ARTICLES|ARTICLES DU PELERIN|PRONES

Informations générales
  • TD 8.28
  • ARTICLES|ARTICLES DU PELERIN|PRONES
  • NOEL
  • Le Pèlerin, V, n° 51, 22 décembre 1877, p. 805-806.
  • TD 8, P. 28.
Informations détaillées
  • 1 ADORATION
    1 APOSTOLAT DE LA VERITE
    1 CATECHISME
    1 CONSEQUENCES DU PECHE
    1 CRECHE DE JESUS-CHRIST
    1 DETACHEMENT
    1 ENFANTS
    1 EVANGELISATION DES PAUVRES
    1 HUMILITE DE JESUS-CHRIST
    1 IMITATION DE JESUS CHRIST
    1 INCARNATION DE JESUS-CHRIST
    1 LUTTE CONTRE LE MONDE
    1 ORGUEIL DE LA VIE
    1 PAROLE DE DIEU
    1 PAUVRETE DE JESUS-CHRIST
    1 PERFECTIONS DIVINES DE JESUS-CHRIST
    1 PREMIERE COMMUNION
    1 RESPECT HUMAIN
    1 SAUVEUR
    1 SILENCE DE JESUS-CHRIST
    1 VERBE INCARNE
    1 VERTU DE PAUVRETE
  • 22 décembre 1877.
  • Paris
La lettre

Verbum caro factum est.

Quels exemples un Dieu fait homme donne aux hommes qu’il vient sauver?

1° Dans la crêche, où les bergers pauvres viennent l’adorer, il est encore plus pauvre qu’eux, et, étant roi, il semble vouloir que son premier titre, celui qui apparaît tout d’abord, soit d’être le roi des pauvres. Arrière ceux qui rougissent de sa pauvreté! Vous avez honte de sa royale indigence? Allez-vous en. Les pauvres sont ses premiers amis. Les riches viendront plus tard, en s’appauvrissant de tout ce qu’ils donneront, en imitant le Verbe fait chair, qui « lorsqu’il était riche, dit l’Apôtre, s’est fait pauvre pour nous ».

2° La pauvreté possède donc une vertu particulière pour nous guérir, puisque le suprême médecin de nos âmes se présente à nous avec la plus absolue pauvreté. Ah! que les liens de ce monde nous attachent à la terre, nous en font les captifs et les esclaves, et nous empêchent de prendre notre élan vers le royaume du Verbe fait chair! Il faut nous dépouiller de nous-même et de tout ce qui nous enchaîne ici-bas. Grand labeur dont peu sont capables. Telle est la raison pour laquelle Jésus-Christ à la crêche a si peu de vrais adorateurs.

3° Celui qui s’est fait chair, c’est le Verbe du Père, Parole divine, l’éternelle Vérité. Les anciens tableaux le représentent étendu sur un peu de foin, un doigt sur ses lèvres (1). Est-ce pour nous rappeler que la parole de vie sort de cette bouche? Est-ce pour nous dire que lui, la Parole, consent à se taire pendant les jours de sa première enfance? Est-ce pour nous demander d’ouvrir ces lèvres encore fermées dans la personne des enfants? Veut-il que nous parlions à sa place à ceux qui ne le connaissent pas? Une pensée me frappe: Arrivée à l’époque de son apostolat, il dira: « Evangelisate pauperibus nisit me: Mon Père m’a envoyé évangéliser les pauvres ». Or, tandis que pour se soumettre aux infirmités de l’âge, il reste sans voix, ne semble-t-il pas dire aux vrais adorateurs de son enfance: « Evangélisez pour moi? -Et qui?- Mais ceux à qui j’ai été envoyé, ces chers pauvres auprès de qui je vous donne la dignité de mon Précurseur. -Et comment? -En leur parlant de Dieu, de moi, de leurs péchés, du pardon que je leur apporte, de l’espérance divine, du ciel qui les attend ».

Allez ainsi à tous les pauvres. Allez encore à ceux que leur âge rapproche de Jésus naissant. Allez aux enfants, faites-leur le catéchisme, expliquez-leur les mystères. Apprenez- leur à faire de leur coeur une crêche la moins indigne possible de l’Enfant Jésus, le jour de leur première communion. Ils ont l’instruction, je le sais, dans leur paroisse, dans les écoles. Mais n’en est-il pas qui ne les fréquentent pas? Et parmi ceux qui fréquentent les catéchismes et l’école, combien ont besoin d’explications personnelles, parce qu’ils ont compris de travers! On voit cette inintelligence dans les familles aisées, à combien plus forte raison dans les classes moins favorisées.

4° Le Verbe fait chair, représenté dans la crêche avec son doigt sur les lèvres, ne semble-t-il pas nous dire: « Faites-moi parler des choses célestes dans la personne des petits pauvres, mes frères, et que j’aime comme d’autres moi-même? Ce que vous aurez fait au plus petit d’entre eux, c’est à moi-même que vous l’aurez fait. Voyez comme je consens à intervertir les rôles. Moi! le docteur par excellence, je consens à devenir votre disciple dans les enfants que vous instruisez, et vous deviendrez chez ces chers enfants mon docteur. Suis-je assez bon? »

Mais pour accomplir cette oeuvre, il faut savoir connaître la vérité, la prêcher avec clarté, précision, exactitude, sortir du vague où périt l’intelligence de bien des hommes. Je dois être instruit, si je veux instruire. Qui sait si, pour faire l’oeuvre d’un bon catéchiste, je n’aurai pas besoin de me catéchiser moi-même, peut-être de me faire catéchiser à nouveau?

Conclusion pratique*. -J’achèterai un catéchisme, j’examinerai si je ne l’ai pas oublié, j’en étudierai les parties devenues obscures par oubli, et puis je l’enseignerai à quelques petits pauvre illettrés. Excellent moyen de me maintenir dans la connaissance de ma religion, d’y trouver un charme à l’étudier, de faire un bon chrétien et de procurer à Jésus naissant dans la pauvreté des adorateurs comme il les aime, de petits pauvres dont les coeurs lui seront autant de berceaux, le jour de leur première communion.

Notes et post-scriptum
1. Voir la belle gravure d'après Lorenzo di Credi, première livraison de cette année, p. 3. (Le Pélerin, 6 janvier 1877)