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Informations générales
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  • OEUVRE DU BON COLPORTAGE
    APPEL DE CONCOURS
  • Revue des bibliothèques paroissiales et des faits religieux de la province ecclésiastique d'Avignon, III, nº 10, octobre 1853, p. 433-441.
Informations détaillées
  • 1 COLPORTAGE
    1 MAUVAISES LECTURES
    2 BERNARD, LOUIS
    2 DEPERY, JEAN-IRENEE
    2 ETIENNE, ABBE
    2 FINE
    2 MULLOIS, ABBE
    2 VILLARS
    3 ALPES DE HAUTE-PROVENCE
    3 AVIGNON
    3 CAP, LE
    3 DIGNE
    3 PARIS
  • octobre 1853.
  • Avignon
La lettre

Il serait superflu de démontrer l’utilité immense d’une organisation de colportage dans le but de propager par les bons livres les notions les plus essentielles de religion, de morale, ,d’hygiène, d’économie domestique, etc., parmi le peuple. Ce que nous avons vu dans ces dernières années fait sentir ce besoin à tout le monde.

Jusqu’a présent, on s’était contenté de désirer cette oeuvre: on désespérait de la voir se réaliser. M. l’abbé Bernard, Chanoine d’Avignon, s’est attaché avec passion à cette idée; il n’a pas cru à l’impossibilité d’une institution devenue comme une nécessité religieuse et sociale. Après avoir médité et étudié à fond la question du colportage et toutes les questions de détail qui s’y rattachent, il a conçu le plan de l’Oeuvre, il en a dressé les statuts, et, plein de foi dans le bien qu’elle est destinée à opérer, il a osé tenter une entreprise dont les difficultés semblaient devoir l’arrêter.

Pour qu’un pareil essai fût possible, il fallait résoudre des problèmes multiples dont nous n’énumérons que les principaux. Il fallait:

1° Demander à la librairie les ouvrages populaires qui se rapportent le mieux au but de l’Oeuvre; faire ce choix en dehors de tout esprit de spéculation, de toute préférence d’enseigne, et exclure les livres qui ne répondraient pas au but du colportage;

2° Faire à l’autorité, juge de la doctrine religieuse, la part première dans l’admission ou le rejet de chaque livre, et attendre la décision de l’autorité diocésaine sur l’opportunité relative de tel ou tel ouvrage, suivant les pays visités par les colporteurs.

3° La question de doctrine religieuse et morale étant sauve, consulter les hommes spéciaux sur les questions de l’ordre professionnel, industriel, économique, etc., et recevoir d’eux l’indication des traités les mieux appropriés aux moeurs ou aux besoins d’un pays;

4° Trouver des hommes qui, hiérarchiquement constitués sous une discipline forte, fussent les ouvriers de ce colportage, par esprit de zèle plutôt que par esprit de lucre;

5° Entourer ces hommes d’un réseau de surveillance et de contrôle partout où ils seraient envoyés, afin de les prémunir, d’une part, contre les écarts de conduite auxquels porte si aisément une vie de continuelles pérégrinations, et afin de maintenir, d’autre part, le colportage dans la voie qui lui était tracée. A cent lieues de la direction centrale comme à cent pas, le colporteur doit suivre exactement les instructions qu’il a reçues, et ne pas introduire dans sa balle des objets autres que ceux qui lui ont été désignés. Rien n’est livré à son caprice ni à sa volonté propre;

6° A titre de surveillants et de correspondants officieux, rallier à l’Oeuvre les hommes qui, dans chaque canton, dans chaque paroisse même, ont le zèle et l’intelligence du bien, et soumettre les colporteurs au contrôle de ces hommes, prêtres ou laïques, magistrats, propriétaires, et. Car le colportage ne peut atteindre le but d’utilité générale qui lui est assigné, s’il n’est conseillé, soutenu, guidé par ces diverses influences.

M. Bernard semble avoir résolu ces problèmes aussi heureusement qu’il est possible, lorsqu’il s’agit de tenter l’inconnu. Règlementant tout ce que l’étude et l’observation permettent de prévoir, il a dressé son plan, attendant de l’expérience les modifications et les compléments que la pratique seule peut révéler.

