ARTICLES|ARTICLES DU PELERIN|PRONES

Informations générales
  • TD 8.95
  • ARTICLES|ARTICLES DU PELERIN|PRONES
  • FETE DE SAINT PIERRE
  • Le Pèlerin, N. S., II, n° 78, 29 juin 1878, p. 418.
  • TD 8, P. 95.
Informations détaillées
  • 1 AMOUR DU CHRIST
    1 BONTE
    1 CARACTERE
    1 CONFESSION DU NOM DE JESUS-CHRIST
    1 DEFAUTS
    1 GENEROSITE
    1 HUMILITE
    1 JEUDI SAINT
    1 PAPE DOCTEUR
    1 POUVOIR DES CLEFS
    1 PRIMAUTE DU PAPE
    1 RESURRECTION DE JESUS-CHRIST
    1 SAINT-SIEGE
    1 SUCCESSION APOSTOLIQUE
    1 TRAHISON
    1 TRANSFIGURATION
    1 VERTU DE PENITENCE
    2 ANDRE, SAINT
    2 CAIPHE
    2 ELIE, PROPHETE
    2 JEAN, SAINT
    2 MARC, SAINT
    2 MOISE
    2 PIERRE, SAINT
    3 BETHSAIDE
    3 GENESARETH, LAC
    3 JERUSALEM, JARDIN DES OLIVIERS
  • 29 juin 1878.
  • Paris
La lettre

Le Seigneur se choisit parmi ses apôtres un vicaire, chargé, après l’Ascension, de gouverner l’Eglise et d’exercer la primauté de juridiction, que les évêques de Rome, successeurs de saint Pierre, conserveront à tout jamais. Etudions le caractère de l’homme choisi de Dieu pour remplir un si grand office.

Sinon, fils de Jean et frère d’André, était un pauvre pécheur du bourg de Bethsaïde, sur les bords du lac de Génézareth. Les Evangiles nous montrent dans Simon Pierre un caractère inconsidéré et présomptueux, mais dévoué, aimant, oublieux de lui-même. Tout en lui se porte à l’action plutôt qu’à la contemplation; le tour de son génie semble avoir servi de type au génie latin. L’ensemble de son caractère réunit les bonnes qualités du caractère français, et l’on pourrait presque le dépeindre par cette expression familière: chez lui, le coeur emporte la tête.

La générosité de saint Pierre pour le prochain se traduit en mainte circonstance. A la Transfiguration, il veut dresser trois tentes: une pour le Seigneur, une pour Moïse, une pour Elie. Il ne pense pas à lui-même et à ses deux compagnons (Matth.,XVII,4). Après la Résurrection, il oublie sa propre mort, que Jésus vient de lui annoncer, pour l’interroger sur l’avenir de saint Jean, (Joan.,XXI,20).

Mais c’est surtout son amour pour le Sauveur qui apparaît avec éclat dans toute sa vie. Pour le suivre, il a tout quitté: ses filets, sa barque, sa famille, (Matth.,IV,18). Privé de sa présence, il va à sa recherche au désert, (Marc.,I,36). Quand le Sauveur annonce les grandes épreuves, il proteste qu’il est prêt à mourir plutôt que d’abandonner son Maître, (Matth.,XXVI,33), et se révolte à la pensée de ses souffrances annoncées, (Matth.,XVI,22). A la dernière Cène, par humilité, il ne veut pas que Notre- Seigneur lui lave les pieds; puis, sur les observations du Maître: « Si je ne te lave pas les pieds, tu n’auras point de part avec moi », il se ravise, et, dans un mouvement contraire, mais procédant de l’ardeur de son amour, il offre sa tête et ses mains, (Joan.,XIII).

Il fait demander par Jean le nom du traître, et, seul, il a le courage de défendre son maître en frappant un des serviteurs du grand-prêtre, au jardin des Oliviers. Il suit Notre-seigneur captif, il entre dans la maison de Caïphe, et si, dans un moment de crainte irréfléchie, il se laisse aller à renier Jésus, revenu à lui-même, il commence immédiatement une pénitence qui ne finira qu’avec sa vie. Car, suivant la tradition, il ne cessa de pleurer sa faute et ses larmes continuelles creusèrent ses joues.

Au premier bruit de la résurrection, il court au sépulcre et y entre, (Joan.,XX,3). Averti par saint Jean de la présence de Jésus ressuscité, il s’élance dans la mer pour le rejoindre. Il confesse trois fois son amour et s’afflige à la pensée que Notre-Seigneur puisse en douter, (Jean,XXI).

Cet amour ardent et généreux est accompagné dans saint Pierre d’une profonde humilité.

A la pêche miraculeuse, il n’ose rester en compagnie du Seigneur; « Eloignez- vous de moi, dit-il, car je suis un homme pécheur », (Luc.,V,8). A la Cène, il ne veut pas se laisser laver les pieds, (Joan.,XIII,6). Dans l’évangile de saint Marc, écrit sous les yeux de saint Pierre, le récit passe légèrement sur les grandes prérogatives que lui mérita son amour pour son Maître, mais c’est celui qui appuie le plus longuement sur tous les détails du reniement et sur les circonstances qui l’accompagnèrent.

C’est sans doute par un secret dessein de Dieu que celui qui devait disposer de la puissance de lier et de délier, d’ouvrir ou de fermer le ciel tomba dans cette faute, qu’il devait d’ailleurs expier si complètement et qui lui enseigna combien il faut être miséricordieux pour la faiblesse humaine. C’est là un des caractères du siège de Pierre, qui sait allier à une inébranlable fermeté dans la doctrine une mansuétude que les chrétiens eux-mêmes sont quelquefois tentés de trouver excessive.

Voilà quelques traits de cette grande figure, si chère au coeur catholique. Voilà le caractère de cet homme extraordinaire, choisi de Dieu pour occuper le premier ce poste de grandeur et de sacrifice qui s’appelle la Chaire de Pierre. Dieu le Père lui-même, c’est le Christ qui l’affirme, mit dans le coeur de Pierre la foi invincible et plaça sur ses lèvres la grande parole qui lui mérita ses prérogatives: « Vous êtes le Christ, fils du Dieu vivant, Tu es Christus filius Dei vivi« .

Soyons, comme Pierre, prêts à nous donner généreusement. Soyons humbles dans nos bonnes oeuvres, soyons fermes dans l’affirmation de notre foi, et le Seigneur nous comblera de ses dons.

Notes et post-scriptum