’instruction publique. L’Université alors était morte, et si bien morte que, m’étant permis d’en prononcer le nom dans le conseil supérieur, je fus très-vivement réprimandé par M. Cousin, sous le prétexte que l’Université n’existait plus! Hélas! elle ressuscita, sinon le troisième jour, au moins la troisième année, et nous en avons la preuve, puisqu’il n’y a plus de conseil supérieur de l’instruction publique, mais bien un conseil supérieur de l’Université, dont pourtant M. Cousin lui-même ne pouvait entendre parler sans éprouver une indignation dont je fus l’humble victime. Vous comprenez, Messieurs, ce qu’il y a de louche dans un pouvoir directeur dont le nom a besoin d’être si souvent changé pour en éviter les inconvénients. Nous demandons, du moins pour ce qui nous concerne, la suppression et du nom et de la chose.

Ces préliminaires posés, il nous reste à savoir quels moyens les catholiques devront employer pour fonder des universités. Ces moyens sont multiples et peut-être vaut-il mieux se contenter d’indiquer, d’une manière générale, ce que l’on pourrait faire.

Parlons d’abord des difficultés matérielles: on serait effrayé si l’on voulait procéder comme en Belgique, où les dépenses de l’université de Louvain, s’élèvent, nous assure-t-on, à 300.000 francs par an. Mais s’il est vrai, comme M. de Maistre l’a dit, que les plus grandes choses ont eu de très-petits commencements, s’il est vrai, pour apporter des exemples, qu’au Canada l’Université de Québec, aux Etats-Unis l’Université de Notre-Dame du Lac, toutes deux catholiques, ont commencé modestement, sans doute, mais sont en ce moment couronnées du succès, pourquoi ne pas essayer de notre côté? Pourquoi, autour de facultés de théologie dont on demanderait l’institution canonique à Rome, et pour lesquelles NN. SS. les évêques auront toujours, nous n’en doutons pas, des ressources, ne grouperait-on pas, lentement sans dote, des facultés de lettres et de sciences, plus tard, des facultés de droit et de médecine, selon que l’opportunité et la prudence en indiqueraient la possibilité, et avec les modifications légales que la nature des facultés diverses imposerait nécessairement? La lenteur, pour ce genre d’oeuvres, est souvent le moyen de les fonder plus rapidement.

Je parlais, il y a un instant, d’exemples; mais j’en trouve ici même des plus frappants. Qu’a été longtemps le cercle catholique, et dans quelle prospérité son fondateur ne l’a-t-il pas fait lentement avancer en même temps que son exemple, pieusement contagieux, a servi à en former tant d’autres? Qu’étaient, il y a trente ans, les conférences de Saint-Vincent de Paul? Un groupe de quelques jeunes hommes, présidé par le vieil ami des étudiants d’alors, devenus à présent les anciens de nos oeuvres, qu’est aujourd’hui cette institution admirable? Elle étend ses rameaux sur le monde entier! Et vous-mêmes, Messieurs, qu’étiez-vous naguère? Il y a deux ans, vous n’étiez rien; il y a quinze mois, vous étiez cinq ou six hommes, aujourd’hui, vous accourez de tous les points de la France; demain, vous serez la France catholique tout entière! Les universités libres n’auront pas un pire destin!

Il faut ensuite résoudre la question des professeurs: Où les prendrait-on? -Je ne vois rien qui s’oppose à ce que (sauf le choix des professeurs de théologie) on s’adresse à des docteurs reçus par l’Université de l’Etat, auxquels serait adjoint un certain nombre de professeurs émérites pris dans les collèges libres. Ceux-ci devraient subir, si l’Etat y tenait, un examen de capacité; mais s’ils avaient professé, pendant cinq ans, la rhéthorique, la philosophie ou les sciences dans nos collèges, pense-t-on qu’ils n’offriraient pas une garantie suffisante? Sans doute on peut redouter pour plus tard un enseignement plus faible, des maîtres moins capables de le donner, mais, au début, qui ne voit que notre propre intérêt nous obligera à choisir parmi nous des hommes vraiment supérieurs? L’habitude de l’enseignement dans les facultés leur fera peut-être défaut dans les premières leçons. Notre conviction, très-réfléchie, est qu’au bout de très-peu de temps, l’expérience venant en aide, nous rencontrerons dans nos rangs des hommes parfaitement dignes de prendre place à côté des professeurs universitaires, quels qu’ils soient.

On pourrait, du reste, parer à tout inconvénient en faisant, autant que possible, ce que voulait bien me proposer M. le président du cercle catholique qui a mis, avec tant de bonté, à notre disposition cette enceinte.

« Il me semble qu’il faudrait, m’écrivait-il, faire d’abord une sorte d’ébauche avant d’arriver à l’oeuvre finale.

Ne devrions-nous pas imiter ce que font nos adversaires? Voyez plutôt, mon Révérend Père, depuis plusieurs années les libres-penseurs ont établi les conférences du boulevard des Capucines. Tout récemment encore, ils viennent de fonder une série de cours dans une salle publique de la rue Bonaparte.