Une maison a été louée à Avignon. Quelques hommes de bonne volonté sont venus s’y préparer à la mission nouvelle; ils y ont reçu, pendant quelques semaines, les instructions les plus essentielles; ils ont médité le règlement qui devait diriger tous les détails de leur conduite; puis, divisés en trois bandes présidées chacune par un chef conducteur, ils ont été envoyés dans trois départements. Une charrette traînée par un cheval portait l’approvisionnement des balles d’une bande. Arrivé à sa destination, chaque homme de la bande remplissait sa balle, et explorait les villes et les hameaux, selon l’ordre fixé par l’itinéraire, et sous la conduite du chef colporteur. Ces premiers émissaires étaient au nombre de neuf; ils sont partis le 15 juillet. Tout modeste que soit ce début, il a été coûteux et pénible. La pauvre petit ameublement et le loyer de la maison, la nourriture des hommes, leur équipement, les passeports, les patentes, les frais de route, les achats de livres, les transports, et deux mois et demi de colportage, ont imposé des dépenses bien grandes! On devait s’y attendre. Ce n’est jamais sans sacrifices qu’on ouvre une voie inexplorée et hérissée d’obstacles, qu’on fait l’apprentissage d’une entreprise sans précédent chez nous CATHOLIQUES ET HOMMES D’ORDRE. Je dis, chez nous, catholiques et hommes d’ordre; car les sectaires protestants et socialistes avaient leur colportage bien organisé, lorsque nous disputions encore sur la possibilité d’en créer un pour la défense de nos doctrines.

Des hommes de coeur, des esprits d’élite ont compris la haute portée de cette institution combinée avec maturité: ils ont apporté leur concours à l’Oeuvre poursuivie par M. Bernard avec une obstination de courage et de foi qui a dû longuement lutter contre les effrois des timides, et contre les défiances des habiles et des prudents.

On a dit: « L’Oeuvre est magnifique en théorie, mais elle est impossible en pratique. L’argent ne fera pas défaut, mais les hommes, les missionnaires de la balle manqueront. » -Or, l’essai de quelques mois, tout imparfait qu’il soit, démontre, 1° que l’Oeuvre, si elle est secondée autrement que par des voeux stériles, peut trouver bientôt sa vie en elle-même, et suffire à sa durée; 2° que les secours d’argent, si faciles, croyait-on, à obtenir, sont plus longs à venir que le dévouement des hommes, dont on doutait. En ce moment même, neuf hommes, dans la force de l’âge, munis des attestations les plus honorables, proposent de mettre ce qu’ils ont, leur énergie, leurs peines, leur vie, au service de l’Oeuvre, sans espoir d’autre rémunération que le mérite d’exercer un apostolat de foi et de charité auprès de leurs frères.

Ceux qui peuvent souscrire montreront-ils autant de dévoûment et de générosité?

Il est certain que les charges qui pèsent sur le fondateur et directeur de l’Oeuvre, excèdent les forces d’un seul homme, et que les secours isolés déjà obtenus ne peuvent combler tout le déficit, résultant inévitable d’une première mise en oeuvre, nécessairement très-compliquée; mais il est certain aussi que la charité, même en présence des besoins les plus urgents, n’entreprendrait jamais rien, si elle ne commençait qu’après avoir recueilli jusqu’au dernier centime les ressources qui lui seront indispensables.

La charité, toutefois, a sa prudence, qui lui défend de céder aux premiers entraînements du coeur et de se laisser fasciner par une idée; elle aime à s’associer aux oeuvres en action, plutôt qu’aux oeuvres en projet. M. Bernard a donc dû agir d’abord avec les modiques sommes qu’il avait obtenues, et courir les risques des déceptions qu’un insuccès pourrait lui causer. Grâce à lui, l’Oeuvre du bon colportage n’est plus une théorie, elle est aujourd’hui un fait; il l’a poussée jusqu’à la limite au delà de laquelle il y aurait témérité à s’aventurer, sans avoir consulté l’opinion et provoqué une sentence de vie ou de mort: sentence de vie, si on agrée l’Oeuvre et si on la seconde efficacement, sentence de mort, si on la délaisse.

M. l’abbé Bernard a retiré provisoirement les hommes qu’il avait envoyés, et dont cinq ont bravement soutenu la campagne. Trois avaient été licenciés au début de leur mission, à raison de contrariétés qu’on leur suscitait, et aussi parce que leur aptitude n’était pas égale à leur bonne volonté. Un seul a été conduit pour insubordination à son chef. En entrant dans ces détails, je veux montrer comment, d’après l’organisation de l’Oeuvre, la discipline est exercée ponctuellement, sur un mot du directeur, même à quatre-vingt lieues de distance; et cependant, soit quant à l’éducation des colporteurs, soit quant à la forme de l’Oeuvre, le colportage n’est encore qu’à l’état de germe.

