ARTICLES|ARTICLES DU PELERIN|PRONES

Informations générales
  • TD 8.47
  • ARTICLES|ARTICLES DU PELERIN|PRONES
  • PREMIER DIMANCHE DU CAREME
  • Le Pèlerin, N. S., II, n° 62, 9 mars 1878, p. 152.
  • TD 8, P. 47.
Informations détaillées
  • 1 AMOUR DU PAPE
    1 APOSTASIE
    1 AUTORITE PAPALE
    1 BESOINS DE L'EGLISE
    1 CONCILE DU VATICAN
    1 CONCUPISCENCE DES YEUX
    1 EDIFICE DU CULTE
    1 EMPIRE DE SATAN
    1 EPREUVES DE L'EGLISE
    1 LIBERALISME
    1 LUTTE ENTRE L'EGLISE ET LA REVOLUTION
    1 MANQUE DE FOI
    1 NOTRE-SEIGNEUR
    1 PAROLE DE DIEU
    1 PLAN DE DIEU
    1 PRESOMPTION ENVERS DIEU
    1 PRUDENCE
    1 REPRESSION DES ABUS
    1 REVOLUTION ADVERSAIRE
    1 SAGESSE DE DIEU
    1 SAINT-ESPRIT
    1 SATAN
    1 SAUVEUR
    1 SOCIETES SECRETES
    1 TENTATION
    1 TRIOMPHE DE L'EGLISE
    1 VIE DE JESUS-CHRIST
    1 VOCATION SACERDOTALE
    2 ELIE, PROPHETE
    2 ELISEE
    2 JEREMIE
    2 LEON XIII
    2 PIE IX
    3 ALLEMAGNE
    3 ANGLETERRE
    3 EUROPE
    3 FRANCE
    3 ITALIE
  • 9 mars 1878.
  • Paris,
La lettre

Jésus-Christ au désert est tenté par le diable. L’Eglise, universellement tentée et représentée par son chef, est trahie par la révolution. Les évêques en Italie et leur clergé meurent de faim. En France, c’est autre chose; mais cela vient comme cela est venu en Allemagne. On veut prendre les disciples de Jésus-Christ par l’estomac. Rien de plus simple, on leur coupera les vivres. On leur offre de l’argent pour qu’ils apostasient. Le clergé italien, le clergé allemand ont été admirables. En Italie, autre système. Dès qu’on sait un jeune clerc ou riche ou bien doué, on éprouve la nécessité d’en faire un soldat. La charité des fidèles a besoin de se réveiller, si d’ici à quelque temps ils ne veulent pas être privés de prêtres. Ils ont besoin d’être nourris du pain de la parole, mais il leur fait des prédicateurs pour la recevoir de leur bouche, et les prédicateurs ont besoin du nécessaire. Grave question, et qui réclame une solution, car nous arrivons à une épouse où, comme au temps de Jérémie, on pourra dire: « Les petits enfants ont demandé du pain, et personne ne s’est trouvé pour le leur rompre ».

Puis le diable transporte Notre-Seigneur sur le faîte du temple, et lui propose de se jeter du haut en bas. Vraie fanfaronnade. En temps de révolution, il est inutile de s’exposer sans but. Le Sauveur se laissera plus tard crucifier, mais pour le moment il suit les lois de la prudence. Dieu aide dans les dangers, mais quand on ne s’y est pas exposé sans motif.

« Je te donnerai les royaumes de la terre, si, tombant à mes pieds, tu m’adores. Haec omnia tibi dabo, si cadens adoraverts me« . Satan foudroyé est dévoré par la soif de l’adoration, et il ne faut pas croire que je parle en figure. Fouillez dans les sociétés secrètes et dans leurs plus profondes retraites, vous trouverez l’adoration du diable, non pas au figuré, mais au réel. Le vulgaire ne s’en doute pas, les vrais adeptes le savent bien.

Et Dieu permet que quelquefois il aient, par l’astuce du démon, la possession du monde. Ceci est l’heure des ténèbres, mais peu à peu la nuit se dissipe, le jour se fait et l’esprit des ténèbres rentre dans la nuit de l’abîme, (comme il est dit dans l’Evangile) « pour un temps, ad tempus« .

Aujourd’hui Satan semble le maître. Il a tant d’adorateurs parmi ceux qui le connaissent et parmi ceux qui ne le connaissent pas! Les initiés poussent à ses autels le vil troupeau des sectaires, et c’est ainsi que se dépeuplent les temples de Jésus-Christ. Cela durera-t-il longtemps? Plusieurs signes semblent indiquer que cette apostasie aura un terme assez rapproché. Les catholiques se fortifient sur bien des points de l’Europe. L’Angleterre semble appelée à de grandes destinées dans l’ordre de la foi. L’Allemagne forme une armée compacte de croyants. La jeunesse italienne se groupe en bataillons chaque jour plus vaillants. Les oeuvres pullulent en France. Quelle puissance n’auront par ces oeuvres le jour où une impulsion générale leur sera donnée! Et qui oserait dire que cela ne sera pas bientôt Les scories libérales sont de jour en jour rejetées par les esprits quelque temps aveuglés, mais sincères. L’unité, non pas seulement de la foi, mais de l’esprit de foi, se fait chaque jour plus sous l’action des dernières décisions du concile. Le concile a montré combien était nécessaire l’unité autour de la chaire pontificale, et l’unité (les révolutions et les persécutions aidant) se fait tous les jours plus compacte et plus féconde. On n’admire pas assez ce prodige.

Dieu pourtant sait où il nous mène. A un pontife très saint et très grand il en fait succéder un non moins saint, mais très ferme. Un vrai justicier comme on l’a dit. A peine assis sur le trône, les réformes commencent. Quelques-uns s’étonnent! Ceux qui avaient besoin d’être réformés n’ont-ils pas toujours crié, quand on touchait aux abus dont ils bénéficiaient? Laissez passer ces cris, pourvu que les abus passent.

Ce que la révolution a donné comme un blâme quand, dans ses caricatures, elle représente Léon XIII, un balai à la main, nettoyant le Vatican, est un très grand éloge à nos yeux. Depuis que Pie IX était captif, où voulez-vous qu’il jetât les balayures? Mais ne trouvez pas mauvais que Léon XIII arrive avec des hommes nouveaux pour faire certains nettoyages.

Tous les chrétiens doivent l’aider, non dans ses réformes qui sont son oeuvre à lui, mais par leurs prières, afin que le Saint-Esprit l’éclaire. Tout le monde dit qu’il sait bien ce qu’il veut. Heureux présage! Déjà on sent une vigueur morale ranimer ce qui est autour de lui. Le souffle de vie passe. Je ne sais si je me trompe, mais entre l’Eglise et la révolution on dirait que la révolution se trouble. Le vicaire de Jésus-Christ a confiance. La lumière se fait-elle déjà pour lui au ciel? Je ne l’affirme pas, mais je crois que, comme Elie à Elisée, Pie IX s’élevant vers le ciel, a jeté son manteau sur les épaules de Léon XIII.

Rome, le 1er mars 1878.

Notes et post-scriptum