ARTICLES|ARTICLES DU PELERIN|PRONES

Informations générales
  • TD 8.26
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  • TROISIEME DIMANCHE DE L'AVENT
  • Le Pèlerin, V, n° 50, 16 décembre 1877, p. 790.
  • TD 8, P. 26.
Informations détaillées
  • 1 ADORATION
    1 AUGUSTIN
    1 BAPTEME
    1 CHATIMENT
    1 CONFESSION DU NOM DE JESUS-CHRIST
    1 DEFENSE DES DROITS DE DIEU
    1 DESSEIN DE SALUT DE DIEU
    1 DIEU LE FILS
    1 DROITS DE DIEU
    1 ENNEMIS DE JESUS-CHRIST
    1 ENSEIGNEMENT DE JESUS-CHRIST
    1 EXTENSION DU REGNE DE JESUS-CHRIST
    1 FAUSSE SCIENCE
    1 HARDIESSE DE L'APOTRE
    1 HUMILITE
    1 HUMILITE DE JESUS-CHRIST
    1 JESUS-CHRIST CHEF DE L'EGLISE
    1 JUIFS
    1 MESSIE
    1 ORGUEIL
    1 RESPECT HUMAIN
    1 SAUVEUR
    2 ELIE, PROPHETE
    2 ISAIE, PROPHETE
    2 JEAN-BAPTISTE, SAINT
    3 JERUSALEM
    3 JUDA, ROYAUME
    3 JUDEE
  • 16 décembre 1877.
  • Paris
La lettre

La grande plaie moderne est, d’une part, de faire Dieu l’humanité créée, de refuser le témoignage de Jésus-Christ, de rougir de lui surtout devant la société. Jean par son témoignage rend à Dieu ses droits et les proclame, proclame Jésus-Christ et sa révélation; il ne rougit point de sa doctrine.

Et hoc est testimonium Joannis. Quel témoignage? Le voici: Deum nemo vidit unquan: unigenitus Dei filius qui est in sinu patris, ipse enarravit;. Telle est la grandeur de la mission de Jean, rendre témoignage à Jésus-Christ, qui vient nous dire ce qu’il a vu dans le sein de son père, et confirmer cette mission aux yeux des hommes, autant qu’un homme peut rendre témoignage à la mission d’un Dieu. Et hoc est testimonium Joannis. Et ici est le témoignage de Jean, quand les Juifs envoyèrent de Jérusalem pour l’interroger: « Qui êtes vous? Tu quis es?Et il confessa, et il ne nia point, et il confessa« . Quelle insistance! Mais quoi? « Qu’il n’était pas le Christ. » En ce moment une grande agitation traversait la Judée, le sceptre était bien sorti de la maison de Juda, le Messie n’apparaissait pas encore. Le concours fait autour de Jean permettait de croire que ce pourrait bien être lui. Mais non; il repousse avec horreur cette supposition; par là il se donne le droit de proclamer le Christ véritable. On lui demande: « Seriez-vous donc Elie? » Il répond: « Je ne le suis point. -Etes-vous prophète? Il répond non« . Il se met à sa place dans l’humilité. Le héraut de l’humble Jésus devait, dit saint Augustin, être humble lui-même, et c’est ce qui lui donne le droit de présenter au monde son sauveur: « Ecce qui tollit peccatum mundi; voilà celui qui détruit le péché du monde ». Il lui prépare ainsi la place. Quand il apparaîtra, on saura ce qu’il est, que c’est lui. L’étonnement était grand parmi les envoyés des Juifs. C’étaient des pharisiens, c’est-à-dire la partie orgueilleuse de la nation. Ce sont les pharisiens de la science moderne qui se croient le droit de s’insurger et contre le témoignage de Jean et contre la prédication de Jésus-Christ. Et qui missi fuerant, erant ex pharisaeis.

Ils lui dirent: « Qui êtes-vous donc, afin que nous puissions porter une réponse à ceux qui nous ont envoyés; que dites-vous sur vous-même? Cette question semblerait très simple, si nous ne savions que ceux qui la firent étaient pharisiens: Et qui missi fuerant, erant ex pharisaeis.

Jean dit: « Je suis la voix de celui qui crie au désert: rendez droite la voie du Seigneur, selon que l’a dit le prophète Isaïe ».

Mais les envoyés étaient des pharisiens. Vous comprenez bien qu’ils reprennent leur fierté: « Pourquoi baptisez-vous donc, si vous n’êtes ni le Christ, ni Elie, ni prophète? » Question mise sur les lèvres des interrogateurs avec un mauvais esprit; question qui sera tranchée bientôt par la réponse de Jean. « Oui, je baptise, mais je ne baptise que dans l’eau. Or, sachez-le, il y en a un au milieu de vous et vous ne le connaissez pas »; il vit pourtant. Voilà le témoignage positif qui commence. Voilà la hardiesse divine du précurseur qui ne parle pas de lui-même, mais qui ne rougit pas de parler. Voilà la lumière qui va se faire: « Il est au monde depuis plusieurs années; pourtant la science pharisaïque ne le connaît pas encore. Medius autem vestrum est, quem vos nescitis« , et cela a lieu depuis dix-neuf siècles. Des savants qui ne voient pas, qui ignorent: quem vos nescitis. Mais le Messie n’en est pas moins au milieu d’eux. « C’est celui qui a été fait avant moi » dans les décrets éternels. « Il viendra après moi, et je ne suis pas digne de délier la courroie de sa chaussure »

Tel est le témoignage de Jean, et de ce témoignage il résulte que le Précurseur ne craint pas de parler de celui qu’il est chargé d’annoncer. Et il ne rougit pas de lui. Il se met à ses pieds, prêt à lui rendre les services les plus humbles.

Oh! quand les chrétiens auront-ils un courage pareil? Quand auront-ils pour Dieu plus que du respect? Que les puissants du jour fassent répandre à profusion dans les campagnes qu’ils respectent Dieu, qu’ils fassent à leur manière, pourvu que ce respect à la fois insuffisant et menteur n’attire pas sur ceux qui s’en vantent un châtiment exemplaire. Dieu ne veut pas être respecté, il veut être adoré en esprit et en vérité. Et Jésus-Christ, son fils, Dieu comme lui, veut comme lui être adoré et obéi. Mais c’est toujours le même cri: ;Nolumus hunc regnare super nos.

Pour nous, sachons adorer Dieu sans crainte, faire règner Jésus-Christ, notre Dieu, et ne craignons pas d’établir que pour beaucoup il est la pierre de scandale. Pour les élus il est la pierre fondamentale, en dehors de laquelle tout édifice bâti sans lui croulera.

Notes et post-scriptum