Les vives sympathies, les hautes influences, les encouragements ardents qui lui arrivent de toutes les parties du monde religieux, et même du monde simplement préoccupé de sauvegarder les intérêts sociaux, donnent lieu d’espérer que ce germe ne sera pas étouffé à sa naissance, et qu’il parviendra à son entier développement. Si M. Bernard publiait sa correspondance, on serait étonné des adhésions spontanées que lui adressent des personnages éminents dans le clergé, dans la diplomatie, dans la magistrature. On n’a pas oublié la Lettre pastorale publiée à ce sujet par Mgr l’évêque de Gap, le 8 août 1853.

Le 7 septembre dernier, un homme très-connu des catholiques par son talent, par son zèle et son dévouement intelligent à la cause de l’ordre et de la religion, écrivait à M. Bernard la lettre dont j’extrais les citations suivantes. Elle résume les nombreuses adhésions qu’une correspondance de chaque jour envoie à l’institution du colportage.

Cette Oeuvre, que j’ai toujours rêvée, me semble admirable, et c’est à mes yeux le complément nécessaire de l’Oeuvre de l’enseignement catholique. Je suis heureux de me rencontrer avec vous dans cette conviction. Mais, quand on passe de la théorie à la pratique, combien de difficultés surgissent! Vous avez, ce me semble, beaucoup réfléchi et beaucoup prévu dans la rédaction de vos plans et règlements, et cela me donne espoir pour la réussite… »

« J’ai répandu de mon mieux vos prospectus et feuilles de souscription, mais je doute que cela ait rien produit pour vous. On est partout si méfiant pour les oeuvres encore inconnues; et puis, l’état des fortunes est si précaire en ce moment….

« Votre Oeuvre est, après l’érection des Collèges catholiques, la plus belle que nous puissions désirer en France, et j’espère que vos efforts finiront par être compris et par trouver d’efficaces sympathies. Persévérez avec courage!…. »

A ces appréciations particulières, si honorables et si encourageantes, sont venus se joindre des témoignages d’une plus haute portée encore en faveur de l’Oeuvre et du but qu’elle poursuit.

Dans un département naguère en proie aux troubles que les idées anarchiques et irréligieuses avaient excitées parmi des populations égarées par une propagande perverse, le Conseil général entendait et ratifiait par un vote unanime un rapport aussi bien pensé que bien dit sur la nécessité d’opposer les bons livres aux mauvais. Le rapporteur concluait ainsi:

« Après les désordres causés par les mauvais livres…, il y a un travail de réparation à accomplir. Il faut jeter la bonne semence, faciliter les lectures honnêtes et morales, répandre les bons livres dans les populations, pour guérir les esprit pervertis, ramener les coeurs dépravés. C’est là un but bien digne des préoccupations du Conseil général, qui ne doit pas se borner au soin des intérêts matériels, ni se contenter d’aligner les chiffres du budget, de redresser les ponts et d’améliorer les routes, mais qui doit avant tout prendre la défense des intérêts moraux. » (Extrait du rapport de M. Fine au Conseil général des Basses-Alpes, août 1853).

Ces sentiments avaient déjà été exprimés par M. le Préfet de ce département, qui, en d’autres temps, avait défendu les bonnes doctrines comme écrivain, avant de les soutenir comme magistrat. Depuis, l’Oeuvre des bons livres de Digne a demandé des colporteurs à M. Bernard; on en demande aussi dans deux autres départements.

M. l’abbé Bernard avait remercié Mgr l’évêque de Gap de la Lettre pastorale que ce prélat avait écrite à ses diocésains au sujet du colportage. En presence des grandes charges qui lui incombaient et des faibles ressources dont il disposait, M. Bernard hésitait, craignait, semblait douter s’il continuerait l’Oeuvre commencée. Le digne évêque combla la mesure de ses bontés envers l’Oeuvre, par la lettre qui est aujourd’hui sa raison d’espérer et de persévérer; il répondit:

A M. l’abbé Bernard, Chanoine, à Avignon.

Gap, le 13 septembre 1853.

