- TD 8.127
- ARTICLES|ARTICLES DU PELERIN|PRONES
- NEUVIEME DIMANCHE APRES LA PENTECOTE
- Le Pèlerin, N. S., III, n° 135, 2 août 1879, p. 486.
- TD 8, P. 127.
- 1 ABUS DES GRACES
1 AMOUR DE DIEU POUR SA CREATURE
1 AMOUR DE JESUS-CHRIST POUR LES HOMMES
1 ANTECHRIST
1 DEVOIRS DE CHRETIENS
1 ENNEMIS DE DIEU
1 JUSTICE DE DIEU
1 LUTTE CONTRE SATAN
1 MISERICORDE DE DIEU
1 PECHE D'OMISSION
1 PECHES CONTRE DIEU
1 PEUPLE DE DIEU
2 DAVID, BIBLE
2 JACQUES, SAINT
2 TITUS, EMPEREUR
2 VESPASIEN
3 EUROPE
3 JERUSALEM
3 JUDEE
3 SION - 2 août 1879.
- Paris
Jésus voit Jérusalem et verse des larmes, en songeant au châtiment suspendu sur la ville bientôt dèicede. Jérusalem est l’image de l’âme qui, à force d’abuser des grâces dont Dieu l’a comblée, est abandonnée à elle-même dans sa lutte contre Satan et trouve dans ses défaites le prélude de l’avenir qui l’attend.
Mais Jérusalem est aussi, à ce moment où le divin Sauveur pleure sur elle, le type des nations dont Dieu veut faire un exemple, et montrer comme un sujet d’épouvante aux yeux des peuples qui abandonnent sa loi. Quelle ville plus aimée de Jéhovah que Jérusalem? Quelle cité eut un roi comme David, des oracles comme ceux des prophètes, des prodiges comme les miracles accomplis en sa faveur, un temple où l’on accourait d’aussi loin? Pourtant un jour vint où la royauté fut abolie, les grands conduits en esclavage, les murs détruits, les portes brûlées, le temple renversé, les vases sacrés profanés dans les orgies des gentils. Puis la miséricorde triompha de la justice, les murs furent reconstruits, les habitants rendus à leurs demeures, le temple réédifié, l’autel fuma encore de la graisse des victimes, le feu sacré avait été retrouvé; les solennités de Sion avaient repris un nouvel éclat. Mais le peuple prévariqua de nouveau, la loi ne fut plus observée, les prêtres ne gardèrent plus la science sur leurs lèvres, ils mirent le mensonge et la fourberie à la place, la maison du Père céleste devint une caverne de voleurs, le fils du maître de la vigne fut mis à mort par les vignerons; alors, tandis que le Saint des saints était oint dans son propre sang, l’abomination de la désolation pénétra dans le temple, la miséricorde fut écartée, la justice reprit ses droits. Le châtiment le plus épouvantable que l’histoire ait enregistré fut infligé à la reine des nations, parce qu’elle n’avait pas voulu reconnaître le temps de la visite de Dieu. Et c’est pourquoi Jérusalem est entourée par ses ennemis, précipitée à terre, ,et qu’ils ne laissent pas en elle pierre sur pierre. Et ad terram prosternent te, et non relinquent in te lapidem super lapidem, eo quod non cognoveris tempus visitationis tuae.
Sentence terrible sur la ville qui avait comblé la mesure de ses pères et que le siècle où elle avait été prononcée vit s’accomplir; prophétie non moins terrible sur les peuples qui imitent Jérusalem dans sa révolte contre la loi de Dieu, ses blasphèmes et ses sacrilèges. C’est pourquoi c’est un grand crime de ne pas avertir les chrétiens qui ont des devoirs à remplir comme simples fidèles, comme membres de la famille où ils sont nés, mais aussi comme citoyens de la nation dont ils font partie. Il y a des péchés d’individus, il y a des péchés de race, il y a des péchés de peuple, et malheur à celui qui ne proteste pas contre de tels péchés. L’Europe entière en est-elle arrivée à ce point? Si c’était vrai, il faudrait attendre l’avènement de l’antéchrist. Sans reprendre des questions insolubles, il reste que les sociétés ne veulent plus de Dieu et que Dieu seul connaît le temps où il rejette les sociétés qui sont arrivées au comble de la prévarication. Il reste que dans l’ignorance où nous sommes de l’heure des vengeances, nous pouvons, nous devons faire de constants efforts pour prévenir les coups mérités, et nous préserver de la colère qui s’avance, a ventura ira.
Qui nous donnera des saints capables de retarder cette heure redoutable; des saints qui, comme saint Jacques, au dire des historiens juifs eux-mêmes, soient assez puissants pour arrêter la marche de l’ennemi qui approche avec une mission divine, ainsi que Vespasien et Titus envers la Judée?
Mais, après avoir pleuré sur Jérusalem, Jésus entra dans le temple pour en chasser les vendeurs. Arrêtons-nous et prions avec larmes qu’il n’y ait jamais de ces vendeurs dans l’Eglise de Dieu, surtout auprès de certains ministres, des gouvernements modernes.