ARTICLES|ARTICLES DU PELERIN|PRONES

Informations générales
  • TD 8.31
  • ARTICLES|ARTICLES DU PELERIN|PRONES
  • PREMIER JANVIER
  • Le Pèlerin, V, n° 52, 29 décembre 1877, p. 816.
  • TD 8, P. 31
Informations détaillées
  • 1 AMOUR-PROPRE
    1 CHATIMENT DU PECHE
    1 DEVOIR
    1 DIEU
    1 ESPERANCE
    1 FRANCHISE
    1 HUMILITE
    1 JUSTICE DE DIEU
    1 MAUX PRESENTS
    1 MECHANTS
    1 MISERICORDE DE DIEU
    1 MORTIFICATION
    1 PATIENCE
    1 PURGATOIRE
    1 VERTU DE FORCE
  • 29 décembre 1877.
  • Paris
La lettre

Que vous souhaiter pour l’an de grâce 1878?

1° L’humilité. Moins que jamais nous avons sujet d’être fiers; le meilleur parti à prendre est d’être très humbles à tous les points de vue. Humilions-nous surtout devant Dieu, qui nous châtie, parce que nous le méritons mille fois plus que nous ne saurions le dire. Humilions-nous avec une certaine joie, parce que réellement nous avons affaire à un prince débonnaire, et qui nous épargne plus des trois quarts des châtiments que sa justice devrait nous imposer pour nos sottises de tous les jours. Après tout, si Dieu fait tant pour ses élus, et si nous avons la prétention de l’être il faut bien comprendre une fois pour toutes que, si les verges sont un moyen indispensable de nous faire marcher, eh bien! il ne faut pas crier trop si nous passons par ses verges paternelles.

2° La patience, belle vertu qui met la perfection à nos oeuvres. Patientia autem opus perfectum habet. Ah! je vous en souhaite une très abondante dose. D’abord pour bien supporter ce qui se passe autour de nous et qui, je le comprends, doit à certaines heures vous horripiler. A quoi bon se plaindre? D’abord cela ne fera ni chaud ni froid; puis nous l’avons bien en peu mérité tous tant que nous sommes; puis pour supporter la joie des faquins, j’allais dire leur triomphe. Mais triomphent-ils? Ne songent-ils pas plutôt à se manger entre eux? Que ces gens-là par leur simple vue portent sur les nerfs, et agacent les dents comme du verjus, je ne dis pas précisément le contraire, mais quel excellent instrument de mortification ne peuvent-ils pas être! Allons, supportons-les, quoique insupportables; prouvons par là que nous commençons à faire des miracles de patience, mais le miracle sera bien plus grand si, notre patience s’exerçant sur nous-mêmes, nous parvenons à nous supporter. Ah! que c’est difficile à certains moments! Mais enfin nous ne serons débarrassés de nous qu’au tombeau, et encore si nous allons en purgatoire, c’est là qu’il faudra de la patience! Faisons-en l’apprentissage dès cette vie.

3° Le courage. Presque toujours si nous avons des désagréments, c’est que nous sommes des poltrons. Sotte position pour des gens qui ont leur fierté, nous avons peur et nous voulons faire blanc de notre épée. Erreur profonde, malheureusement si commune. Ayons le courage qui ne se vante pas, qui ne gonfle pas, qui ne se surfait pas, mais qui va ferme dans la ligne du devoir. Hélas! que l’on est quelquefois tenté de biaiser ou d’envoyer tout promener! Mais non, le vrai courage va droit son chemin, fait son devoir et ne cherche sa récompense qu’au ciel.

Je pourrai vous offrir d’autres voeux; mais comme cela diffère probablement de ceux que d’autres vous apporteront, je n’irai pas plus loin. Et puis, moi aussi, j’ai à faire mes visites.

Notes et post-scriptum