ARTICLES|ARTICLES DU PELERIN|PRONES

Informations générales
  • TD 8.119
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  • SIXIEME DIMANCHE APRES LA PENTECOTE
  • Le Pèlerin, N. S., III, n° 132, 12 juillet 1879, p. 444.
  • TD 8, P. 119.
Informations détaillées
  • 1 APOSTOLAT DE LA VERITE
    1 APOTRES
    1 AUGUSTIN
    1 EPISCOPAT
    1 EUCHARISTIE
    1 EVANGILE DE JESUS-CHRIST
    1 EXTENSION DU REGNE DE JESUS-CHRIST
    1 JESUS-CHRIST NOURRITURE DES AMES
    1 MINISTERE DES LAICS
    1 MINISTERE SACERDOTAL
    1 MIRACLES DE JESUS-CHRIST
    1 MISSION DES LAICS
    1 PREDICATION
    1 PREDICATION PAR DES LAICS
    1 PRIERE POUR L'EGLISE
    1 PROTESTANTISME
    1 SALUT DES AMES
    1 VIE CONTEMPLATIVE
    2 JACOB
  • 12 juillet 1879.
  • Paris
La lettre

La multiplication des pains distribués à quatre mille hommes est une prophétie en action du mystère de L’Eucharistie. Qu’un prêtre prenne du pain, qu’il prononce les paroles mystiques et qu’il distribue ce pain du matin au soir, ce sera le corps de Jésus-Christ, et il pourra distribuer pendant plusieurs jours encore de ce pain, et ce sera Jésus-Christ tout entier que tous ceux qui en mangeront auront reçu. Qui peut dire les prodiges du corps et du sang d’un Dieu? Ce Dieu venu du ciel en terre pour sauver les hommes n’a-t-il pas le droit d’accomplir des inventions d’amour dont l’homme ne se serait jamais douté?

L’Evangile n’a pas seulement un sens plein de prodiges; il peut renfermer une leçon féconde pour tout chrétien embrasé du désir de sauver des âmes. Sept pains et quatre mille hommes sont rassasiés: manducaverunt, et saturati sunt.

Mais le Sauveur lui-même l’a dit: « L’homme ne vit pas seulement de pain naturel », il nourrit son âme de toute parole sortie de la bouche de Dieu, et toute parole sortie de la bouche d’un chrétien dans l’amour de Dieu peut devenir une parole divine, un aliment surnaturel. Jésus distribue le pain à ses disciples, et les disciples le distribuent à la foule. De même le chrétien qui désire procurer l’accroissement du royaume de Dieu se nourrit de sa parole et la communique aux autres. La parole de Dieu, c’est la lumière qui du soleil descend dans les yeux de tous, sans que personne en ait moins, parce que quelques-uns en ont plus. Cette observation de saint Augustin est très belle. Elle donne le sens de la prédication apostolique.

A la vérité, c’est l’épiscopat, c’est au sacerdoce envoyé par les évêques, qu’appartient plus spécialement la distribution et du pain eucharistique et du pain de la parole; mais d’autres peuvent aider le sacerdoce, et c’est un prodige que tant de créatures de Dieu soit appelées à cette double et sublime mission et que si peu la comprennent et y répondent. Le protestantisme, qui a détruit le sacerdoce en détruisant le sacrifice, a cru que tout pouvait être fait par les disciples fidèles et cette monstrueuse erreur s’est répandue par son côté pratique d’une façon déplorable, c’est la sécularisation universelle, même la sécularisation de la prédication. Toutefois n’exagérons pas. S’il y a des dangers et d’assez grands dangers dans certaines prédications laïques au sein de l’Eglise catholique, n’oublions pas que Dieu a chargé chaque fidèle du soin de son prochain, Mandavit unicuique de proximo suo. Il y a donc une action intime et très puissante à exercer sur les âmes; mais allons au fond. Les pains multipliés n’ont pas été distribués à la foule par des simples fils de Jacob,ils l’ont été par les apôtres de Jésus-Christ. Le miracle était fait par l’auteur de tout bien surnaturel, mais la répartition en était faite par des hommes à part, séparés, choisis pour être bientôt la lumière du monde.

Concluons que les foules attendent la distribution du pain de la parole, qu’au défaut d’autres distributeurs les pieux fidèles doivent venir donner leur bonne volonté là où manquent les légitimes ouvriers, mais qu’une prière incessante doit s’élever du fond des coeurs vraiment catholiques pour que le pain de la parole soit distribué par ceux que Notre-Seigneur appelle à ce ministère. Enfin prions pour que toutes les vocations sacerdotales acquièrent leur saint épanouissement.

Notes et post-scriptum