ARTICLES

Informations générales
  • TD 7.65
  • ARTICLES
  • DEPENDANCES DE LA HIERARCHIE CATHOLIQUE
    [CHAPITRE I ET II]
  • L'Assomption, IV, n° 1, 1 janvier 1878, p. 2-4.
  • TD 7, P. 65-72.
Informations détaillées
  • 1 APOSTOLAT DE LA CHARITE
    1 APOSTOLAT DE LA PRIERE
    1 APOSTOLAT DE LA VERITE
    1 APOTRES
    1 CALVINISME
    1 CHARITE ENVERS DIEU
    1 CHARITE ENVERS LE PROCHAIN
    1 DEFENSE DE L'EGLISE
    1 DEVOTION A LA SAINTE VIERGE
    1 DEVOTION AUX ANGES
    1 DEVOTION EUCHARISTIQUE
    1 DONS DU SAINT-ESPRIT
    1 ESPERANCE
    1 ESPRIT CHRETIEN DE L'ENSEIGNEMENT
    1 EXTENSION DU REGNE DE JESUS-CHRIST
    1 FOI
    1 FRANC-MACONNERIE
    1 HERESIE
    1 HIERARCHIE ECCLESIASTIQUE
    1 MARTYRS
    1 MINISTRES PROTESTANTS
    1 MIRACLES DE JESUS-CHRIST
    1 MISSIONNAIRES
    1 MISSIONS ETRANGERES
    1 MOINES
    1 MONASTERE
    1 OEUVRES CARITATIVES
    1 OEUVRES DE DEFENSE RELIGIEUSE
    1 OEUVRES MISSIONNAIRES
    1 PAGANISME
    1 PASSIONS MAUVAISES
    1 PRETRE
    1 PRIERES PUBLIQUES
    1 PROTESTANTISME
    1 REVOLUTION ADVERSAIRE
    1 REVOLUTION DE 1789
    1 SCHISME
    1 THEOLOGIE
    1 VERTU DE PAUVRETE
    1 VIE DE PRIERE
    1 VOCATION SACERDOTALE
    2 ALEXANDRE I, TSAR
    2 BOSSUET
    2 BOURDALOUE, LOUIS
    2 CHEVERUS, JEAN-LOUIS de
    2 DOMINIQUE, SAINT
    2 FRANCOIS D'ASSISE, SAINT
    2 JARICOT, PAULINE
    2 JEAN, SAINT
    2 JOSEPH, SAINT
    2 JURIEU, PIERRE
    2 LATOUR, GUSTAVE DE
    2 LOUIS XIV
    2 WISEMAN, NICOLAS
    3 AMERIQUE
    3 ANGLETERRE
    3 BOSTON
    3 ESPAGNE
    3 ETATS-UNIS
    3 EUROPE
    3 FRANCE
    3 INDES
    3 JAPON
    3 JERUSALEM
    3 LOURDES
    3 LYON
    3 PORTUGAL
    3 ROME
    3 RUSSIE
  • 1 janvier 1878.
  • Nîmes
La lettre

Fixons tout d’abord ce qu’il faut entendre par dépendances de l’Eglise catholique.

C’est l’ensemble des oeuvres que les simples fidèles doivent faire pour aider l’Eglise dans son action légitime au milieu du monde, afin de soutenir la faiblesse des uns, de donner par l’unité d’efforts une énergie nouvelle aux travaux des bons, et de lutter avec avantage contre les entreprises des méchants. Pour établir un peu d’ordre dans mon exposé, je distinguerai ce qui domine dans les oeuvres d’action, dont j’ai à m’occuper, et je les rangerai en trois catégories principales, selon qu’elles sont dominées par une pensée de foi, d’espérance ou de charité.

1. De tout temps, l’Eglise a éprouvé l’obligation d’envoyer au loin des apôtres de la vérité au milieu des populations païennes. C’est même un fait très frappant que le monopole qu’elle exerce, à la différence des sectes chrétiennes qui dépensent peut-être plus d’argent sans arriver, il s’en faut de beaucoup, au même résultat. Plusieurs ouvrages ont été composés sur ce sujet. Le cardinal Wiseman l’a traité en Italien dans les premières années de son sacerdoce; le vicomte de Latour, ancien député breton, a repris, il y a une vingtaine d’années, la question, dans une série d’articles qu’il m’avait autorisé à publier en brochure. J’ai lu, il y a peu, un livre assez volumineux écrit par un ecclésiastique dont le nom m’échappe malheureusement. On a beau dire, l’Eglise catholique a le privilège exclusif de convertir les infidèles. Elle en profite depuis la Pentecôte; et, chose admirable, s’il lui arrive de perdre ses droits sur certaines régions, des missionnaires aussitôt lui amènent de nouveaux enfants, qui la dédommagent de la perte de ses fils ingrats et déserteurs.

