ARTICLES|ARTICLES DU PELERIN|PRONES

Informations générales
  • TD 8.68
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  • LE DIMANCHE DU BON PASTEUR
  • Le Pèlerin, N. S., II,n° 70, 4 mai 1878, p. 292-293.
  • TD 8, P. 68; CO 203.
Informations détaillées
  • 1 AMOUR DE JESUS-CHRIST POUR LES HOMMES
    1 BON EXEMPLE
    1 BON PASTEUR
    1 CHARITE APOSTOLIQUE
    1 DECADENCE
    1 DESINTERESSEMENT DE L'APOTRE
    1 DIVINITE DE JESUS-CHRIST
    1 EGLISE
    1 EPREUVES DE L'EGLISE
    1 HISTOIRE DE L'EGLISE
    1 MALADIES
    1 MARTYRS
    1 MOEURS DE LA FAMILLE
    1 PAPE GUIDE
    1 REPRESSION DES ABUS
    1 SACRIFICE DE JESUS CHRIST
    1 SALUT DES AMES
    2 GREGOIRE VII, SAINT
    2 LEON IX, SAINT
    2 LEON XIII
    2 PASCAL II
    2 TERTULLIEN
    2 VICTOR III
    3 ALLEMAGNE
    3 FRANCE
    3 ROME, PLACE SAINT-PIERRE
  • 4 mai 1878.
  • Paris
La lettre

« Je suis le bon Pasteur ». Tel est le titre que Jésus-Christ se donne lui-même. Un jour, quelqu’un l’appela bon maître. « Pourquoi m’appelez-vous bon? reprit-il; il n’y a de bon que Dieu. » Si donc lui qui a prononcé ces paroles s’appelle bon, c’est qu’il est Dieu. C’est Dieu se faisant pasteur et donnant sa vie pour ses brebis. Tel est le caractère incommunicable, en dehors des successeurs du pasteur par excellence.

« Le bon pasteur donne sa vie pour ses brebis ». Les apôtres ont donné la leur, les Papes l’ont donnée. Jetez les yeux: que de pontifes martyrs, parce qu’ils étaient pasteurs! Sur les divers points de la terre, cherchez, fouillez l’histoire. Où trouvez-vous le pasteur qui donne sa vie pour ses brebis? Vous aurez dans certaines sectes des mercenaires qui presque toujours fuiront devant le péril; mais si leur vie est prise, on peut leur dire, pour employer l’expression de Tertullien, que ce sont des singes de pasteurs. Seule, l’Eglise catholique possède ce type du pasteur, simple, calme dans son amour immense pour les âmes, allant en toute paix à la mort, parce qu’il aime. Et de même que le bon Pasteur par excellence est mort sur la croix pour ses brebis, ceux à qui il a ordonné d’être pasteurs après lui se donnent, s’immolent, souffrent et meurent, parce qu’ils sont bons pasteurs.

Allez chercher ce type parfait du pasteur en dehors de Jésus- Christ et de ses vrais disciples, vous ne le trouverez jamais. Or, ceci est le mystère. L’Eglise a quelquefois des pasteurs endormis. L’histoire est effrayante, quand elle nous représente le sel de la terre affadi, la lumière du monde ne jetant plus que des lueurs fumeuses, les bons pasteurs transformés en mercenaires, fuyant devant le loup, parce qu’ils sont mercenaires. Hélas! que d’exemples lamentables qui suscitèrent le zèle des pasteurs suprême? On ne comprenait pas la saint obstination avec laquelle ils luttaient et pour la pureté des élections épiscopales et pour l’intégrité du mariage. Sans eux, la famille eut été détruite; le père, le vrai pasteur dans l’ordre de la famille, eut disparu sous la férocité des passions et leur inconstance. Sans eux, les empereurs d’Allemagne qui vendaient les évêchés à leur pale-freniers, a des valets enrichis dans le vol, eussent fait de l’épouse du Christ une courtisane, du sanctuaire un repaire de toutes les lubricités.

Mais le bon pasteur veillait par les pontifes suprêmes qui s’appelaient Léon IX, Grégoire VII, Victor II, Pascal II, et tant d’autres qu’il serait trop long de nommer. L’iniquité leur étant en horreur, s’ils ne donnaient pas leur vie dans le martyre, ils la donnaient dans l’exil, dans les angoisses, dans des travaux qui hâtaient leur fin. Grandes et saintes figures, en qui le bon pasteur avait imprimé un reflet divin de son caractère!

Rappelons seulement ce trait admirable du dernier pape canonisé du nom de Léon, en attendant que Léon XIII le soit. Léon IX, un saint originaire de France, ex nobili Francorum prosapia oriundus, consumé par ses travaux, se fit porter à Saint-Pierre, se fit creuser sa fosse, bénit la pierre qui devait recouvrir sa dépouille, et, offrant sa vie pour l’Eglise qu’il avait gouvernée, il rendit le dernier soupir avec une grande douceur, après avoir plusieurs fois reçu Jésus-Christ dans son propre lit sous la forme d’un lépreux.

Rien ne répugne au bon pasteur. Saint Léon IX eût pu contracter la lèpre. La charité fut plus forte que cette hideuse maladie, ses flammes consumèrent l’impureté, les souillures dont le divin infirme avait voulu se couvrir pour éprouver le coeur de son vicaire. Ce que Léon IX faisait de temps en temps, la papauté le fait sans discontinuer, les peuples sont sauvés quand l’épiscopat, le sacerdoce, le font à la suite du pontificat romain. Le monde sera peuplé de saints, quand on pourra dire de tous les chefs des troupeaux spirituels: « Ce bon pasteur a donné sa vie pour ses brebis ».

Notes et post-scriptum