Eh bien! ne serait-il pas possible d’organiser aussi, sur leur propre plan, des conférences et des cours, une sorte de Sorbonne catholique où se donnerait: 1° l’enseignement religieux (dogme) éloquence sacrée, histoire ecclésiastique); 2° l’enseignement littéraire et philosophique (histoire, littérature française, littérature étrangère, histoire de la philosophie et philosophie elle-même); 3° un enseignement partiel (économie politique, histoire naturelle, géologie).

Pour ce qui est du côté pratique, ne pourrait-on pas utiliser au moins provisoirement la grande salle du cercle catholique et avoir là, chaque jour, une série de cours?

Quant à la rétribution des professeurs, elle se ferait au moyen de sommes payées par chaque élève fréquentant les cours?

J’estime que les cours pourraient durer sept mois, du 15 novembre au 15 juin, et comprendre chacun, en tenant compte des vacances de Pâques et du jour de l’an, vingt-quatre leçons.

En supposant un ensemble de cinq cents auditeurs, payant chacun une rétribution de 60 fr., on se procurerait un capital de 30,000 fr. Si les frais de cette nature absorbaient une somme de 6,000 fr., il resterait encore, pour le traitement des professeurs, une somme de 24,000 fr.

Est-il impossible, maintenant, dans une ville comme Paris, de trouver cinq cents souscripteurs?…..

Je n’ajoute qu’un mot, mon Révérend Père, à tous ces cours, il faudrait joindre une préparation sérieuse aux examens de licence et former ainsi des professeurs pour l’avenir ».

Avant d’arriver aux conclusions pratiques de ce rapport, permettez-moi, Messieurs, d’ajouter quelques mots: Vous avez entendu hier le R. P. Lécuyer, rapporteur du comité de l’enseignement secondaire, émettre le voeu qu’un congrès des chefs d’établissements catholiques se réunit au plus tôt. Le comité d’enseignement supérieur donne son adhésion la plus entière à cette proposition. Mais comme on devra traiter dans cette réunion plusieurs questions de sa compétence spéciale, il demande que, de concert avec la société générale d’éducation les deux comités se fusionnent pour préparer le programme de ce congrès dans un intérêt qui, évidemment, est le même. Pour ce qui me concerne, j’ose lui prédire les plus heureux résultats: l’initiative en avait été déjà prise, il y a plusieurs mois, par la Revue de l’enseignement chrétien, et les adhésions reçues de tous les points de la France, nous assurent le concours précieux des hommes les plus compétents.

Je me résume:

Nous demandons 1° La suppression absolue du monopole de l’Etat pour l’enseignement supérieur, avec les conséquences de cette suppression pour l’enseignement secondaire;

2° La mise à l’étude de la question des examens professionnels à l’entrée des diverses carrières;

3° Le droit de fonder des Universités libres possédant les mêmes privilèges que l’Université de l’Etat.

4° Nous nous réservons d’examiner plus tard si les professeurs de l’enseignement officiel doivent être payés par tous, lorsqu’un si grand nombre de citoyens repoussent, comme contraires à leur foi, certaines opinions publiquement enseignées par ces mêmes professeurs.

5° Nous demandons que les chefs d’institutions libres puissent s’entendre avec les professeurs des Facultés libres aussi, sur les programmes des examens à faire subir aux élèves aspirant au baccalauréat ès-lettres ou ès-sciences.

6° Quant aux Facultés de médecine et de droit, des règlements particuliers seront proposés ultérieurement.

7° Nous applaudissons à l’idée d’essais de Facultés, au moyen de l’institution de cours libres où s’exerceront les futurs professeurs des Facultés.

8° Dans la surveillance d’ordre public exercée sur les Universités libres à établir, nous repoussons toute ingérence de la part des membres du corps universitaire.

Tel est, Messieurs, le résumé de nos voeux. -Au point où en sont les choses, avec le travail opéré dans les esprits chrétiens et sincères, en face des ruines de la France et des menaces de la révolution, la cause de la liberté de l’enseignement supérieur nous semble gagnée, si vous voulez vous en faire les chaleureux avocats. Je m’adresse à ceux d’entre vous qui continueront à habiter Paris, mais aussi à ceux qui, venus des départements, y reporteront bientôt le sentiment plus profond de l’importance d’une action commune.

La loi de 1850 sur l’enseignement, malgré ses mutilations, a fait du bien, nous disait-on hier. Quel bien ne produira pas une loi, qui, en donnant une liberté plus étendue, nous permettra de conserver, jusques au bout, notre action sur les enfants devenus jeunes hommes, et de maintenir en eux, au moment de la crise décisive de l’intelligence et du coeur, la solidité des principes chrétiens et un amour de plus en plus ardent pour l’Eglise de Jésus-Christ!

Notes et post-scriptum
1. Rapport du R. P. Lécuyer.