On n’étudie pas assez attentivement cette disposition providentielle de l’entretien des missions étrangères. Au commencement, les apôtres faisaient vite, parce qu’ils opéraient des miracles; la science à acquérir ne leur coûtait pas une minute: ils la possédaient par l’infusion du Saint-Esprit; alors ils ne coûtaient rien à personne, ils travaillaient des mains, quae mihi opus erant, ministraverunt manus istae, et ils montraient leurs mains devenues calleuses en fabriquant des tentes.

Plus tard, les moines ayant planté des monastères, prêchaient autour et attiraient des populations par leur charité, leur influence paternelle; ou, s’ils allaient au loin, ils emportaient le viatique fourni par leurs frères restés à l’abbaye. S. Dominique et S. François partirent sans provisions, se contentant de mendier leur pain; et ils allaient loin, soutenus à la vérité, de temps en temps, par la munificence des papes et des rois. L’Espagne et le Portugal se montraient magnifiques envers les évangélisateurs des Indes, du Japon, du nouveau-monde. Louis XIV fonda le séminaire des missions étrangères. Il le dota royalement, comme tout ce qu’il protégeait.

Puis les révolutions volèrent ces ressources. Les missionnaires allaient être condamnés à mourir de faim, quand Dieu inspira à une humble fille de Lyon de récolter, de la charité des fidèles, un sou par semaine. Le sou prospéra, il compose aujourd’hui des millions; et, comme les missionnaires catholiques coûtent un peu moins que les missionnaires protestants, il se trouve que les hérétiques fournissent plus d’argent, les catholiques plus de sang; et l’on sait que la véritable semence des chrétiens, c’est le sang des martyrs.

Les persécutions ont l’avantage de forcer bien des ecclésiastiques sédentaires à quitter leur pays. Ainsi, de 90 à 93, que de prêtre et même des laïcs se réfugièrent en Angleterre, aux Etats-Unis, en Russie même! Ce qu’ils y préparèrent pour des temps meilleurs, Dieu seul le sait.

Nous avons connu l’ancien évêque de Boston; d’autres Français redoutèrent moins la république des Etats-Unis que celle de France. Partout ils développèrent des germes de foi. Cela continue. Si de pareils germes ont été étouffés en Russie, il n’en est pas moins certain qu’il s’y préparera des ouvriers pour des temps meilleurs. Alexandre Ier est mort dans la foi catholique: ceci est aujourd’hui hors de doute, et sa mort même en serait pour quelques-uns une preuve.

L’Eglise perd bien des enfants, elle en gagne beaucoup plus. Voilà ce qu’il faut établir.

2. Moins étendue que la Propagation de la Foi, l’oeuvre de Saint-François-de- Sales cherche à atteindre un but de la plus haute importance: la préservation de la foi. Ce que sont les protestants de nos jours, qui peut le dire? Mais on peut dire que la révolution française et européenne est, en très grande partie, leur oeuvre. Lisez Ywuéu, lisez-en la réfutation par Bossuet dans ses Avertissements: tout ce qui se dit et se fait de nos jours est le fruit des oeuvres du pasteur calviniste. La préservation de la foi doit être plus que jamais l’objet des efforts des catholiques intelligents. L’oeuvre de Saint-François-de Sales y donne un puissant concours, et il importe de l’encouraager.

3. NOTRE-DAME DES VOCATIONS.

Je mets ce titre au troisième paragraphe, parce que c’est celui adopté par nous pour ce que nous avons cherché à organiser en faveur des vocations sacerdotales.

Ce serait très mal à nous de prétendre au monopole de cette sorte d’oeuvre, que je ne crains pas d’appeler l’oeuvre capitale. Pour avoir un clergé, il faut des prêtres; pour avoir des prêtres, il faut préparer des vocations. Etouffez les vocations, le clergé disparaîtra bientôt. C’est ce que nous voyons avec une certaine joie se préparer pour la Russie schismatique. C’est ce que nous verrions, avec une douleur immense, se réaliser pour le clergé catholique; c’est ce que rêve la Révolution menée à l’assaut de l’Eglise par la franc-maçonnerie.

