ARTICLES|ARTICLES DU PELERIN|PRONES

Informations générales
  • TD 8.98
  • ARTICLES|ARTICLES DU PELERIN|PRONES
  • FETE DU TRES PRECIEUX SANG
  • Le Pèlerin, N. S., II, n° 79, 6 juillet 1878, p. 438-439.
  • TD 8, P. 98.
Informations détaillées
  • 1 ACTION DE GRACES
    1 AMOUR DE JESUS-CHRIST POUR LES HOMMES
    1 AMOUR DU PAPE
    1 CHATIMENT
    1 CONSECRATION
    1 INCARNATION DE JESUS-CHRIST
    1 JESUS-CHRIST AUTEUR DE LA GRACE
    1 JUSTICE DE DIEU
    1 MISERICORDE DE DIEU
    1 MISSIONNAIRES
    1 ORGUEIL
    1 PASSION DE JESUS-CHRIST
    1 SACRIFICE DE LA MESSE
    1 SAINTE COMMUNION
    1 SAINTE VIERGE
    1 SALUT DES AMES
    1 SANG DE JESUS-CHRIST
    1 TRINITE
    1 TRIOMPHE DE L'EGLISE
    2 JOSEPH, BIBLE
  • 6 juillet 1878.
  • Paris
La lettre

Après avoir célébré le triomphe de la Très Sainte Eucharistie dans la Fête-Dieu, et l’amour incommensurable du Sauveur dans la fête du Sacré-Coeur, la liturgie présente aujourd’hui à nos adorations le très précieux Sang de Notre- Seigneur Jésus-Christ.

Le sang des victimes fut répandu pendant de longs siècles, mais le sang des animaux sans raison était impuissant à satisfaire la justice divine. Quel pardon le sang des taureaux, des génisses, des agneaux pourrait-il obtenir, quand le sang du juste lui-même ne peut-être mis en présence de l’infinie Justice de Dieu? Comment suppléer à cette impuissance de la créature, en face de la justice divine qui réclame satisfaction?

C’est ici le mystère de la miséricorde de Dieu. L’homme ne pouvait fournir ce sang du sacrifice. Alors Dieu a choisi une vierge; lui a donné un sang très pur, préservé de l’antique souillure du péché originel, et de ce sang très pur il s’est fait un sang, un sang divin et humain à la fois. Et le Verbe s’est fait chair, non seulement pour habiter au milieu de nous, mais pour répandre sur nous et sur l’univers entier un sang qui pût satisfaire à la justice divine offensée. Par ce sang a été scellée la nouvelle alliance de Dieu avec les hommes: « Hic calix novum testamentum est in meo sanguine« .

Ce sang, il l’a répandu jusqu’à la dernière goutte; il a voulu en savourer la cruelle effusion par des supplices raffinés. C’est d’abord l’agonie du jardin des Olives. La douleur morale oppresse sa nature humaine avec une telle violence qu’une sueur de sang se répand sur tout son corps, et jusque sur le sol où il prie prosterné.

Il l’a répandu ensuite sous les fouets de la flagellation. Il l’a répandu sous l’effort des épines que les bourreaux enfonçaient dans sa chair en ricanant. Il l’a répandu par ces plaies merveilleuses et fécondes qui l’on fixé à la croix, comme un trophée de la victoire des méchants. Il l’a répandu encore sous la lance du soldat qui lui perça le coeur après sa mort. Ah! c’est du moins fini; le sacrifice est consommé. Non, le sacrifice commence à peine et il ne finira plus.

Avant de mourir, le Sauveur a donné à ses apôtres son sang à boire, et il leur a en même temps conféré le pouvoir de faire revivre ce sang rédempteur pour le distribuer au peuple nouveau. Il a commencé ainsi le miracle de la transsubstantiation, qui va se continuant à travers les peuples et à travers les âges, donnant la vie à tous ceux qui la demandent et laissant inexcusables ceux qui refusent d’y participer.

Le sang de Jésus-Christ est donc le remède au péché. Il est encore le soutien de la vie des âmes ici-bas. C’est le second caractère de ce breuvage divin.

Le déluge universel, en couvrant la terre entière et en s’élevant au dessus des plus hautes montagnes, l’avait purifiée sans doute; il avait effacé la trace de ces hommes puissants qui ne s’étaient servi de leur force extraordinaire que pour commettre des crimes plus épouvantables. Mais bientôt après le déluge le mal reparaît, l’orgueil se promet de triompher de nouveau.

Il en est autrement du sang de Jésus. Plus fort et plus fécond que les flots du déluge, il s’est répandu avec l’Evangile de proche en proche jusqu’aux extrémités de la terre. Il a passé les mers à la suite des missionnaires; il a couvert le monde et il s’est élevé au dessus des montagnes, car sur tous les sommets accessibles à l’homme des autels ont été dressés, où le sang de Jésus coule à la parole du prêtre. Et ainsi, à toute heure du jour et de la nuit, sur un point du monde ou sur un autre, des lèvres sacerdotales consacrent le sang de Jésus; et ce sang, qui est leur breuvage, leur communique la puissance de réparer les ravages du péché et de soutenir les âmes dans les combats qu’elles doivent livrer sans cesse. Ce sang, c’est la nourriture des âmes, car si le prêtre seul communie sous les deux espèces, il n’est pas moins vrai qu’en recevant la sainte hostie les fidèles reçoivent par concomitance le corps et le sang de Notre-Seigneur.

Ainsi se réalisent les songes prophétiques interprétés par Joseph dans la prison.

Le pannetier avait vu le présage de sa mort, l’échanson avait vu le présage de son retour en grâce auprès du roi. Jésus, le divin pannetier qui a nourri le peuple au désert, est mis en croix. Mais de retour vers son Père après sa résurrection, il lui présente le vin du sacrifice qui remet l’humanité en grâce avec son créateur. Et ce vin, il continuera à le verser d’une manière mystérieuse par la main de ses prêtres qui adressent tous les jours à Dieu cette prière: « Mon Dieu, nous vous offrons le calice du salut. Faites, nous vous en supplions, qu’il s’élève en présence de votre divine Majesté comme le plus suave des parfums ».

Telle est la transformation merveilleuse que l’effusion du sang rédempteur est venue apporter dans le monde. Tel est cet océan d’amour, dont les flots purifient la terre et dont la grande voix monte vers Dieu pour apaiser sa colère et satisfaire à sa justice.

Unissons-nous donc à l’Eglise tous les jours et présentons à la très Sainte Trinité le sang de la victime sainte. Offrons à Dieu le Père le sang de son Fils, le chef-d’oeuvre de sa puissance, seul capable de satisfaire à sa justice. Offrons à Dieu le Fils son propre sang, gage de son amour infini pour notre pauvre humanité. Offrons à Dieu le Saint- Esprit, lien du Père et du Fils, le sang de celui qui est le lien de la divinité avec l’humanité! Offrons ce sang précieux en union avec la Très Sainte Vierge et tous les saints du ciel et de la terre, pour remercier Dieu des grâces immenses qu’il nous accorde, par les mérites de ce sang, pour la conversion des pécheurs, pour la propagation et l’exaltation de la Sainte Eglise et le triomphe du Souverain Pontife, afin que, de la terre comme du ciel, s’élève un hymne incessant de louanges pour l’auteur de tout bien, à qui gloire, honneur, reconnaissance soient à jamais!

Notes et post-scriptum