ARTICLES|ARTICLES DU PELERIN|PRONES

Informations générales
  • TD 8.74
  • ARTICLES|ARTICLES DU PELERIN|PRONES
  • QUATRIEME DIMANCHE APRES PAQUES
  • Le Pèlerin, N. S., II, n° 72, 18 mai 1878, p. 323.
  • TD 8, P. 74.
Informations détaillées
  • 1 ANCIEN TESTAMENT
    1 AUTORITE DE L'EGLISE
    1 CONCILE DE TRENTE
    1 CONCILE DU VATICAN
    1 CONNAISSANCE DE DIEU
    1 DONNEES DE LA FOI
    1 EMPIRE DE SATAN
    1 ENSEIGNEMENT DE JESUS-CHRIST
    1 EPREUVES DE L'EGLISE
    1 ETUDE DES PERFECTIONS DE DIEU
    1 FOI
    1 JESUS-CHRIST CHEF DE L'EGLISE
    1 JUIFS
    1 LOI NOUVELLE
    1 MORALE INDEPENDANTE
    1 PAGANISME
    1 REVELATION
    1 SAGESSE DE DIEU
    1 SAINT-ESPRIT
    1 SYMBOLES DE LA FOI
    1 VERITE
    2 ABRAHAM
    2 JACOB
    2 JEAN-BAPTISTE, SAINT
    2 MOISE
    2 NOE
    2 PIERRE, SAINT
    3 ROME, VATICAN
    3 SINAI
    3 TRENTE
  • 18 mai 1878.
  • Paris
La lettre

L’Evangile de ce quatrième dimanche est trop plein d’enseignements pour que nous puissions les approfondir tous. Contentons-nous d’étudier ces paroles: « Lorsque cet esprit de vérité sera venu, il vous enseignera toute vérité ».

D’abord qu’était la vérité avant Jésus-Christ? Réfugiée chez le peuple juif, elle y était réduite à un état bien latent. On croyait à un seul Dieu, mais quel Dieu grossier fait à l’image des passions les plus grossières! On y attendait le Messie, mais un Messie tout charnel. Une secte croyait à l’immortalité de l’âme, mais les autres? Dès lors, plus de ciel pour les bons, plus d’enfer pour les méchants, plus de craintes ni d’espérances éternelles. La vérité n’avait pas entièrement sombré dans un naufrage absolu; mais combien les vérités n’étaient-elles pas diminuées chez les enfants des hommes! Voilà pour le peuple choisi.

Qu’était-ce donc pour les autres nations? La nuit s’y faisait sans cesse plus obscure; à peine quelque clarté vacillante qui semblait n’apparaître par intervalles que pour faire mieux ressortir toute l’horreur des ténèbres: Paganisme, philosophie, politique, volupté, corruption infâme, tout semblait concourir à étouffer la vérité divine. La conspiration était universelle, comme les péchés des hommes et l’empire triomphant de Satan.

Or, Jésus-Christ, la vérité même, apparaît au monde. Il ne veut pas faire briller tout à coup les rayons de cette vérité dans tout leur éclat; il la proportionne à la faiblesse des yeux de ses disciples. Comme le soleil, il place une ombre plus ou moins prolongée entre la nuit et les feux du jour: « J’ai encore bien des choses à vous dire, mais vous ne pouvez les porter pour le moment. Je vous enverrai mon Esprit, un Esprit consolateur, l’Esprit Dieu comme moi, et lorsqu’il sera venu, étant l’esprit de vérité, il vous enseignera toute vérité. Cum autem venerit spiritus ille veritatis, docebit vos omnem veritatem« .