On ne veut plus d’éducation chrétienne, parce qu’on ne veut plus de prêtres et qu’on espère, avec cet enseignement sans Dieu, étouffer les germes de vocation dans les jeunes âmes. C’est pour cela que les catholiques ont plus que jamais la rigoureuse obligation de verser d’abondantes aumônes entre les mains des Evêques d’abord, entre celles des chefs d’ordres religieux ou de congégations ensuite, s’ils veulent déjouer les projets impies des sociétés et fournir à l’armée de Jésus-Christ d’indispensables recrues.

Je ne parle pas des bibliothèques populaires, de l’oeuvre des campagnes et de tant d’autres fruits de l’Apostolat. Je me suis arrêté à trois principaux détails. L’esprit chrétien saura bien avoir d’autres inventions, quand ce sera nécessaire.

II. OEUVRES RELATIVE A LA PRIERE

La plus grande manifestation de l’espérance chrétienne, c’est la prière collective.

La révolution a un immense avantage sur l’Eglise, celui d’user des mauvaises passions pour son triomphe. Mais l’Eglise a un bien plus grand avantage sur la révolution: celui de mettre Dieu de son côté. Quelques, comme Jésus dormant sur la barque pendant la tempête, Dieu semble avoir besoin d’être réveillé par les cris de ses enfants en danger. A peine sorti de son sommeil, Jésus-Christ commanda aux flots et aux vents, et il se fit un grand calme.

Dieu n’en agit pas toujours ainsi. On entendait, sous l’autel montré à S. Jean dans l’Apocalypse, la voix de ceux qui disaient: Seigneur, quand vengerez-vous notre sang? et leur sang ne fut pas vengé aussitôt. On leur dit d’attendre le moment voulu. C’est que, dans le mouvement universel des choses, tout doit être réglé d’ensemble. Il semble que Dieu s’obstine à ne pas entendre, comme Jésus, la prière si ardente pourtant de la Chananéenne. Mais laissons faire, le Sauveur montrera bientôt, sous ces apparents dédains, son admiration pour la pauvre mère d’abord rebutée. O femme, s’écria-t-il, que votre foi est grande!

Les formes de la prière sont multiples et il est impossible de les énumérer toutes. Que de pieuses associations élèvent leurs supplications vers le ciel, sous la protection des Anges, des Saints, de S. Joseph, de la Sainte-Vierge, du Sacré-Coeur! Toutes ont des preuves de la protection d’en haut, et des faits prodigieux témoignent que ces formes de la piété sont agréables au ciel. Mais de toutes les dévotions la plus ancienne et la plus parfaite, comme le fait observer Bourdaloue, c’est la dévotion au Saint- Sacrement. C’est bien Jésus réellement présent, mettant ses délices à être au milieu des enfants des hommes, et que l’on invoque et que l’on adore; c’est le vrai trait d’union entre le ciel et la terre.

Or, si les oeuvres de prière ont jamais été utiles, c’est bien certes aujourd’hui. Elles sont même nécessaires, comme il est nécessaire que, dans les temps d’aridité, les vapeurs de la mer remontent vers le ciel pour retomber en pluie bienfaisante sur les terres desséchées; comme les sources sont nécessaires pour arroser les campagnes et faire pousser les plantes et les arbres.

Le cri de la prière est nécessaire, quand le danger est grand, quand la mer gronde, que tout effort humain devient impuissant, qu’il n’y a d’espérance qu’au ciel, et qu’on se souvient que tout chrétien y peu invoquer un Père.

La prière prend, dans des inventions, mille formes; elle prie dans le secret, elle prie dans les manifestations publiques, elle commence à prendre en goût de grands pèlerinages, qui sont en même temps des actes de pénitence et des manifestations de la foi. Qu’ils sont beaux ces convois de Pèlerins se dirigeant vers des sanctuaires bénis! L’Europe est accoutumée à voir ses habitants se rencontrer pour le commerce sur les plages lointaines. La foi ménage aux chrétiens les mêmes rencontres. De quel pays du monde ne part-on pas pour Lourdes? De quel pays du monde ne part-on pas pour Rome? On dit que Jérusalem aura bientôt son tour. Dieu seul le sait; ce que nous savons, c’est que Dieu peut vouloir des mélanges de populations étrangères les unes aux autres, pour préparer le règne du seul pasteur sur un seul troupeau.

E. D'ALZON
Notes et post-scriptum