ARTICLES|ARTICLES DU PELERIN|PRONES

Informations générales
  • TD 8.54
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  • DEUXIEME DIMANCHE DE L'AVENT
  • Le Pèlerin, V, n° 49, 9 décembre 1877, p. 770-771.
  • TD 8, P. 24; CO 221.
Informations détaillées
  • 1 AMOUR DES AISES
    1 ANCIEN TESTAMENT
    1 ANGES
    1 AUSTERITE
    1 EDIFICE DU CULTE
    1 HISTOIRE DE L'EGLISE
    1 JESUS
    1 JUIFS
    1 MIRACLE
    1 MIRACLES DE JESUS-CHRIST
    1 PAROLE DE DIEU
    1 PELERINAGES
    1 PREAMBULES DE LA FOI
    1 PREDICATION
    1 RATIONALISME
    1 RESPECT HUMAIN
    1 SAUVEUR
    1 SOLITUDE
    1 VANITE
    1 VIE DE RECUEILLEMENT
    2 ABRAHAM
    2 DANIEL, PROPHETE
    2 GEDEON
    2 ISAAC
    2 ISAIE, PROPHETE
    2 JACOB
    2 JEAN-BAPTISTE, SAINT
    2 LEVI
    2 MACCABEES
    2 MOISE
    2 SAMSON, BIBLE
    3 NAZARETH
  • 9 décembre 1877.
  • Paris
La lettre

L’évangile se divise en deux parties principales: la première où est racontée l’ambassade des disciples de Jean à Jésus; la seconde où nous voyons les réflexions de Jésus à propos de son précurseur.

Ce n’est pas de la nouvelle loi que datent les pèlerinages. Outre la visite annuelle du Temple, les Juifs profitaient de toute occasion pour en faire. Abraham, Isaac, Jacob en firent d’assez nombreux. Le désert fut témoin du pèlerinage de quarante ans, auquel furent condamnés les Hébreux à tête dure. Au moment de l’apparition du Sauveur, c’est au désert, pour voir Jean, que se dirigeaient les pas des pélerins. Or celui-ci ne voulait pas frustrer de sa gloire celui qui devait sauver Israël. Il lui envoie deux disciples pour lui demander s’il est vraiment celui qui doit venir. Jésus répond par le récit des miracles qu’il fait. Il n’a pas d’autre réponse à donner, et, chose extraordinaire, il n’envoie à Jean aucun certificat de médecin. Peut-être les médecins d’alors les eussent-ils refusés, comme certains médecins d’aujourd’hui. Alors on croyait à la possibilité des miracles, et Jésus fondait sa mission sur les miracles. Pourquoi tant de chrétiens semblent-ils rougir d’appuyer leur foi sur les miracles de tous les jours, comme si la puissance de faire des miracles n’était pas continuée dans l’Eglise de Dieu, et comme si, en ébranlant cette puissance des miracles dans les temps présents, on n’ébranlait pas la foi aux miracles des premiers jours du christianisme?

Les disciples se retirent. Jésus interroge la foule qui le suit, après avoir entouré Jean: « Qu’êtes-vous donc allés voir au désert? Un roseau agité par le vent? » Eh! oui, ce n’est qu’un roseau qui, sous l’agitation du vent, rend un son insignifiant. Ah! ce n’est pas là le prophète. « Mais quoi? Un homme mollement vêtu? » Non, non, laissez ces hommes mous et efféminés dans les antichambres des rois poursuivre des dignités et des honneurs, tels que les rois d’alors les donnaient même aux fils de Lévi. Ce n’est point de cette race de prêtres que le salut d’Israël se fera; comme au temps des Macchabées, ils voudront se battre et ils seront vainçus.

«  Mais qu’êtes-vous donc allés voir? Un prophète? Oui et plus qu’un prophète, celui de qui Isaïe a dit: « Voilà que j’envoie mon ange devant vous« . Jean n’était pas un homme, c’était un ange, ou, si vous aimez mieux, un envoyé divin. Les anges étaient envoyés à Abraham, à Moïse, à Gédéon, aux parents de Samson, à Daniel. Jésus a, lui aussi, son ange, et c’est Jean. Admirable mission préparée dans le désert et dans la pénitence. Avant d’être le modèle des prédicateurs annonçant Jéses, Jean aura été le modèle des solitaires. Jésus, lui aussi, a passé trente ans dans la solitude de Nazareth. On dirait que toute voix évangélique, pour être féconde auprès des hommes, doit d’abord fuir les hommes.

La solitude n’est pas seulement utile au prédicateur. Elle l’est tout autant à l’auditeur. Pourquoi Jean a-t-il enseigné au désert? Pourquoi Jésus attirait-il les foules dans les montagnes? C’est dans le recueillement que la voix de Dieu se fait entendre. Vox clamantis in deserto. Cherchons la solitude et apprenons à nous y recueillir, loin du monde et de ses bruits: là est la voix de Dieu et la parole du salut.

Notes et post-scriptum