- TD 6.208
- ARTICLES
- PROJET DE PETITION
- Revue de l'Enseignement chrétien, N. S., VI, n° 35, mars 1874, p. 385-387.
- TD 6, P. 208.
- 1 BACCALAUREAT
1 COMITES CATHOLIQUES
1 CREATEUR
1 DIPLOMES
1 DROITS DE DIEU
1 ENSEIGNEMENT DE LA PHILOSOPHIE
1 ENSEIGNEMENT OFFICIEL
1 ENSEIGNEMENT SECONDAIRE
1 ENSEIGNEMENT SUPERIEUR
1 HAINE CONTRE DIEU
1 INSTRUCTION RELIGIEUSE
1 JURYS SCOLAIRES
1 LIBRE PENSEE
1 MORALE INDEPENDANTE
1 PARENTS D'ELEVES
1 PROFESSEURS D'UNIVERSITE
1 PROGRAMME SCOLAIRE
3 NIMES - 15 février 1874.
- Nîmes,
Nîmes, le 15 février 1874
Je me permets de soumettre aux membres de la prochaine assemblée générale des comités catholiques le projet de pétition suivant, déjà adopté par le comité catholique de Nîmes, avec la prière de fournir le moyen de le modifier par des considérations meilleures que les miennes.
Au point où en sont les choses, tant que les baccalauréats resteront ce qu’ils sont, il importe de supprimer de tout programme qui couronnera l’enseignement secondaire toute question philosophique. Les hommes que l’Université est obligée d’accepter pour professeurs ne permettent pas aux catholiques d’être en repos de conscience par rapport à l’enseignement philosophique donné à leurs enfants. C’est pourquoi, au nom de notre foi en péril, il nous faut un programme de baccalauréat à nous; au nom de notre foi en péril, il nous faut des examinateurs du baccalauréat à nous; au nom de notre foi en péril, il nous faut des professeurs de faculté à nous.
[Texte de la pétition]
Messieurs les Députés,
Les représentants des comités catholiques de France, réunis en assemblée générale à Paris, viennent vous demander de permettre aux pères de famille chrétiens de faire donner à leurs enfants, soit dans l’enseignement secondaire, soit dans l’enseignement supérieur, la somme d’instruction religieuse conforme à leurs convictions et dans des conditions telles que le mode d’enseignement donné, au lieu de fortifier la foi des enfants ou des jeunes gens, ne risque pas de la détruire.
I. Quant à l’instruction secondaire, le grand obstacle au développement de l’enseignement religieux se trouve dans les programmes du baccalauréat ès-lettres ou ès-sciences.
En effet, aux époques les plus importantes pour la formation de l’intelligence et des idées, les aspirants à un diplôme répondent presque invariablement à ceux qui voudraient développer les connaissances religieuses: Cela ne se trouve pas dans le programme du baccalauréat. Et ils considèrent comme une tyrannie de leur imposer une étude, qui leur devient d’autant plus odieuse qu’elle compromet davantage leur droit d’entrer dans les carrières auxquelles ils se destinent en leur prenant un temps nécessaire, selon eux, à l’étude des matières exigées par les examens.
Donc, il faut d’autres programmes que les programmes existants, ou renoncer à donner une instruction religieuse convenable.
L’Université ne peut, dans son état présent, en fournir d’autres; et ce serait, selon ses doctrines, une injustice de lui demander des modifications essentielles; d’autre part, les droits des catholiques sont blessés dans ce que l’âme a de plus intime: la foi, la conviction religieuse. Donc les catholiques ont le droit, en face de périls de plus en plus imminents pour la foi de leurs enfants, de demander d’autres programmes de baccalauréat. Comme d’autres programmes seraient bien utiles sans d’autres examinateurs, les catholiques demandent la création d’un jury d’examen où l’élément catholique soit impartialement représenté.
Mais cet élément catholique si nécessaire n’aura de force morale qu’autant qu’il sera représenté par des hommes ayant une valeur et une honorabilité littéraires ou scientifiques qui ne se trouvent guère en dehors des professeurs de facultés. C’est pourquoi les catholiques demandent tout au moins le droit de créer des facultés de lettres et de sciences dont les professeurs pourront, en dehors de leurs cours, faire subir des examens valables aux yeux de l’Etat, d’après des programmes où l’enseignement religieux occupera la place que les catholiques réclament depuis si longtemps. Dans tous les cas, comme l’enseignement de la philosophie repose sur des principes opposés et amène aux conclusions les plus contradictoires, selon que l’on part des vérités de la foi ou de la libre-pensée et de l’indépendance de la morale, comme il est impossible à l’Université d’exclure du rang des examinateurs les libres-penseurs partisans de la morale indépendante, les mêmes catholiques vous conjurent de supprimer toutes les questions de philosophie du programme des baccalauréats.
II. -Quant à l’enseignement supérieur, personne n’ignore que, en dehors de l’explication des lois pour le droit, et de questions techniques pour la médecine, il y a des principes qui découlent de certaines vérités supérieures combattues tous les jours de la manière la plus fallacieuse dans les chaires de droit ou de médecine. En effet, il ne suffit pas pour apaiser la conscience catholique de dire: Nous n’attaquons pas Dieu, puisque nous ne nous en occupons pas. Pour les catholiques, ne pas s’occuper de Dieu dans les questions fondamentales de la justice et de la vie, c’est le comble du dédain, la souveraine et suprême injure faite à la divinité. Les catholiques ne veulent plus y conniver, et c’est pourquoi ils demandent pour leurs fils sortis de collèges chrétiens le droit d’être enseignés, pour le droit ou la médecine, de façon à ce que Dieu soit toujours considéré comme le principe des lois de la société et de la nature.
Par ces motifs, ils demandent, en laissant à l’Université ses chaires, de pouvoir fonder des universités catholiques dont les droits seront, pour les grades conférés par elles, les mêmes que ceux de l’Etat.
En terminant, les catholiques qui s’adressent à vous ne peuvent s’empêcher de vous faire observer la gravité des proportions que prend la question de l’enseignement. C’est éclairés par une expérience trop longue et tous les jours plus manifeste qu’ils y voient une question de vie ou de mort, et ils sont résolus à tout tenter pour conserver la vie à l’âme de leurs enfants.
E. D'ALZON