ARTICLES|ARTICLES DU PELERIN|PRONES

Informations générales
  • TD 8.89
  • ARTICLES|ARTICLES DU PELERIN|PRONES
  • DIMANCHE DE LA TRINITE
  • Le Pèlerin, N. S., II, n° 76, 15 juin 1878, p. 387.
  • TD 8, P. 89.
Informations détaillées
  • 1 ADORATION
    1 AMOUR DE DIEU POUR SA CREATURE
    1 ANEANTISSEMENT
    1 BUT DE LA VIE
    1 CONSEQUENCES DU PECHE
    1 CREATEUR
    1 DEVOIRS DE L'HOMME
    1 DIEU LE FILS
    1 DIEU LE PERE
    1 FOI
    1 HOMME CREE A L'IMAGE DE DIEU
    1 IMITATION DE JESUS CHRIST
    1 INCARNATION DE JESUS-CHRIST
    1 JESUS-CHRIST AUTEUR DE LA GRACE
    1 PERFECTIONS DIVINES DE JESUS-CHRIST
    1 PERFECTIONS HUMAINES DE JESUS-CHRIST
    1 REDEMPTION
    1 REGNE DE VERITE
    1 SAINT-ESPRIT
    1 SATAN
    1 VERTU D'OBEISSANCE
    1 VERTU DE RELIGION
  • 15 juin 1878.
  • Paris
La lettre

Au nom du Père qui nous a créés, du Fils qui nous a rachetés, du Saint-Esprit qui nous a sanctifiés. Ainsi-soit-il.

La Sainte Trinité veut bien s’occuper par des bienfaits divers de la pauvre humanité. Elle a fait l’homme à son image et ressemblance. Elle communique à chaque homme la puissance d’être, et, par là, l’homme ressemble au Père, principe de l’être divin. Elle lui donne la faculté de penser, et, par là l’homme ressemble au Fils, intelligence éternelle du Père. Elle lui donne la faculté de vouloir et d’aimer, et, par là l’homme ressemble à l’Esprit divin qui procède du Père et du Fils.

Mais si au Père est plus particulièrement attribuée la création, au Fils qui s’est incarné pour nous est due plus spécialement la rédemption, par laquelle nous sommes faits fils du Père et nous recevons le Saint-Esprit. Le Saint-Esprit vient en nous et nous communique son amour, par lequel nous sommes unis au Père et au Fils dans l’unité de l’Esprit.

Quelles conclusions pratiques à tirer de cette hauteur où lr chrétien est élevé par sa création, sa rédemption, sa sanctification?

I. Le Père est plus particulièrement notre créateur. C’est de lui que nous avons la vie, la respiration et toutes choses: in quo habemus vitam et inspirationem et omnia. C’est à lui que nous devons tout. A lui le domaine suprême, à lui l’adoration dans le sentiment profond de notre néant. Mais une reconnaissance stérile du suprême domaine de Dieu sur nous est-elle suffisante, et ne devons-nous pas lui offrir une adoration active dans l’hommage absolu de nos actions? Et quelles actions? Toutes. S’il nous a donné tout, nous lui devons tout. Mais avec quels sentiments? Ecoute, ô Israël: « Tu adoreras le Seigneur, ton Dieu, et tu ne serviras que lui seul ». Dieu est un Dieu jaloux. Il lui faut tout ou rien. L’adoration partagée ne lui va pas, et il repousse le serviteur qui veut avoir deux maîtres. C’est de tout notre coeur, de toute notre âme, de toutes nos forces que nous devons aller à lui. Ainsi marcherons-nous en sa présence et tendrons-nous à la perfection.

II. Le Fils est notre rédempteur. Nous étions esclaves, il nous a affranchis, et la liberté a coulé avec son sang du Calvaire. Mais qui comprend cette liberté? Le Christ a dit: « Qui fait le péché est esclave du péché; qui facit peccatum, servus est peccati« . De cet esclavage nous sommes affranchis par la vérité, et veritas liberabit vos, cette vérité qui n’est autre que le Fils, lui qui a dit: « Ego sum veritas, je suis la vérité ». Et comment la Vérité nous a-t-elle affranchis? En se faisant chair. Le verbe, la parole, la vérité que le Père prononce éternellement en lui-même, s’est fait homme, et « nous avons vu sa gloire, la gloire du Fils unique du Père, et il était plein de grâce et de vérité ».

Rachetés par le Verbe fait chair, notre premier devoir est de rentrer dans la vérité, qui se manifeste surtout par le Verbe incarné, l’adhésion à sa parole, la foi en sa doctrine, l’obéissance à ses commandements.

Mais s’étant fait chair, ayant pris une nature en tout semblable à la nôtre, « il est apparu sur la terre, il a conversé avec les hommes, post haec in terris visus est, et cum hominibus conversatus est« ; et dans ce commerce d’un nombre mystérieux d’années, il s’est montré homme parfait, homme notre modèle. Ce qu’il nous demande, c’est de l’imiter. Qu’est-ce, pour l’homme, que l’imitation d’un Dieu fait homme? Méditons, repassons une à une toutes les perfections de l’humanité de Jésus-Christ, et puis travaillons la seconde partie de l’oeuvre de notre rédemption. Nous sommes rachetés, mais Jésus-Christ nous fait cet honneur que, dans la dignité où il élève notre nature, il veut que nous soyons pour quelque chose.

III. Le Saint-Esprit, par l’opération de qui Jésus-Christ s’est fait homme, veut accomplir quelque chose de semblable en nous. Jésus-Christ nous fait des hommes nouveaux, il nous fait ses temples. Jésus-Christ nous donne un gage d’immortalité, le gage de l’esprit, comme dit saint Paul, pignus spiritus. Et ce gage est l’acte d’une alliance qui sera éternelle, si nous le voulons. Car il nous donne la puissance d’aimer Dieu par l’infusion de la charité divine, et dans cette charité notre âme est unie à Dieu de telle sorte que nous ne serons plus séparés de Dieu, si nous le voulons.

L’adorable Trinité nous donne l’être, le rachat, l’amour. Nous lui devons l’adoration, l’imitation, l’éternelle reconnaissance.

Adorons, imitons, aimons. Tel est le but de notre être ici-bas, en attendant le bonheur, la lumière, la gloire dans la patrie.

Notes et post-scriptum