ARTICLES

Informations générales
  • TD 6.294
  • ARTICLES
  • ENSEIGNEMENT SUPERIEUR
  • Revue de l'Enseignement chrétien,|N. S., XII, décembre 1876, p. 97-98.
  • TD 6, P. 294
Informations détaillées
  • 1 AUTORITE DE L'EGLISE
    1 CONSTITUTIONS PONTIFICALES
    1 CORPORATIONS
    1 DROITS DE DIEU
    1 EGLISE ET ETAT
    1 ENNEMIS DE DIEU
    1 FAUSSE SCIENCE
    1 JURIDICTION ECCLESIASTIQUE
    1 MAGISTERE
    1 SAGESSE DE DIEU
    1 UNIVERSITES CATHOLIQUES
  • décembre 1876.
  • Nîmes
La lettre

Il ne s’agit plus de savoir si les Universités catholiques existeront. Elles existent et elles vivent. Mais quelle sera leur constitution? C’est bien simple, prenez le Bullaire, voyez l’érection canonique de tant d’Universités fondées dans toute l’Europe. Elles eurent les Papes pour auteurs. Dès qu’un cercle scientifique ou artistique se formait, un Pape le bénissait et le protégeait par une constitution apostolique. Et il n’était pas toujours nécessaire d’être un corps savant pour être constitué en Université. A Rome, la plus ancienne Université est l’Université des Cordonniers. Ce mot appliqué d’abord à des corporations d’ouvriers fût accepté par les corporations de docteurs eux-mêmes. L’Eglise envoya ses bénédictions aux docteurs, après les avoir envoyées aux ouvriers, les uns et les autres s’étant groupés au nom de Jésus-Christ.

Les institutions scientifiques n’eurent pas toutes les mêmes règles. Elles se modifièrent selon les temps, les lieux, le caractère des pays. L’Eglise dans ses oeuvres maintient les lois essentielles de la vie, mais tient avant tout à ne pas s’astreindre à des règles immuables pour ce qui de soi est changeant.

Il nous a paru utile de publier successivement les monuments pontificaux relatifs à diverses Universités, en y joignant certaines dispositions prises d’après les actes de l’autorité suprême. Il y a un grand avantage à étudier successivement les modifications que la sagesse pontificale a cru devoir apporter aux diverses Universités, fondées par elle depuis ses premiers commencements jusqu’à nos jours.

L’Eglise s’est toujours réservé le droit d’enseigner, selon la parole divine: Euntes docete omnes gentes. Quand elle rencontrait des pouvoirs amis elle consentait volontiers à traiter avec eux des questions aussi importantes pour l’Etat que pour elle. Quand au contraire les gouvernements ont cru devoir usurper un monopole qu n’a son analogue dans aucune institution avant Jésus-Christ, elle consentit à ce que la règle fut courbée autant qu’elle l’a pu; mais quand cette règle a menacé de se briser, quand elle a été arraché aux mains de l’Eglise, alors celle-ci a repris ses droits, et ce que nous voyons aujourd’hui en France est une grande protestation contre la violation de droits qu’il faut absolument restituer à qui les possède légitimement.

Quelles sciences relèvent du pouvoir de l’Eglise? Toutes celles qu’elle déclare lui être nécessaires pour s’acquitter de son magistère divin.

Deux autorités sont en présence: l’autorité spirituelle et l’autorité temporelle. C’est à l’autorité spirituelle à fixer jusqu’où s’étendent les limites des choses de l’esprit soumises à son enseignement.

A force de vouloir nous reléguer dans la sacristie, on nous forcera à nous y renfermer avec tout ce qui nous appartient, et nous verrons, ce que l’on voit déjà pour certaines branches de l’enseignement supérieur, ce que produit cette prétendue science libre-penseuse, quand elle n’est pas éclairée par un rayon tombé du ciel.

Pourquoi se le dissimuler? Le combat des premiers jours eut lieu entre les intelligences bonnes et mauvaises; le combat de nos jours a lieu entre Dieu et l’homme, nous connaissons infailliblement le résultat final.

Mais Dieu emploie les hommes à défendre sa cause, honneur immense, qui doit les exciter à tous les efforts. La lutte des anges fut courte, comme il convient à de purs esprits, la lutte des enfants de Dieu et des enfants des hommes a été et sera longue par l’effet même de la nature; c’est pourquoi il importe d’en étudier les phases successives et les dispositions diverses adoptées par nos chefs à travers les siècles pour ménager le triomphe de la science divine sur la science humaine.

A ce point de vue peu de spectacles sont aussi intéressants que la vue de tout ce qui a été fait et de ce qui continue à se faire pour soutenir avec avantage un combat qui, après tout, ne finira que quand la suprême Vérité aura pour toujours triomphé du mensonge suprême.

E. D'ALZON.
Notes et post-scriptum