ARTICLES|ARTICLES DU PELERIN|PRONES

Informations générales
  • TD 8.33
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  • TROISIEME DIMANCHE DE L'EPIPHANIE
  • Le Pèlerin, V, n° 56, 26 janvier 1878. p. 55
  • TD 8, P. 33.
Informations détaillées
  • 1 ABUS DES GRACES
    1 AMOUR DE JESUS-CHRIST POUR LES HOMMES
    1 AUGUSTIN
    1 CIEL
    1 CONVERSION SPIRITUELLE
    1 DECADENCE
    1 DESSEIN DE SALUT DE DIEU
    1 EXAMEN DE CONSCIENCE
    1 FIDELITE A LA GRACE
    1 GRACE
    1 GUERISON
    1 JESUS-CHRIST AUTEUR DU PARDON
    1 JUSTICE DE DIEU
    1 LUTTE CONTRE LE PECHE
    1 MIRACLES DE JESUS-CHRIST
    1 MISERICORDE DE DIEU
    1 PECHEUR
    1 PERSEVERANCE
    1 PREDESTINATION
    1 PROGRES DANS LA VIE SPIRITUELLE
    1 PURGATOIRE
    1 RESISTANCE A LA GRACE
    1 RESPONSABILITE
    1 SALUT DES AMES
    1 VIE PUBLIQUE DE JESUS-CHRIST
    2 BOSSUET
  • 26 janvier 1878.
  • Paris
La lettre

La volonté de Jésus-Christ de nous sauver est ce qui rend le pécheur inexcusable. « Seigneur, lui dit le lépreux de l’Evangile, si vous voulez, vous pouvez me sauver ». A quoi Jésus-Christ répond: « Je le veux, soyez purifié ». Quand Jésus-Christ a-t-il refusé, pendant sa vie évangélique, une seule guérison? Jamais, et les prodiges accomplis pour guérir les corps étaient le symbole de sa volonté de sauver les âmes, si elles le voulaient, de leur côté.

Dieu par sa grâce, nous donnera la couronne, dit saint Augustin, si nous marchons conformément à la première grâce qu’il nous a accordée. Coronat in nobis Deus dona gratiae suae, si in ea gratia quam primam accepimus, perseveranter ambulemus.

Nous n’avons donc qu’à aller en confiance, pourvu que nous correspondions à la grâce première et à toutes celles qui la suivront.

Remarquons bien: Le lépreux à la vérité dit: « Si vous voulez », mais de toute éternité Dieu voulait purifier le lépreux et en faire la preuve de sa bonne volonté envers les pécheurs. Dieu de toute éternité veut que les pécheurs soient sauvés. Deus vult omnes homines salvos fieri. Seulement ils ne profitent pas des premières grâces, ea gratia quam primom accepimus, et il en résulte qu’il ne sont pas sauvés, mais par leur faute. Il y a un moment inconnu sans doute des pécheurs, mais où, fait observer Bossuet, Dieu n’accorde plus de grâces, non pas qu’il soit jamais permis à l’homme de dire ici-bas: Dieu m’a abandonné, mais parceque, dans les trésors insondables de sa justice, voyant ses avances méprisées, il est arrêté. Il y a un moment où les réprouvés sont inexcusables: Ita ut sint inexcusabiles.

Mais quand le pécheur correspondant à l’invitation d’en haut reçoit dans son coeur la grâce et la fait fructifier, il est toujours sûr que Dieu, qui ne l’a peut être pas guéri à la première visite, à la seconde ou à la troisième très certainement lui dira: « Je le veux,soyez guéri, Volo, mundare » et la conversion commencera à devenir efficace, elle produira ses fruits, le péché sera extirpé, les vertus pousseront, l’âme s’embellira dans une santé vigoureuse, succédant à l’horrible lèpre, parceque Jésus-Christ lui aura dit: Volo, mundare.

C’est à chacun à sonder son coeur et ses reins pour examiner s’il veut être bien guéri. Que de gens ont l’air de vouloir leur guérison et au fond ne la veulent pas du tout, même pour les maladies du corps! Que d’hommes à qui l’on dit: « Prenez garde! vous menez une vie qui ne tiendra pas longtemps, vous serez vite usé ». Et ils continuent. J’en ai vu qui avaient calculé la durée de leur vie et qui, ayant calculé trop juste, l’avant-veille de leur dernier soupir promettaient, si Dieu les guérissait, de se faire religieux. Et Dieu, au lieu de les laisser aller au couvent, les mettait (je l’espère) dans son saint paradis, après les avoir fait passer (je le crains) assez longtemps en purgatoire, couvent plus dur que bien d’autres.

Veuillez remarquer, en second lieu, que ce n’est pas tout d’être guéri, il faut se maintenir en santé. Si notre lépreux, après sa guérison, fut allé faire joyeuse chère avec du porc ladre, il est probable que le mal lui fut revenu. Que d’hommes, après une guérison morale passagère, vont fréquenter des êtres pires que des pourceaux et bien plus empestés à coup sûr!

Après la guérison du corps, il faut respirer un air pur et prendre une nourriture sains; après la guérison de l’âme, il importe de fuir les occasions dangereuses, les relations coupables, les lieux où la tentation envahit, les conversations qui aident le mal à entrer par les oreilles, les lèvres et les spectacles qui le font entrer par les yeux, en un mot, il faut aider la grâce en continuant le miracle de la conversion. Ce n’est certes pas un petit miracle que la conversion continuée, c’est un prodige semblable à la création conservée. Mais ne nous jetons pas dans la philosophie.

Quoi qu’il en soit, Dieu est bon, très bon; il veut que nous nous convertissions; il nous en donnera les moyens, après nous avoir fait toutes sortes d’avances.

A nous de voir si nous voulons ou si nous n’avons pas le courage de vouloir. La lèpre disparaîtra sur un acte de la volonté de Dieu uni à la nôtre. Elle continuera ses ravages, si le bon vouloir de Dieu ne reçoit pas notre concours. A nous de choisir, mais si nous manquons d’énergie, n’accusons plus Dieu, n’accusons que nous-mêmes.

Notes et post-scriptum