ARTICLES

Informations générales
  • TD 7.49
  • ARTICLES
  • ASSOMPTION
  • L'Assomption, III. n° 61, 1 juillet 1877, p. 293-294.
  • TD 7, P 49-51.
Informations détaillées
  • 1 AMOUR DU PAPE
    1 COMMERCE
    1 EGLISE
    1 ENFER ADVERSAIRE
    1 FETE
    1 JUIFS
    1 MARTYRS
    1 PAPE
    1 PELERINAGES
    1 REVOLUTION ADVERSAIRE
    1 SAINTS
    2 CESTIUS, CAIUS
    2 PAUL, SAINT
    2 PIE IX
    2 PIERRE, SAINT
    2 PLANTIER, CLAUDE-HENRI
    3 JAPON
    3 ROME
  • 1 juillet 1877.
  • Nîmes
La lettre

28 juin 1877.

Demain, l’Eglise célèbre le martyre du Prince des Apôtres. Lorsque près de la pyramide de Sextius (Certius?) Paul Le Corroyeur et Pierre le Galiléen se séparèrent pour aller au supplice, qui eût pu prévoir qu’à travers les siècles, les Chrétiens célébreraient leur triomphe avec une splendeur et un amour qu’aucun potentat de la terre n’a jamais obtenus? Qui eut songé que l’on verrait se réaliser d’une manière si éclatante les paroles d’un charpentier à un pauvre pêcheur » Tu es Pierre et sur cette pierre je bâtirai mon Eglise? Que signifie de nos jours cette multitude de chrétiens venus de tous les points du globe pour prier au tombeau de Pierre? Que signifient ces hommages rendus avec tant d’enthousiasme à l’héritier de Pierre? On veut glorifier le tombeau du premier des Papes; on veut entourer avec une gloire égale le trône du dernier Pape aujourd’hui vivant; on veut, dans ce rapprochement de Pierre, premier vicaire de Jésus-Christ, et de Pie IX, le plus récent successeur de Pierre, montrer la foi inébranlable à la durée de l’Eglise.

Or, tandis que les rois s’en vont, selon une parole célèbre, prononcée il y a soixante ans, les peuples accourent à un roi détrôné pour protester de leur obéissance et de leur tendresse.

Le mouvement des pèlerinages vers Rome fut renouvelé à la canonisation des Martyrs du Japon, lorsque Mgr Plantier conduisit plus de soixante de ses prêtres au tombeau des Apôtres. Il s’est depuis continué dans des proportions magnifiques. Où s’arrêtera-t-il? Les obstacles qu’on voulait élever entre le monde catholique et Rome se tournent en moyens pour y venir plus souvent. Dieu donne l’impulsion et charge l’enfer d’opposer les résistances convenables au réveil des volontés.

Mais quoi, les pèlerins ne seront-ils pas arrêtés: -Par qui, s’il vous plaît? -Par les révolutionnaires peut-être? Mais on a beau être révolutionnaire, il faut manger; or la révolution se trouve avoir ôté le pain de Rome, c’est le pape qui, par les pèlerinages, le lui rend. Faites peur aux pèlerins, ils ne viendront plus, ni eux, ni leur argent; et à la poche de qui la révolution ira-t-elle demander des baïoques*.

Croyez-vous que les juifs aiment les reliques; pas le moins du monde. Mais les juifs qui ont acheté à vil prix beaucoup de corps saints dans les églises spoliées, gardent avec un soin scrupuleux les sceaux apposés sur ces corps saints et autres reliques considérables, pour les vendre plus cher. Ils soignent avec une égale précaution et le reliquaire et l’authentique, sachant bien que l’authentique disparue, ils ne vendraient plus la relique. Or il y en a qu’ils ne donnent que pour quelques milliers de francs. Le juif vous taxe cela avec une précision surprenante, selon la notoriété du saint! Mais enfin il soigne merveilleusement la dépouille du serviteur de J.-C., non pour J.-C. qu’il déteste, mais pour l’argent que la dépouille de ces serviteurs illustres lui rapporte.

Tenez pour sûr que le même motif retiendra Pie IX et ses successeurs à Rome: non par amour pour le Pape, mais pour l’argent que la présence du Pape rapporte à la Révolution. Cela vous semble étonnant. Il est des choses plus étonnantes encore. Nous en verrons bien d’autres!

E. D'ALZON.
Notes et post-scriptum