ARTICLES|ARTICLES DU PELERIN|PRONES

Informations générales
  • TD 138
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  • QUATORZIEME DIMANCHE APRES LA PENTECOTE
  • Le Pèlerin, N. S., III, n° 141, 13 septembre 1879, p. 590.
  • TD 8, P. 138.
Informations détaillées
  • 1 ACCEPTATION DE LA VOLONTE DE DIEU
    1 AMOUR DE DIEU POUR SA CREATURE
    1 AVARICE
    1 CHATIMENT DU PECHE
    1 COCHONS
    1 DECADENCE
    1 EMPIRE DE SATAN
    1 ENSEIGNEMENT DE JESUS-CHRIST
    1 HAINE CONTRE DIEU
    1 LUTTE CONTRE LE MAL
    1 PERES DE L'EGLISE
    1 PROVIDENCE
    1 SENTIMENT DES DROITS DE DIEU
    1 SOUVERAINETE DIVINE
    1 TYRANNIE DES SENS
    1 VERTU DE PAUVRETE
    2 ELIE, PROPHETE
    2 JUDAS
    2 MICHEL, SAINT
  • 13 septembre 1879.
  • Paris
La lettre

Nul ne peut servir deux maîtres. Le vrai, l’unique maître de l’homme, c’est Dieu. Pourquoi Jésus-Christ parle-t-il comme s’il y en avait deux? Ah! c’est que l’homme trouve quelquefois, pour ses passions, le joug divin intolérable, et dans sa folie il se dit: j’en prendrai un autre. Ainsi le prodigue qui, ne voulant pas de la volonté de son père, eut pour tyrans les plaisirs, puis un dominateur qui l’envoya garder les pourceaux. Les pourceaux, voilà par où il faut en finir, quand on ne veut pas Dieu pour maître; c’est toujours la même histoire et le même châtiment. Jésus-Christ, il est vrai, dit: « Vous ne pouvez servir Dieu et Mammon ». Mammon, c’est le dieu de l’or. Mais que rapporte l’or? Des plaisirs, le moyen de servir les pourceaux, ou de le devenir soi-même. Beau profit, en effet! Et telle est pourtant l’histoire de tous les hommes qui ne sont pas chrétiens, et de bien des chrétiens même. Hélas! hélas! que de pourceaux ne fait pas l’or adoré, parce qu’on ne veut pas adorer Dieu!

En face de ce courant qui conduit à toutes les hontes et toutes les ignominies, se dressent des hommes justement détestés: les vrais religieux qui mettent en pratique le conseil de Jésus-Christ: « C’est pourquoi je vous dis: n’ayez aucun souci de ce que vous mangerez, ni de votre corps et de ce dont vous le vêtirez. L’âme n’est-elle pas plus que la nourriture et le corps plus que le vêtement? »

Quand on entre dans une vie basée sur ce principe, on va loin. Telle est la grande force des saints. Dans la pauvreté, peu importent mes aliments et mes habits. Je m’en rapporte à Dieu: il donne aux lys leur beauté, aux oiseaux leur plumage. Je m’en rapporte à lui. Je m’abandonne à sa pitié. Je compte sur le pain quotidien; il ne faut pas davantage.

Certes, la miséricorde paternelle de notre Dieu n’a pas exigé que tous les prophètes fussent nourris comme Elie au désert par un corbeau, et les saints Pères font observer que lui-même ici-bas mettait en réserve quelques aumônes qu’il confiait à Judas.

Mais il est des époques où le diable et ses suppôts semblent vouloir forcer les sectateurs de la perfection à n’avoir qu’un maître, en leur refusant l’or de Mammon qu’ils veulent tout pour eux. Que faire? Regarder, selon le conseil du Sauveur, les lys des champs et les oiseaux du ciel, et dire: Dieu ne sera pas plus dur pour nous que pour ces passereaux et pour ces belles fleurs si rapidement flétries. Ah! quel secret merveilleux nous aurions à notre disposition, si nous savions procéder ainsi! Résolus à ne servir qu’un maître, à ne céder jamais à une considération d’argent, méprisant ce qui peut ternir notre couronne, certes ce serait un grand étonnement pour les gens de fange et de boue, mais ce serait bientôt un sujet de grande admiration. On a toujours fini par s’incliner devant ceux qui n’ont voulu que le ciel et ont dédaigné la terre. Allons, allons, sursum corda! Ne servons que Dieu et nous serons vainqueurs du monde et de l’enfer.

Saint Michel, apprenez-nous à répéter souvent, surtout par nos actes: Quis ut Deus?

Notes et post-scriptum