« Mon cher Abbé,

« Quand j’ai recommandé l’Oeuvre fondée à Avignon pour la propagation des bonnes lectures par le colportage, je ne me proposais pas seulement de seconder une entreprise qui vous est chère, et à laquelle vous vous êtes voué avec tant de peines et de sacrifices, mais je remplissais avant tout un devoir de ma charge pastorale: j’avais surtout en vue l’intérêt religieux, moral et social de mon troupeau ».

Vous ne me devez donc point de reconnaissance, soyez plutôt remercié d’avoir essayé une Oeuvre que tout le monde appelait de ses voeux, mais dont les difficultés effrayaient tout le monde. La foi et la charité ne connaissent point d’obstacles, en présence des misères morales, et même matérielles, qui réclament un prompt secours., Elles vont à l’encontre des calculs humains; elles jettent, dans le sein de l’Eglise, le germe des institutions commandées par les besoins de chaque époque, et bientôt l’inépuisable fécondité de l’Eglise a fait éclore, croitre, se développer en des proportions immenses, les conceptions en apparence les plus impossibles. Ainsi ont été créés et se sont formées les oeuvres étonnantes du moyen âge: confréries, tiers-ordres, associations, oeuvres inspirées et cimentées par la foi, commencées dans la pauvreté avec des éléments infimes, mais tellement adaptées aux nécessités de chaque siècle, si profondément enracinées dans les moeurs, que les révolutions successives n’ont pu effacer ni le souvenir de leurs bienfaits, ni la trace des prodiges qu’elles ont opérés. Ainsi s’est fondée, de nos jours, l’admirable association pour la Propagation de la foi, pour raviver les missions ruinées par la destruction des ordres religieux et par la persécution faite au sacerdoce. Jamais un mal n’est venu désoler le monde sans que la religion n’ait inventé le remède qui le combat et le guérit. Or, le bon colportage, discipliné comme vous l’avez conçu, est une de ces oeuvres nées des besoins de notre époque. Cela me fait augurer qu’il est dans les desseins de Dieu, et que le grain de sénevé que vous avez semé est destiné à devenir un grand arbre, et à prolonger ses rameaux aussi loin que le génie du mal à pu s’étendre. »

« Une autre considération me donne bon espoir: vous avez commencé avec peu, ou à peu près avec point de ressources, et vous n’avez pas hésité d’envoyer vos premiers missionnaires de la balle dans le plus pauvre diocèse de France. Dieu vous tiendra compte de cette confiance que las pauvreté ne déconcerte pas, et le diocèse de Gap s’honorera d’avoir recueilli les prémices de l’Apostolat du colportage. S’il n’est pas riche en argent, le clergé est riche de zèle et de dévouement à tout ce qui tend à propager les bonnes doctrines. Votre pensée a trouvé un écho de sympathie dans le coeur de tous les prêtres: un concours empressé a été offert aux colporteurs: ni direction, ni conseils, ni accueil hospitalier ne leur feront défaut. Après la part prélevée sur le budget de mes pauvres prêtres pour les oeuvres de charité, si nombreuses autour d’eux, plusieurs ont retranché encore sur leur strict nécessaire, pour apporter leur obole à la balle. Cela ne m’a pas surpris: je connais leur coeur prêt à tout sacrifier, mais cela vous consolera et vous encouragera à continuer votre essai. »

« Je me réjouis de penser que cette intarissable générosité attirera sur mon diocèse de nouvelles bénédictions ajoutées à celles que lui a méritées déjà l’Oeuvre de l’association de la Propagation de la foi, si bien appréciée par les fidèles, secondée avec tant de zèle par le clergé, si prospère dans un diocèse cependant si peu favorisé de la fortune ».

Toutefois, et afin que votre Oeuvre se soutienne et arrive au degré de perfection humainement réalisable que vous lui assignez dans les Statuts et qu’elle doit avoir pour atteindre son but, il faudrait que vous pussiez réunir des ressources plus grandes, et vous appuyer sur le concours de tous les hommes de bien: autrement la balle vous écraserait et il serait fâcheux qu’une Oeuvre commencée avec tant de peines et après tant d’efforts vint à succomber. »

« La manière large selon laquelle vous avez conçu et exécuté votre projet: la place que vous y faites à toutes les influences honnêtes: la part d’action que vous offrez à chacun dans la direction du colportage, selon les besoins des pays: l’exclusion de toute propagande irritante et provocatrice, méritent de rallier autour de cette Oeuvre religieuse, morale et sociale, les hommes qui ont quelque amour pour le peuple, pour leur pays et pour la religion.

