ARTICLES

Informations générales
  • TD 7.60
  • ARTICLES
  • LA HIERARCHIE CATHOLIQUE ET SES DEPENDANCES
  • L'Assomption, III, n° 73, 15 décembre 1877, p. 381-383.
  • TD 7, P. 60-65.
Informations détaillées
  • 1 ADMINISTRATION DES SACREMENTS
    1 APOSTOLAT DE LA CHARITE
    1 APOSTOLAT DE LA VERITE
    1 APOSTOLAT DES RELIGIEUX
    1 APOTRES
    1 ARCHEVEQUE
    1 AUMONIER
    1 CARDINAL
    1 CHANOINES
    1 CLERGE REGULIER
    1 CLERGE ROMAIN
    1 CLERGE SECULIER
    1 COMBATS DE L'EGLISE
    1 CONFIRMATION
    1 CONGREGATIONS ROMAINES
    1 CURE
    1 DISCIPLINE ECCLESIASTIQUE
    1 EGLISE NATIONALE
    1 ENNEMIS DE L'EGLISE
    1 EPISCOPAT
    1 EVEQUE ORDINAIRE DU DIOCESE
    1 FONCTION SACERDOTALE
    1 HIERARCHIE ECCLESIASTIQUE
    1 INFAILLIBILITE PONTIFICALE
    1 JURIDICTION ECCLESIASTIQUE
    1 JURIDICTION EPISCOPALE
    1 MINISTERE SACERDOTAL
    1 MISSIONNAIRES
    1 PAPE
    1 PERSECUTIONS
    1 POUVOIR DES CLEFS
    1 PREDICATION
    1 PRETRE
    1 PRIMAUTE DU PAPE
    1 RECHERCHE DE LA PERFECTION
    1 REGLE DE SAINT-BENOIT
    1 SACERDOCE
    1 SACREMENT DE L'ORDRE
    1 SACREMENT DE PENITENCE
    1 SAINTETE DE L'EGLISE
    1 SOCIETES SECRETES
    1 UNITE CATHOLIQUE
    1 UNIVERSALITE DE L'EGLISE
    1 VICAIRE
    2 BENOIT, SAINT
    2 PIERRE, SAINT
    3 AFRIQUE
    3 ALEXANDRIE, EGYPTE
    3 AMERIQUE
    3 ANTIOCHE DE SYRIE
    3 ASIE
    3 BYZANCE
    3 CONSTANTINOPLE
    3 EUROPE
  • 15 décembre 1877.
  • Nîmes
La lettre

Tandis que les sociétés secrètes s’organisent, se désorganisent, se réorganisent sans cesse, il peut être utile de fixer un regard attentif sur la constitution essentielle de l’Eglise et sur les aides, soit perpétuels, soit temporaires, qu’elle a reçus de son divin fondateur, ou dont elle réclame le concours selon les circonstances. L’étude de ce tableau pourra nous aider à nous rendre un compte plus exact de nos devoirs, soit envers Dieu, soit envers son Eglise.

I. -LE PAPE.

« Tu es Pierre, et sur cette pierre je bâtirai mon Eglise ».

Voilà la base inébranlable; Pierre vivant dans ses successeurs, Pierre avec les clefs du royaume des cieux. On n’y entre qu’avec sa permission; quiconque veut aller au ciel dépend de lui. Peut-être que les rois n’y veulent pas aller. En ce cas, ils sont parfaitement indépendants; sinon ….

Ils sont libres d’aller partout, excepté au ciel, à moins qu’ils ne se mettent d’accord avec S. Pierre.

La Juridiction est universelle, elle est véritablement épiscopale. Pierre paît les brebis absolument comme les agneaux. Même pouvoir sur les uns et sur les autres.

Le Pape est infaillible. C’est un miracle, comme la perpétuité de l’Eglise en est un. L’infaillibilité est le principe de la perpétuité; voyez, comme contre-épreuve, les sectes protestantes et leur pulvérisation.

Pierre, pontife universel, se réserva plus spécialement l’Europe, laissa l’Asie au Patriarche d’Antioche, l’Afrique au Patriarche d’Alexandrie. Il n’y avait alors que trois parties du monde. Plus tard, un peu malgré les Papes, mais de leur consentement, on érigea un patriarche à Constantinople. On sait ce qu’il est devenu. Si le Pape érigeait un patriarcat pour l’Amérique, un autre pour l’Australie, ils auraient tous deux bien plus de raison d’être que celui de Byzance.

Le Pape est entouré du clergé Romain, lequel a le privilège de nommer un Pape nouveau, à mesure que meurent les successeurs de Pierre; mais de même que, au commencement surtout, un Pape était pris en tout pays, de même aujourd’hui et depuis longtemps déjà, les membres du clergé Romain chargés de l’élection du Souverain-Pontife sont pris un peu dans tous les états chrétiens.

Ce sont les cardinaux, qui aident le souverain-pontife dans le gouvernement de l’Eglise. Au-dessous, d’autres membres du clergé préparent d’importants travaux dans toute les directions, soit pour l’instruction et pour la propagation de la foi, soit pour l’enseignement de la doctrine, soit pour le maintien ou la réforme de la discipline, etc.

