ARTICLES

Informations générales
  • TD 7.20
  • ARTICLES
  • MEMOIRES D'UN ANCIEN DE LA VIEILLE ASSOMPTION
    CHAPITRE VII
    LES INSTRUCTIONS DU SAMEDI
  • L'Assomption, I, n° 9, 1 mai 1875, p. 73-74.
  • TD 7, P. 20-22; CO 247.
Informations détaillées
  • 1 BONNES OEUVRES DES LAICS
    1 CACHET DE L'ASSOMPTION
    1 COLLEGE DE NIMES
    1 LITANIES DE LA SAINTE VIERGE
    1 MOIS DE MARIE
    1 PIETE
    1 PREDICATIONS DE CAREME
    1 RESPECT HUMAIN
    1 SENS DE L'HONNEUR
    1 SERMONS
    2 MONNIER, JULES
  • 1 mai 1875.
  • Nîmes
La lettre

On dit que l’Assomption a son cachet spécial. Ce cachet, elle le doit surtout aux instructions du samedi. Renouvelant un souvenir du Collège Stanislas, de Paris, le P. d’Alzon avait décidé que chaque samedi on chanterait à la chapelle les Litanies de la Sainte-Vierge. Mais pour profiter de cette réunion de tous les élèves, il fit suivre les louanges de la Maîtresse de la Maison de quelques avis. Ce n’était, en effet, que des avis; il parlait seulement en soutane. La familiarité même de la causerie permettait d’entrer dans certains détails, et l’on prétend que ces détails avaient pour les élèves, par leur originalité même, un cachet spécial. On se le rappelait, on en parlait, parce que ce n’était pas dit comme ailleurs. Des idées très- arrêtées et que quelques anciens maîtres n’approuvaient pas toujours, étaient promulguées catégoriquement. On pouvait y faire opposition; le P. d’Alzon ne l’a jamais beaucoup redouté, il cédait quelquefois, mais quand il avait mis une idée dans sa tête, on savait qu’il ne l’avait pas aux talons.

Les élèves sont toujours les mêmes; il suffit qu’on leur dise une chose, pour que quelques esprits pointus aient envie de dire le contraire. Le P. d’Alzon attaquait surtout le respect humain; il n’en fallut pas davantage pour que plusieurs voulussent traiter la question du duel et du point d’honneur. Une longue saison d’été se passa à discuter la matière. On laissa tomber les objections, et au bout de très-peu de temps, les courages surexcités ne parlèrent plus de se battre à propos de tout et de rien.

Pourtant le cachet particulier de ces instructions, ou pour mieux dire, la continuité de ces observations qui se groupaient autour de quelques idées mères, les faisait descendre dans la tête et surtout dans le coeur des élèves. Le petit nombre de ceux-ci permettait d’exercer sur eux une action plus intime. Les avis du samedi étaient suivis de commentaires, donnés surtout par M. Monnier; ils arrivaient avec une grande puissance de fécondité dans les consciences, quelquefois comme une lumière, et plus souvent comme un remords; d’où il résultait que les idées s’élargissaient, que le caractère de la Maison se dessinait, que l’esprit général s’affirmait. L’Assomption, ce n’était pas tout le monde, et l’on aimait à ne pas être tout le monde.

On apprenait les bonnes oeuvres et l’on s’essayait aux Conférences de Saint-Vincent-de-Paul; on devenait ultramontain; on pratiquait la piété par conviction, et les moins dévots, étant peu tourmentés, faisaient peu d’opposition à la ferveur de leurs camarades. On en a vu qui, ennuyés de ce qu’on ne les tourmentait pas, prenaient le pli commun, parce qu’il n’y avait aucun profit de singularité à ne pas le prendre.

Les instructions du samedi se transformèrent peu à peu, surtout quand, de la petite chapelle formée par la classe de philosophie et la salle des journaux actuelles, on passa à la grande chapelle. Alors le P. d’Alzon prit le surplis, se proposa un sujet qu’il suivait ou ne suivait pas, alors aussi commencèrent le mois de Marie, les instructions du carême, enfin le P. d’Alzon s’efforça de devenir solennel. Ne devint-il pas ennuyeux? On se demande s’il n’eût pas mieux fait de rester ce qu’il était, un bon donneur d’avis pratiques sur les devoirs du Chrétien et de l’Elève de l’Assomption.

UN ANCIEN.
Notes et post-scriptum