ARTICLES

Informations générales
  • TD 6.212
  • ARTICLES
  • LE CONGRES DES COMITES CATHOLIQUES EN 1874.
  • Revue de l'Enseignement chrétien, N. S., VII, n° 37, mai 1874, p. 5-7.
  • TD 6, P. 212.
Informations détaillées
  • 1 COMITES CATHOLIQUES
    1 CONGRES CATHOLIQUES
    1 DEFENSE DE L'EGLISE
    1 DEFENSE DES DROITS DE DIEU
    1 EGLISE ET ETAT
    1 ENSEIGNEMENT CATHOLIQUE
    1 ENSEIGNEMENT DE LA LITTERATURE
    1 ENSEIGNEMENT DES SCIENCES
    1 ENSEIGNEMENT PROFANE
    1 ENSEIGNEMENT SECONDAIRE
    1 ENSEIGNEMENT SUPERIEUR
    1 EXAMENS SCOLAIRES
    1 LEGISLATION
    1 LIBERTE DE L'ENSEIGNEMENT
    1 MATIERES DE L'ENSEIGNEMENT ECCLESIASTIQUE
    1 PARLEMENT
    1 PROGRAMME SCOLAIRE
    1 PROPRIETES FONCIERES
    1 THEOLOGIE
    1 UNITE CATHOLIQUE
    1 UNIVERSITES CATHOLIQUES
    2 BONIFACE VIII
    3 NIMES
  • mai 1874.
  • Nîmes,
La lettre

Mon cher ami,

L’Assemblée générale des Comités catholiques de France vient de clore ses séances, et nul doute que la manière avec laquelle on y a demandé unanimement, avec calme, réflexion, énergie, la liberté de l’enseignement supérieur, ne fasse impression sur les membres chrétiens de l’Assemblée nationale. Espérons qu’enfin la loi sur cette question capitale sera votée avec les modifications justement réclamées par les catholiques. On n’a pas cru devoir faire couvrir de signatures la pétition où ils exposent leurs droits. On connaît, par les conclusions votées avec enthousiasme, ce que nous voulons et ce que, d’un bout de la France à l’autre, veulent, sans exception, les catholiques intelligents et éclairés sur la question.

Mais s’il importe de poursuivre l’obtention de nos voeux les plus sacrés, il n’importe pas moins, si ces voeux se réalisent, de faire porter à la future loi les fruits que les catholiques en attendent. Aussi suis-je d’avis qu’une commission soit formée sur-le-champ pour surveiller la marche des discussions et pour préparer les résultats pratiques qui en seront la conséquence.

La Commission de l’enseignement chrétien se livrera à tous les travaux nécessaires; la Revue pourra lui servir d’organe; on cherchera à prévoir les mesures utiles à prendre pour les préparer, les inconvénients probables pour les éviter, les décisions sur les points pratiques pour les appuyer.

Nous avançons sur un terrain qui n’est pas nouveau, et pourtant inconnu; nous savons quels sont nos droits; nous ne savons pas, de ces droits, ceux que l’Assemblée nationale reconnaîtra, ceux qu’elle déniera.

Il faut être prêt pour obtenir le plus possible, pour tirer le meilleur parti de ce qui sera obtenu. Ne nous décourageons pas de certaines lenteurs qui fatiguent notre légitime impatience. Elles ont leur utilité, puisqu’elles nous permettent de mieux nous rendre compte de l’étendue de nos devoirs et de la manière de les accomplir, au milieu des difficultés inhérentes à la situation.

Provoquez des lumières, sollicitez des travaux sur les questions spéciales groupées autour de cet immense problème. La lutte n’est pas prête à finir; mais si nous mettons de la persévérance, une persévérance obstinée, la victoire est à nous.

Ajouterai-je qu’on m’avait demandé quelques considérations sur l’ensemble de la loi d’enseignement supérieur. Elles son été éloquemment présentées par quelques orateurs inscrits avant moi, et j’ai cru inutile d’y revenir; je me suis uniquement placé sur le terrain catholique. Au nom des catholiques de France, j’ai réclamé la liberté pour l’Eglise, dont les promesses divines affirment le droit de ne donner à son enseignement que les limites fixées par elle-même. Ce point est essentiel. La manie des deux pouvoirs, des deux principes a enfanté, comme le dit Boniface VIII, le manichéisme. Il n’y aura jamais, en face l’un de l’autre, deux principes égaux; il y a hiérarchie, et le principe divin sera toujours au-dessus de tous les autres. L’Eglise représente ce principe; à elle, par conséquent, appartient le dernier mot; à elle de préciser le cercle où se doivent renfermer les questions.

Or, l’Eglise étend son influence directe sur la science sacrée, indirecte sur les autres sciences; donc elle en a le droit.

Et, pour appliquer ceci à l’Université, examinons par un côté seulement,l’enchaînement des facultés. A la tête, la théologie, terrain exclusif des Evêques, à condition que, pour le droit d’être Docteur dans toute l’Eglise, le Pape, à qui seul appartient la juridiction universelle, conférera le pouvoir d’instituer les docteurs. Puis, pour couronner les études classiques, les facultés de lettres ou de sciences, avec le droit de faire examiner par nos professeurs les aspirants aux deux baccalauréats, d’où la liberté des programmes et d’affranchissement des programmes universitaires.

Puis, les facultés de médecine et de droit. Trop de professeurs attaquent aujourd’hui les droits de Dieu, créateur de la nature, auteur de la société, pour que nous ne nous soyons pas préoccupés du double enseignement où tant de blasphèmes sont proférés, et que nous ne leur opposions pas les affirmations de notre foi.

Enfin, comme l’homme, s’il ne vit pas seulement de pain, a pourtant besoin de pain pour vivre, nous réclamons, pour nos universités, le droit de posséder.

En résumé:

1° Droit de faire notre programme d’études classiques;

2° Droit d’avoir nos examinateurs pour les épreuves du baccalauréat;

3° Droit de faire enseigner des doctrines médicales qui ne soient pas athées, des doctrines sociales qui ne soient pas anticatholiques;

Voilà ce que j’ai demandé.

Je crois inutile de vous donner mon improvisation; j’en suis honteux en la relisant dans une sténographie, peut-être trop fidèle, et qui me produit le même effet qu’à une femme laide la vue de son miroir.

Tout à vous,

E. D'ALZON.
Notes et post-scriptum