II. -LES EVEQUES.

Posuit episcopos regere Ecclesiam Dei. L’Eglise de Dieu est gouvernée par les évêques. Mais comme l’Eglise nous montre, dans ses annales, des évêques indignes, hérétiques, il faut les reconnaître à un signe. Ce signe est leur union au centre de l’Eglise, au Pape, l’Evêque de l’Eglise catholique, comme il signe dans les conciles généraux. L’Eglise, partagée en divers gouvernements, est régie par les patriarches, les primats, les archevêques et évêques. Avec une juridiction plus ou moins étendue, ils sont tous égaux par le caractère épiscopal; le Pape n’est pas plus évêque que le plus humble évêque des Iles de l’Archipel Grec, qui compte au plus trois cents diocésains.

Les évêques prêchent, confèrent la Confirmation et surtout l’Ordre; c’est par là qu’ils sont féconds. Par eux le sacerdoces, et l’épiscopat qui est la plénitude du sacerdoces, se perpétuent. Ils sont évêques, c’est-à-dire inspecteurs; à eux de surveiller les prêtres et les fidèles; à eux de leur donner l’instruction ou de les faire instruire; à eux de visiter la partie du troupeau universel confiée à leurs soins. Le Saint-Esprit découle de leurs mains, quand ils les imposent. Par eux les péchés sont absous, quand ils en donnent le pouvoir aux prêtres; par eux, les peuples sont instruits, quand ils leur envoient des prédicateurs, ordinaires ou extraordinaires; mais personne ne confère les Sacrements, personne ne rompt au peuple le pain de la parole que par leur autorité et par leur permission. Ainsi l’ordre se maintient, la pureté de la doctrine se conserve, la vie circule, les abus sont retranchés, le zèle est dirigé, l’action générale prudemment fortifiés.

III. -LES PRETRES.

Le clergé se partage en deux branches, le séculier et le régulier. Le clergé séculier est plus directement placé sous l’autorité des évêques, qui en font des curés, des vicaires, des aumôniers. Les évêques sont de doit divin, les curés de droit ecclésiastique. L’esprit de stabilité de l’Eglise a paru vouloir rendre en général les curés inamovibles; l’ont-ils été toujours? Rien de moins clair. Autre question: Quand ont commence les curés? Quand commencent-ils dans les pays nouvellement convertis?

En général, on voit peu les curés commencer; ce sont d’abord des missionnaires. Aucun des Apôtres, que je sache, n’a laissé de curés après lui. C’est possible, mais je n’en ai jamais entendu parler. Le curé est l’homme de la consolidation ou du maintien de la solidité. En bon père, il administre par la mission de l’Evêque; il baptise, marie, enterre, fait le catéchisme, le prône; il confesse, préside les associations pieuses, visite les malades, secourt les pauvres, les nourrit de ses épargnes, veille sur son troupeau; même en temps d’épidémie; ne fuit pas devant le loup, comme le mercenaire; il représente la foi par son enseignement, l’espérance par son mépris de la terre, la charité par son zèle pour la cause de Dieu et son amour pour les âmes.

J’oubliais le corps vénérable des chanoines. Jadis on les tournait un peu en ridicule, on avait tort. Le vrai chanoine est l’homme de la prière publique, de l’étude à l’ombre de la cathédrale, des bonnes oeuvres quand il a le temps; le conseiller de l’Evêque, quand on le consulte; le modèle de tout le clergé par sa ferveur, sa bonne tenue, ses vertus.

Du temps de S. Benoît, il y avait, comme on le voit en tête de sa règle, des moines coureurs, gyrovagi. Peut-être en voit-on aujourd’hui parmi les prêtres séculiers, mais nous n’avons pas à nous en occuper.

Quant au clergé régulier, il forme l’armée du Pape. Relevant plus directement du Chef de l’Eglise, il se compose de diverses familles religieuses, comme une armée de divers régiments. La solitude, la pénitence, la prière publique, le travail des mains, le soin des pauvres,, des malades, de l’enfance, l’éducation à tous les degrés, la prédication extraordinaire, la controverse contre toutes les espèces d’erreurs, la propagation de la foi sur les plages les plus lointaines; tel est le vaste champ ouvert aux travaux du clergé régulier. De même que, dans l’art militaire, les armes et la tactique se modifient et se perfectionnent, de même pour les corps religieux, dans la grande guerre pour la cause du Christ. Qu’il y ait là quelque-fois des défaillances et même des décadences, comme dans tout ce qui a un élément humain, qui en doute? Mais avec quel bonheur les ennemis de l’Eglise ne poursuivent-ils pas ces vaillants soldats? Et que de calomnies ne leur lancent-ils pas, à défaut de traits plus loyaux? Le clergé régulier basé sur ce principe, que la perfection a toujours été et sera toujours pratiquée dans l’Eglise, est impérissable; et peut- être les attaques dont il est l’objet sont-elles utiles, soit pour le forcer à se maintenir à sa légitime hauteur, soit pour l’exciter à opposer une sainteté plus grande à des accusations plus injustes.

E. D'ALZON.
Notes et post-scriptum