ARTICLES|ARTICLES DU PELERIN|PRONES

Informations générales
  • TD 8.64
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  • LE SAINT JOUR DE PAQUES
  • Le Pèlerin, N. S., II, n° 68, 20 avril 1878, p. 257-258.
  • TD 8, P. 64.
Informations détaillées
  • 1 AMOUR DE DIEU POUR SA CREATURE
    1 BAPTEME
    1 BIEN SUPREME
    1 BUT DE LA VIE
    1 CONCUPISCENCE DE LA CHAIR
    1 CONVERSION SPIRITUELLE
    1 DECADENCE
    1 DEVOIRS DE CHRETIENS
    1 DIEU CENTRE DE LA VIE SPIRITUELLE
    1 ENFER ADVERSAIRE
    1 ESPERANCE
    1 ETUDE DES PERFECTIONS DE DIEU
    1 FOI
    1 IMITATION DE DIEU
    1 IMITATION DE JESUS CHRIST
    1 JESUS-CHRIST AUTEUR DE LA GRACE
    1 LUTTE CONTRE LE PECHE
    1 MORT DE JESUS-CHRIST
    1 MORT DE L'AME
    1 PUISSANCE DE DIEU
    1 RECHERCHE DE LA PERFECTION
    1 RESURRECTION DE JESUS-CHRIST
    1 UNION A JESUS-CHRIST
    2 BOURDALOUE, LOUIS
    2 JEAN, SAINT
    2 LEON I LE GRAND, SAINT
    2 MARTHE, SAINTE
    3 EMMAUS
  • 20 avril 1878.
  • Paris,
La lettre

« Surrexit, non est hic« . Quelle épitaphe pour un tombeau, comme le fait observer Bourdaloue, et quelle puissance dans celui qui envoie un ange porter cette parole! Jamais personne n’avait annoncé sa propre résurrection. Jésus-Christ dit: « Je ressusciterai », et il ressuscite, et c’est après avoir triomphé de la mort qu’il vient la détruire. O mort, où est ton aiguillon? Le Sauveur avait dit quelques jours auparavant à Marthe: « Je suis la résurrection et la vie », et je ressuscite pour prouver que ceux qui croient en moi vivront éternellement.

Or, ce mystère de la mort et de la résurrection du Sauveur est le perpétuel enseignement du chrétien, qui doit mourir chaque jour dans l’exile pour vivre sans fin dans la patrie. Tant que nous ne nous serons pas dépouillés de nos vices, de nos concupiscences, n’espérons pas la vie véritable. La mort, à proprement parler, c’est le péché. Tant que nous restons dans le péché, nous restons dans la mort, parce que nous sommes en opposition avec celui qui est la vie. Sachons donc faire effort et sortir du péché comme d’un tombeau. Là consiste la résurrection de notre âme.

Mais comment se fait-elle, cette résurrection? D’abord en croyant. « Celui qui croit en moi, fut-il mort, vivra ». Il vivra de l’éternelle vie; il vivra de l’union avec Dieu, vie par excellence, et il ne pourra plus mourir. Il aura cru à la parole, à la vérité, à l’amour. « Pour nous, dit saint Jean, nous avons cru à l’amour de Dieu pour nous. Et nos credidimus« . C’est dans cette foi que nous avons été régénérés avec le baptême. O chrétien, s’écrie saint Léon, reconnais ta dignité, et, devenu participant de la nature divine, garde-toi de retomber par un commerce indigne, dans ta primitive abjection. Pour qui participe à la résurrection de Jésus-Christ, c’est une vie nouvelle qu’il faut prendre. Et en effet, quelle vie plus nouvelle que celle où l’on vit de la vérité par l’intelligence? Croire ce qu’est Dieu, autant qu’on le peut savoir ici-bas, se plonger dans ses perfections, grâce au demi-jour que les premiers rayons de la vérité nous apportent, comprendre la perfection des devoirs que cette connaissance nous impose; marcher en foi et adoration, mais marcher toujours dans l’imitation du Dieu très parfait; tendre à la perfection de notre Père céleste; entrer dans ses desseins et dans toutes ses voies, ah! Oui, c’est là vraiment un monde tout nouveau, c’est celui où nous introduit la résurrection du Sauveur.

L’âme épuisée regarde quelquefois en arrière; elle se souvient de ses voluptés de la terre et voudrait bien les ressaisir. Non, non, cela n’est pas permis. Malheur à celui qui, étant monté, veut redescendre. Sa chute est d’autant plus lourde qu’il tombe de plus haut. Pour qui a confiance, non en soi, mais en Dieu, il n’y a rien à craindre. Dieu nous ordonne d’espérer en lui. Il est bon d’espérer en Dieu et de placer en lui toute espérance. Marche donc en confiance, ô chrétien. Regarde: la puissance de l’enfer a été brisée, et ce qui lui en reste ne lui est laissé que pour te fournir l’occasion de remporter une victoire facile. Mais tu as combattu, parce qu’à l’imitation de ton Maître tu dois être à ton tour vainqueur.

Jésus-Christ veut te laisser la gloire de faire quelque chose. Cependant sache que sa grâce est là, à ta disposition. Invoque son nom, et tu seras sauvé de tous tes ennemis, tu triompheras et tu verras s’ouvrir pour toi les portes éternelles.

Toute la vie est donc la préparation au ciel. Jésus-Christ, qui nous y précède, ne nous laissera pas orphelins. Il viendra vers nous; attendons-le, ou, pour mieux dire, parce qu’il est venu, marchons en sa compagnie, comme les disciples d’Emmaüs. Marchons, marchons; il se fait tard et le jour décline, ne perdons pas une minute. Dieu nous rompéra le pain du voyageur, et ce pain gardera notre âme, et pendant le voyage et après notre résurrection pour l’éternelle vie.

Rome, avril 1878.

Notes et post-scriptum