- TD 8.42
- ARTICLES|ARTICLES DU PELERIN|PRONES
- DIMANCHE DE LA SEXAGESIME
- Le Pèlerin, N. S., II, n° 60, 23 février 1878, p. 122-123.
- TD 8, P. 42
- 1 AMOUR DU PAPE
1 AUTORITE PAPALE
1 CARDINAL
1 DENIER DE SAINT-PIERRE
1 ENNEMIS DE DIEU
1 ENNEMIS DE L'EGLISE
1 EPREUVES DE L'EGLISE
1 IMMACULEE CONCEPTION
1 INFAILLIBILITE PONTIFICALE
1 MAUX PRESENTS
1 MERE DE DIEU
1 MORT DE JESUS-CHRIST
1 PAPE DOCTEUR
1 PAPE GUIDE
1 PAPE SOUVERAIN
1 PRIERE A LA SAINTE VIERGE
1 PRIERE AU SAINT-ESPRIT
1 SACRILEGE
1 SPOLIATEURS
1 UNITE CATHOLIQUE
1 VERTUS DE L'APOTRE
2 PIE IX
2 PIERRE, SAINT
3 JERUSALEM, GETHSEMANI
3 ROME
3 ROME, VATICAN - 15 février 1878.
- Paris,
L’Eglise est en deuil. Pie IX a rendu le dernier soupir. De ce long pontificat, il reste les sacrilèges des ennemis de Dieu condamnés par une force qui n’était pas de l’homme, alors même qu’elle agissait avec la parole d’un homme. Il reste la plus grande gloire que la Mère de Dieu ait pu recevoir ici-bas et l’affirmation solennelle des droits du Souverain Pontife. Il reste trente ans et plus d’une bonté ineffable, malgré toutes les tribulations; les actes d’une grande âme et d’un grand coeur, illuminés par les splendeurs d’en haut. Il reste un magnifique travail d’unité plus grande parmi les croyants et les docteurs des croyants, quand autour de la société ecclésiastique tout se dissout et tout se pulvérise.
La grande figure de Pie IX aura plané sur la seconde moitié du XIXe siècle pour apprendre aux hommes comment on peut être attrayant, doux et ferme, comment on peut souffrir avec joie, comment on peut persévérer à travers les ingratitudes et les mensonges, porter sa croix et suivre Jésus-Christ. Il aura été le vrai vicaire de Dieu, grand pontife, avec un caractère royal, comme aucun souverain ne l’a montré depuis des siècles.
Mais parce que l’Eglise a perdu son chef, il n’est pas vrai qu’elle l’ait perdu pour toujours. Sous peu il apparaîtra de nouveau, élu de Dieu, inspiré par le Saint-Esprit. L’homme succède à l’homme, l’institution pontificale est impérissable comme les promesses de Dieu. Oui, l’institution sur laquelle est bâtie l’Eglise, la papauté, restera. Seulement, comme elle renferme deux éléments, l’élément divin et l’élément humain, c’est à nous à obtenir toute la perfection pour l’homme chargé de fournir ce qu’il faut bien appeler la partie inférieure de la papauté. Que de saints ont occupé la chaire de saint Pierre! Mais tous les papes n’ont pas été des saints et il nous en faut aujourd’hui. Il ne faut pas douter que Pie IX n’ait été un des plus grands pontifes donnés par le Ciel pour gouverner l’Eglise de la terre. Demandons que celui dont le nom sera proclamé dans quelques jours, soit un saint aussi; qu’il soit doux et ferme à la fois, qu’il proclame la vérité, qu’il soit le vrai docteur infaillible, qu’il poursuive tout mal et qu’il livre à l’enfer des combats victorieux; qu’il découvre la perfidie des ennemis cachés, qu’il confonde les ennemis ouverts, qu’il guide le peuple de Dieu dans les voies de la justice et de la vérité.
Pour obtenir le Pontife apte à conjurer les immenses dangers du jour, pour faire descendre sur lui toutes les grâces de l’Esprit divin, tandis que les membres du Sacré-Collège réunis au Vatican chercheront à découvrir celui que Dieu marquera bientôt du doigt, nous avons un puissant moyen à notre disposition, la prière, le jeûne, l’aumône. Prions beaucoup, courbons la tête sous le joug de la pénitence, donnons et donnons surtout au Pape. Le Pape est dans ces temps de spoliations le plus grand des indigents. Il n’est pas seulement pauvre; dans sa pauvreté il est obligé d’aider, d’entretenir d’autres pauvres. Faisons passer nos dons par ses mains bénies; ils n’en seront que plus agréables à Dieu. Préparons l’obole que nous lui offrirons sous peu par de pieuses économies, dont le mérite sera double; elles nous mériteront un saint Pape, et quand il apparaîtra au monde, elles l’aideront dans les besoins sans nombre qui pèseront aussitôt sur lui.
Mais surtout prions. Adressons-nous à Marie, si exaltée par Pie IX; adressons-nous à Jésus-Christ dans le sacrement de son amour, qui le rend toujours présent à son Eglise. Invoquons sans cesse l’Esprit-Saint, pour qu’il illumine les membres du Sacré-Collège, et que bientôt un pontife selon le coeur de Dieu parle et persuade, instruise et commande, et que prenant en sa main vigoureuse le gouvernail de la barque de Pierre, il la conduise à travers les tempêtes et les écueils, à travers les flots les plus soulevés, là ou sera pour toujours la paix et la lumière.
Enfin prions pour celui dont la vie, quand il aura été choisi pour l’immolation, sera semblable à l’agonie de Gethsémani ou à l’abandon du Calvaire. Un missionnaire conjurait dans une retraite pastorale les prêtres , ses auditeurs, à prier beaucoup pour l’homme le plus à plaindre du diocèse, pour l’évêque. Prions pour l’homme qui va être le plus à plaindre de l’univers, pour le Pontife que le Saint-Esprit va nous donner.
Rome, le 15 février 1878.