- TD 8.52
- ARTICLES|ARTICLES DU PELERIN|PRONES
- TROISIEME DIMANCHE DE CAREME
- Le Pèlerin, N. S., II, n° 64, 23 mars 1878, p. 192.
- TD 8, P. 52; CO 198.
- 1 APOSTOLAT DE LA VERITE
1 BLASPHEMATEURS
1 CALOMNIE
1 CANTIQUES
1 DIVIN MAITRE
1 ENFER
1 ENNEMIS DE DIEU
1 FRANC-MACONNERIE
1 HAINE ENVERS LA VERITE
1 JUSTICE DE DIEU
1 LIBERTE
1 MEDISANCE
1 MIRACLES DE JESUS-CHRIST
1 MORT DE L'AME
1 NOTRE-SEIGNEUR
1 PHILOSOPHIE MODERNE
1 PLAN DE DIEU
1 PRESSE REVOLUTIONNAIRE
1 SAINT-ESPRIT
1 SATAN
1 VIE DE PRIERE
2 DAVID, BIBLE - 23 mars 1878.
- Paris,
Notre Seigneur, selon l’Evangile, veut bien guérir un sourd-muet. Eh! bien, si notre divin Maître revenait ici-bas, je le conjurerais de me faire un miracle d’une autre espèce: celui d’ôter leur langue à une foule de gens. Quel abus horrible n’en fait-on pas! Laissons de côté les injures, les provocations, les mensonges vulgaires. Est-ce que la langue n’a pas implanté le règne de la fausseté, de l’erreur partout où elle peut trouver un fragment de tribune? Voyez les systèmes philosophiques et les romans, et les cours athées, et les loges de francs-maçons. A la parole parlée joignez la parole écrite. Depuis la chaire de pestilence, connue déjà du temps de Davis, jusqu’à la plume contagieuse d’une foule de journalistes, que de poisons sont versés, à flots, de toute part, à toute heure, à l’aide de discours, de feuilles quotidiennes, de drames, de conférences! Qui énumèrera les formes revêtues par toutes ces élucubrations inventées pour tuer la pureté dans le coeur, la vérité dans les intelligences? O Satan, père du mensonge, toi qui refusas de rester dans la vérité, où va-tu préparer tes armes contre Dieu, sinon dans les arsenaux des mauvaises langues et des plumes criminelles. Tu connais depuis longtemps le blasphème, tu en fais science, tu l’enseignes; tu formes des adeptes: ils pullulent, ils s’exercent à vomir contre le ciel les plus furibondes imprécations, et si tu pouvais jouir de quelque chose, tu jouir;ais à la façon des damnés d’avoir suscité contre Dieu des créatures capables de proférer ces sacrilèges, après lesquels on se demande pourquoi le Tout-Puissant ne précipite pas au néant le monde broyé dans sa juste colère.
Eh! bien, Dieu aime mieux attendre. Parce que des insectes profitent de la liberté, telle qu’en jouissent les brutes, pour essayer de ronger le marbre, l’or, le diamant, est-il nécessaire de repousser leurs efforts? Que font toutes les révolutions, si impies qu’elles soient, à Dieu? Rien, absolument rien. Mais, dites-vous, les âmes se perdent. Oui, mais toujours par leur faute, sans quoi Dieu ne serait pas juste, et celles qui résistent ont des mérites bien plus grands. Vous voulez que la providence de Dieu, toujours parfaite, vous consulte sur ce qu’il y a à faire pour le salut de tel ou tel? Pourvu qu’il soit assuré que nul ne se damne que parce qu’il le veut bien, tant pis pour ceux qui, malgré les avertissements, prêtent l’oreille aux mauvais discours et s’en laissent assassiner!
Mais, à côté de ces affreuses conséquences des paroles de mort qui se sèment de toute part, voyez ce que peut le chrétien exercé à parler la parole de Dieu, le chrétien, qui, avec le prêtre et le religieux, répète sans cesse: « Seigneur, vous ouvrirez mes lèvres, et ma bouche annoncera vos louanges ». Quel commerce par la parole entre Dieu et ses créatures! Quelles sont admirables ces assemblées où les serviteurs du Christ chantent des cantiques inspirés par l’Esprit de Dieu! Dieu leur souffle en quelque sorte les paroles puissantes qu’ils doivent prononcer pour attirer la miséricorde, pour fléchir la justice. Toute âme chrétienne connaît au fond de son coeur de ces paroles pleines d’une vertu, que ni le monde ni l’enfer ne connaîtront jamais. Et maintenant si je regarde ces saints hommes de Dieu, sancti Dei homines, inspirés par lui pour porter sa vérité et ses lois au monde, quelle beauté n’a pas leur parole sous le reflet de la lumière d’en haut! Heureux ceux qui en comprennent le prix, non seulement pour la recueillir, mais pour la propager! Ils iront, ces hommes admirables, partout où l’esprit de Dieu les poussesra; ils iront et, comme les roues mystérieuses du prophète, ils ne reviendront pas.
Seigneur, donnez-nous beaucoup d’hommes habiles dans l’art céleste de cette parole. Qu’ils nous parlent et que nous les comprenions, qu’ils nous éclairent et que nous voyions, qu’ils nous touchent et que nous nous convertissions.
Rome, 15 mars 1878.