ARTICLES|ARTICLES DU PELERIN|PRONES

Informations générales
  • TD 8.20
  • ARTICLES|ARTICLES DU PELERIN|PRONES
  • VINGT-QUATRIEME DIMANCHE APRES LA PENTECOTE.
  • Le Pèlerin, V, n° 47, 24 novembre 1877, p. 738.
  • TD 8, P. 20.
Informations détaillées
  • 1 AMOUR DES AISES
    1 AVARICE
    1 CHATIMENT
    1 COMMUNE
    1 CORRUPTION
    1 DECADENCE
    1 ENNEMIS DE L'EGLISE
    1 GUERRE CIVILE
    1 HAINE CONTRE DIEU
    1 HAINE DE SATAN CONTRE JESUS-CHRIST
    1 HYPOCRISIE
    1 JUGEMENT DERNIER
    1 JUIFS
    1 LACHETE
    1 NOTRE-SEIGNEUR
    1 PASSION DE JESUS-CHRIST
    1 PRUDENCE DE LA CHAIR
    1 RUSE
    1 SACRILEGE
    1 TRAITRES
    1 VERTU DE PAUVRETE
    2 JACOB
    2 LUC, SAINT
    2 MATTHIEU, SAINT
    2 VESPASIEN
    3 JERUSALEM
  • 24 novembre 1877.
  • Paris
La lettre

Deux dimanches de suite sur le jugement général, n’est-ce pas trop pour les gens qui aiment peu à réfléchir sur leurs fins dernières? Car vous le savez, aujourd’hui c’est saint Matthieu qui raconte ces choses désagréables; dimanche prochain, le premier de l’Avent, ce sera saint Luc qui nous les dira. Aussi par pure compassion pour vos oreilles, qui ont peu de goût pour les sons de la terrible trompette, je prends dans le vingt-quatrième dimanche uniquement ce que Notre-Seigneur nous annonce du chàtiment de Jérusalem.

Ah! ce devait être affreux et ce le fut.

Jamais siège ne fut plus terrible, non seulement de la part des assiègeants, mais surtout de la part des assiègés, qui eussent à coup sûr pu résister longtemps et épuiser les forces des ennemis, s’ils avaient agi avec entente, mais eux mêmes se chargeaient de s’entre-dévorer; ils gaspillaient les provisions, ils se livraient aux plus infernales orgies, pillant, massacrant. Le sang s’élevait à une certaine hauteur dans le parvis du temple; les factions ses précipitaient les unes sur les autres. On eut dit un prélude de la Commune et que l’argent de Vespasien produisait le même effet qu’en d’autres pays un autre argent peut produire. Jérusalem périssait plus par ses propres enfants que par ses ennemis du dehors. La civilisation d’alors était-elle arrivée à ce point qu’un vainqueur, embarrassé d’écraser le peuple dont il était jaloux, le battait moins par les armes que par les écus? A vrai dire, je ne le pense pas. Quelque dégradés que fussent les Juifs, ils étaient encore loin des turpitudes modernes. Ce n’était pas un acheteur tout-puissant qui les payait avec leur propre argent. C’était Dieu qui lui-même vengeait le sang de son Fils. Il leur laissa pour consolation la puissance de gagner de l’or. Hélas! ils n’en sont pas moins Juifs. Mais du coup, quand les générations perdent la foi et se précipitent dans les jouissances que l’or procure, ce sont les grands possesseurs d’or qui sont le plus les maîtres; les Juifs sont les vrais rois.

Si j’avais un conseil à donner aux chrétiens qui ne veulent pas être dominés par les fils de Jacob, je leur dirais: « N’aimez pas l’or, soyez pauvres, et vous deviendrez les maîtres du monde ».

Une réflexion non moins grave doit nous frapper. Jésus-Christ a prédit, avec des circonstances très précises, la ruine de Jérusalem, et Jérusalem est châtiée, comme l’a annoncé Notre-Seigneur. Mais les crimes de Jérusalem ne se renouvellent-ils pas? Jésus-Christ n’est-il pas persécuté dans la personne des siens? Quelque chose ne fait-il pas prévoir le châtiment providentiel? Grand sujet de méditation. En quoi participons-nous à ces crimes publics, à ces désertions, à ces trahisons, à ces révolte publiques contre Dieu et contre son Christ? Ah! nous nous en tenons loin, mais nous laissons faire. Qui me donnera des anathèmes assez efficaces contre la prudence mortelle de la chair et contre cette modération sacrilège qui prenant une balance, met Jésus-Christ dans un bassin, Satan dans l’autre, et dit: « L’un et l’autre font leurs inconvénients et leurs avantages. Satan est trop affreux, mais Jésus-Christ trop dûr. Jésus-Christ est la vertu même, mais Satan est bien habile. Prenons le masque de vertu de Jésus, mais ne négligeons pas les habiletés de Satan ».

Au fond, le premier politique des temps modernes, c’est le diable. Et, avant que la génération ne passât, les paroles de Jésus-Christ, ainsi qu’il l’avait déclaré, s’accomplirent. Combien de générations passeront avant la manifestation des châtiments mérités par les hommes de la civilisation moderne, qui ont hésité entre Jésus et Satan et ont fini par trahir Jésus et le crucifier?

Notes et post-scriptum