« Que les journaux catholiques ouvrent donc leurs colonnes à une souscription générale en faveur de la propagation des bons livres par le colportage: elle sera couverte, j’en suis certain, par les nombreuses et les plus honorables signatures. Il y en aura dans nos montagnes, et l’obole offerte par nos pauvres Alpins aura, aux yeux du divin Maître, la même valeur que le denier de la veuve de l’Evangile, tant louée par le Sauveur du monde. »

« Je n’exprime pas seulement un désir qui m’est personnel, mais je sais que j’interprète la pensée de plusieurs de mes vénérés Frères dans l’Episcopat.

« Recevez, mon cher Abbé, l’assurance de mon parfait dévouement et de mes chaudes sympathies. « IRENEE, Ev. de Gap. »

Cet exposé général de la situation d’une Oeuvre dont le début est si digne d’intéresser, suffira pour en faire ressortir la pensée éminemment religieuse et sociale. Elle mérite de rallier le concours de toutes les opinions honnêtes, qui, à travers leurs divergences sur des questions d’un autre ordre, sont unanimes pourtant à désirer le triomphe des principes de religion et de morale, et le progrès pacifique du bien-être réalisable parmi le peuple.

L’Oeuvre du colportage exclut la politique; elle n’a point de cocarde. Elle interdit aux colporteurs de servir une autre cause que celle des principes religieux, et de la conciliation des esprits dans la paix et le travail. Ils ne seront jamais les hommes d’un parti, et il est juste de déclarer que les autorités civiles ne leur ont demandé, en retour de la bienveillance qu’elles leur ont témoignée, que l’observation due aux règlements de police et aux lois qui obligent tous les citoyens.

Après des recommandations si puissant;es, après des explications si franches, l’appel chaleureux fait par Mgr L’évêque de Gap, appel auquel je joins ma faible voix, peut- il n’être pas entendu? -Y aurait-il un journal représentant les idées et les sentiments des âmes honnêtes, qui refusât d’annoncer et d’ouvrir la souscription dans ses bureaux? – Non, sans doute; car autrement il faudrait désespérer de la puissance des hommes de bien à vouloir ou à faire ce qui est dans leurs voeux; de leur part, ce serait vraiment une abdication.

Les souscriptions peuvent être adressées au bureau du Journal; à M. l’abbé d’Alzon, vicaire-général de Nimes; aux présidents des Conférences de St. Vincent-de-Paul; à M. l’abbé Mullois, premier Chapelain de la maison de l’Empereur, à Paris; à M. l’abbé Bernard, Chanoine à Avignon, où à M. Villars, trésorier de l’Oeuvre du colportage, rue Lafare, à Avignon.

Le montant des souscriptions sera employé à couvrir une partie des dépenses déjà mentionnées, à préparer un second envoi de colporteurs, et à fonder à Paris une succursale de la maison de colportage commencée à Avignon. Cet établissement à Paris est indispensable pour le service de l’Oeuvre dans le nord, pour la correspondance avec la librairie de Paris, et pour l’entrepôt principal. De plus, l’Oeuvre du colportage a déjà formé une union de zèle et de prières avec l’Oeuvre fondée à Paris par M. l’abbé Etienne, pour la banlieue.

Les lignes qui précèdent sont puisées, on le comprend, dans des renseignements fournis par M. l’abbé Bernard, mais que, depuis un an, nous avons vérifiés par nous-même. C’a été un bonheur pour nous de suivre pas à pas ce prêtre au zèle brûlant, nous dirons obstiné; de voir quels obstacles il lui a fallu renverser, quels découragements il a dû surmonter, et, au-dessus de ces obstacles et de ces découragements, cette admirable persévérance, apanage de toutes les oeuvres qui ont de l’avenir, parce que Dieu les bénit dans les épreuves de leurs fondateurs.

Il nous est impossible de ne pas croire au succès de celle-ci et à tous les fruits que la cause de l’Eglise recueillera par cette tentative d’une nouvelle propagande. Nous conjurons les Catholiques d’y réfléchir, et de se rappeler que le meilleur moyen d’arrêter les progrès du mal, c’est de le combattre par ses propres armes. C’est précisément la pensée de M. l’abbé Bernard: tuer le colportage impie et immoral par le colportage moral et religieux.

Emm. D'ALZON.
Notes et post-scriptum