La vérité, pas plus que la nature, ne procède par sauts; elle procède peu à peu. Après les communications du paradis terrestre, nous voyons les patriarches et les révélations qui leur sont faites: le salut de Noé par l’arche, l’alliance avec Abraham, les promesses de Jacob, la loi de Moïse sur le Sinaï, puis les juges, les voyants, les prophètes, le plus grand des prophètes, Jean, au désert, enfin Jésus-Christ. Et Jésus-Christ ne dira pas tout, il laissera beaucoup à dire. Mais après sa passion, après son ascension, ne voulant pas laisser les siens orphelins, il viendra à eux, par l’eucharistie sans doute, mais aussi par l’Esprit de vérité pour éclairer les intelligences, comme par l’Esprit d’amour pour embrasser les coeurs

Cette vérité sera manifestée le jour de la Pentecôte. Les apôtres la recevront, la répandront par toute la terre. « In omnem terram exivit sonus eorum« . Elle ne connaîtra aucun lieu sur notre globe qu’elle n’atteigne pas. Elle ira se fortifiant contre les persécutions, s’agrandissant contre les hérésies, et, pour que l’Eglise qui en a le dépôt ne flotte pas à tout vent de doctrine, elle sera bâtie sur la solidité de la pierre, contre laquelle les portes de l’enfer ne pourront prévaloir. Rien plus, les attaques des hérétiques feront mieux connaître la vérité déposée dans cette Eglise rendue divine par l’assistance de son fondateur. Prenez les articles du symbole, vous serez étonnés de voir comment la contre-épreuve de l’erreur les a successivement illuminée d’une lumière plus abondante pour l’Eglise et son autorité, ses droits par exemple. Cela a été plus fortement établi à Trente; le travail s’est continué au Vatican, et, quand les Pères, dispersés par la tempête révolutionnaire, reprendront leurs travaux, on sait d’avance qu’ils auront à prononcer le dernier mot (toute vérité) sur la constitution divine de l’Eglise, comme ils l’ont déjà prononcé sur tant d’autres points de la révélation.

Jésus-Christ ne fait pas seulement enseigner toute vérité par le Saint-Esprit à son Eglise, il la fait enseigner à chaque fidèle. Toutefois, il n’est pas nécessaire que chacun d’eux ait une foi explicite à tout ce que renferme le dogme catholique. Le symbole y suffit. Mais chaque point du symbole est comme une montagne d’où voulent des fleuves abondants répandus en sens multiples et qui vont se perdre dans l’immense océan de la vérité divine. Tous ne peuvent pas s’y désaltérer, mais une fois les points principaux fixés par l’Eglise et acceptés par l’obéissance filiale des croyants, à quelle contemplation de cette vérité divine chacun des fils de l’Eglise ne peut-il pas se livrer! La vérité tout entière est à sa disposition.

1° Il en prend ce que l’Eglise veut que chacun en porte.

2° Il prend le reste d’ensemble par cet acte d’adhésion: « Je crois tout ce que l’Eglise enseigne ».

Il peut ensuite et il doit, selon sa position, ses devoirs, son intelligence, en prendre dans le détail tout ce qu’il lui est permis d’en acquérir par l’étude.

Enfin, quand le chrétien a reçu toute vérité, autant qu’il peut en contenir en lui, il reste à la rendre pratique. La plénitude de la vérité connue se traduit par la plénitude de la loi pratiquée. Et ainsi la foi, ou, pour mieux dire, l’esprit de foi éclaire toutes nos actions et leur donne un cachet particulier. Que l’honnête homme pratique, tant qu’il lui plaira, les divers points de sa morale, c’est une morale humaine, enfantée par une pensée humaine; cela peut-être certain point bon, je me demande à quel degré c’est méritoire. Le mérite de nos actions du degré d’esprit de foi avec lequel elles sont accomplies, et il y a, par ce côté, une plénitude de vérité à laquelle nous ne saurions trop avoir recours.

Seigneur, envoyez-nous toute vérité par votre Esprit, qui, recevant de vous, a reçu toute sainteté. Que nous soyons les sincères disciples de la vérité confiée à votre Eglise; que nous soyons des disciples ne se contentant pas de vous écouter, mais jaloux de vous obéir, et la vérité unie à la sainteté nous rendront dignes de vous.

Notes et post-scriptum