ARTICLES|ARTICLES DU PELERIN|PRONES

Informations générales
  • TD 8.45
  • ARTICLES|ARTICLES DU PELERIN|PRONES
  • DIMANCHE DE LA QUINQUAGESIME
  • Le Pèlerin, N. S., II, n° 61, 2 mars 1878, p. 136.
  • TD 8, P. 45.
Informations détaillées
  • 1 AMOUR DU PAPE
    1 AUTORITE PAPALE
    1 CARDINAL
    1 EGLISE MILITANTE
    1 ENNEMIS DE L'EGLISE
    1 IMITATION DE JESUS CHRIST
    1 NOTRE-SEIGNEUR
    1 PAPE DOCTEUR
    1 PAPE GUIDE
    1 PASSION DE JESUS-CHRIST
    1 PERSECUTIONS
    1 RESURRECTION DE JESUS-CHRIST
    1 REVOLUTION ADVERSAIRE
    1 SAINT-ESPRIT
    1 SOUFFRANCE APOSTOLIQUE
    1 SUCCESSION APOSTOLIQUE
    1 TRIOMPHE DE L'EGLISE
    2 CLEMENT, SAINT
    2 CLET, SAINT
    2 ELIE, PROPHETE
    2 ELISEE
    2 LEON XIII
    2 LIN, SAINT
    2 PIE IX
    2 PIERRE, SAINT
    3 JERUSALEM
  • 2 mars 1878.
  • Paris,
La lettre

« Voilà que nous montons à Jérusalem, dit Notre-Seigneur à ses apôtres, et le Fils de l’homme sera livré aux gentils, conspué, flagellé crucifié, et il ressuscitera le troisième jour. » Qui a été plus livré aux gentils, aux impies, que Pie IX? Et voilà qu’il ressucite dans Léon XIII. Peu de gens, au moment où elle eut lieu, se préoccupèrent de la résurrection du fils de l’homme, et elle eut lieu pourtant, et peu à peu l’Eglise se répandit avec les procédés du Calvaire. Les apôtres et leurs disciples, les martyrs, furent les premiers imitateurs du Galiléen crucifié, et l’Eglise se fonda par la croix de ses enfants. Etrange destinée que celle d’hommes que l’on met en pièces et qui, sur une promesse d’immortalité, se trouvent heureux d’être déchirés, mis à mort. Et l’Eglise poursuit son oeuvre. Elle meurt et elle ressuscite dans ses enfants, comme le soleil qui s’enfuit tous les soirs, pour s’élancer comme un géant tous les matins; c’est toujours le même soleil et c’est toujours la même Eglise.

Or, nous assistons aujourd’hui à un spectacle merveilleux. Après trente-deux ans bientôt de pontificat éprouvé par toutes les souffrances, toutes les trahisons, toutes les haines, après avoir excité un amour comme, après Notre- Seigneur, nul homme ne l’a excité sur la terre entière, Pie IX est couché dans le cercueil par la mort. Le monde chrétien se couvre d’un long crêpe. Mais, ô spectacle qui n’a jamais été vu, à l’exception de deux ou trois, tous les cardinaux, dans leur nombre presque complet se reéunissent des quatre vents. On peut dire d’eux: ubi fuerit corpus, ibi congregabuntur et aquilae. Pourquoi l’empressement de ces vieillards autour d’une tombe? Pour réveiller l’esprit qui l’animait, et de cette poussière vénérée la faire passer dans une âme vivante. Comme Elie laissa son manteau à Elisée, comme Pierre laissa son esprit à Lin, Clet et Clément, ainsi Pie IX laissa son esprit à Léon XIII, et cela s’est fait ainsi à travers les siècles, et cela se fera jusqu’à la fin des temps. Le souverain pontife sera comme le divin Sauveur, la grande victime de l’Eglise, mais après trois jours vous le verrez ressusciter, comme Jésus au tombeau, comme jésus à l’autel.

Et maintenant que l’Eglise a un nouveau chef, nous est-il permis de tourner un regard tendrement filial vers celui que nous avons tant aimé et qui, nous le savons, nous aimait dans notre obscurité? Mais n’aurons-nous d’affection que pour lui? Au dessus de Pape, au-dessus de Pierre lui-même, il y a la papauté; il y a l’institution divine impérissable, la papauté, notre amour, notre grande préoccupation, nos combats, s’il en est besoin, notre vie tout entière. Regardez autour de vous, qu’est-ce qui ne tombe pas, excepté l’Eglise? Quels fondements sociaux ne sont pas ébranlés, excepté la pierre pontificale? Le déluge des révolutions monte. Un seul roc nous reste pour asile, la papauté.. Allons-y chercher le refuge et le salut.

O vous que l’élection de vos frères a mis, depuis quelques jours à peine, au dessus d’eux et au dessus du monde chrétien pour le régir, l’enseigner, la défendre, le gouverner et le sauver, recevez les voeux de vos enfants. O Père nouveau dans une famille ancienne comme l’Evangile, acceptez leur obéissance. Ils vous promettent d’accomplir à votre voix les rudes labeurs des temps présente; acceptez leur amour, et qu’il vous soit une consolation, comme il est pour eux une force. Montrez les écueils pour que nous les évitions, les travaux pour que nous nous y livrions. Soyez saint pour nous sanctifier, énergique contre l’erreur, compatissant au repentir. Mais quoi! est-il nécessaire de vous dire autre choses? Soyez-nous un père. La famille chrétienne ne veut faire qu’un tout d’enfants dignes de vous, guidez-nous. Nous vous suivrons, ô Père, ô Pasteur donné par l’Esprit de Dieu; nous avons la foi que cet Esprit est en vous, et dès lors, quels que soient nos combats, nous sommes assurès de triompher.

Rome, le 22 février 1878.

Notes et post-scriptum