ARTICLES|ARTICLES DU PELERIN|PRONES

Informations générales
  • TD 8.106
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  • LA FETE-DIEU
  • Le Pèlerin, N. S., III, n° 128, 14 juin 1879, p. 376.
  • TD 8, P. 106.
Informations détaillées
  • 1 ABUS DES GRACES
    1 AMOUR DE DIEU POUR SA CREATURE
    1 ANEANTISSEMENT DE JESUS-CHRIST
    1 COMMUNION FREQUENTE
    1 DEVOTION EUCHARISTIQUE
    1 EUCHARISTIE
    1 IMITATION DE JESUS CHRIST
    1 JESUS-CHRIST MODELE
    1 MARIE
    1 OEUVRE DE JESUS-CHRIST
    1 SACRIFICE DE LA MESSE
    1 SACRILEGE
    1 SAINTE COMMUNION
    1 TIEDEUR
    1 TRINITE
    2 DAVID, AUGUSTIN
  • 14 juin 1879.
  • Paris
La lettre

Le Seigneur a fait le mémorial de ses merveilles; il a donné une nourriture à ceux qui le craignent. Ainsi David salua-t-il l’institution de l’Eucharistie. Le Seigneur a fait le mémorial de ses merveilles. En effet, tout y est. La merveille des merveilles; l’adorable Trinité y est divinement. Le Père, à qui le sacrifice est offert avant d’être mangé; le Fils, victime très pure; le Saint-Esprit, par les flammes de qui le sacrifice est consommé. Le Père créateur y renouvelle l’acte tout-puissant de la création, par l’acte non moins puissant de la transubstantiation; le Fils reproduit le mystère de la croix, après s’être incarné à nouveau dans les mains du prêtre, comme il s’incarna dans le sein de Marie; le Saint-Esprit, par qui le fils de Dieu devint le fils de l’homme, donne au prêtre le pouvoir de faire descendre Jésus-Christ du ciel dans le pain et le vin disparus. Que voulez-vous de plus? Les hommes mangent une nourriture divine, boivent un breuvage divin. Un Dieu ne fait plus qu’un avec la créature, et lui donne le gage de l’immortalité. Quelle grandeur dans un pareil acte! quelle simplicité dans les moyens! quelles merveilles dans les fruits!

Allons, allons, frappons à la porte du tabernacle, où Jésus veut encore se cacher pour attendre nos adorations, nos louanges, nos réparations, nos demandes, nos actions de grâces. Il est là, c’est notre Dieu très caché, vere tu es Deus absconditus, et nous ne pouvons le reconnaître que sous les voiles de la foi. C’est notre Père plein de miséricorde qui nous pardonne, mesericors et miserator Dominus, comme à l’enfant prodigue, qui nous apporte le pain du ciel; c’est notre juge, dont nous ne devons pas dédaigner les avances ici-bas, dont nous devons redouter les arrêts après le tombeau; c’est notre docteur, il est la vérité, la vérité faite homme, le Verbe fait chair, pour nous tenir notre langage; il est notre médecin, de son propre sang il a préparé la guérison de tous nos maux; c’est notre ami, comme il la dit lui-même, vos amici mei estis, etc. Profitons d’une pareille amitié; par Jésus-Christ nous ne sommes pas seulement les enfants de Dieu, nous sommes ses amis, que voulez-vous de plus? Heureux qui comprend ce qu’il est permis de comprendre de l’Eucharistie! heureux surtout celui qui sait employer les inépuisables richesses mises à la disposition de ceux qui veulent en profiter!

Mais comment tirer de l’Eucharistie tous les trésors qu’elle renferme? Posée ainsi, la question est insoluble; jamais nous ne pourrons épuiser l’infini. Mais nous pourrons chaque jour recevoir, et recevoir avec plus d’abondance, par cette merveille ineffable, plus de vie, plus de force, plus de lumière, plus d’amour, plus de bonheur. Et n’est-ce pas assez? Jamais nous ne verrons le terme des bienfaits eucharistiques; jamais Jésus-Christ ne nous dira: « Retirez-vous, il n’y a plus rien ». La manne divine tombe sans cesse, sans cesse elle se reproduit, et c’est toujours un aliment nouveau, et chaque chrétien peut chaque jour, en recevant le même pain, y trouver une nourriture plus puissants. Voilà ce que Dieu fait pour nous, que devons-nous faire pour lui?

Avoir faim et soif de l’Eucharistie, y participer le plus souvent possible, mais y participer dignement. Que l’homme s’éprouve lui-même, et qu’alors il mange de ce pain et boive de ce calice, car celui qui mange et boit indignement, boit et mange son jugement ne discernant pas avec assez de respect le corps du Seigneur. L’anéantir devant un Dieu ainsi anéanti lui-même, descendu du ciel dans le sein de Marie, de là dans une crèche, de là au tombeau après la croix, de là aux mains d’un prêtre sous les voiles du pain et du vin, de là dans le coeur des fidèles, dont plus d’un est indigne.

Obéir à celui qui, obéissant jusqu’à la mort et à la mort de la croix, obéit tous les jours même au prêtre sacrilège qui veut lui commander, obéit à toute heure et sur tous les points du monde à tous les chrétiens, même schismatiques, qui le reçoivent par routine, avec tiédeur, l’âme tuée par le péché et esclave des plus honteuses habitudes. Mais surtout aimer un Dieu qui nous aime tant, et lui prouver notre amour par une vie d’immolation, dont sa vie est le plus admirable modèle.

O Jésus, caché dans l’Eucharistie, prisonnier divin de l’amour, faites qu’à votre exemple je m’anéantisse dans l’obéissance, je me dévoue, je m’immole dans l’amour, afin que, vivant de vous, votre vie soit désormais la mienne, selon toute la perfection dont je suis capable!

Notes et post-scriptum