ARTICLES|ARTICLES DU PELERIN|PRONES

Informations générales
  • TD 8.152
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  • VINGTIEME DIMANCHE APRES LA PENTECOTE
  • Le Pèlerin, N. S., III, n° 146, 18 octobre 1879, p. 663.
  • TD 8, P. 152; CO 210.
Informations détaillées
  • 1 ADOLESCENTS
    1 ATHEISME DE L'ETAT
    1 CATHOLIQUES SANS FOI
    1 CHATIMENT
    1 DECADENCE
    1 EDUCATION EN FAMILLE
    1 FOI
    1 MORALE INDEPENDANTE
    1 MORT DE L'AME
    1 NATURALISME
    1 PARENTS
    1 PRIERE DE DEMANDE
    1 PUISSANCE DE DIEU
    1 RESPONSABILITE
    1 SAUVEUR
    1 TITRES DE JESUS-CHRIST
    3 CAPHARNAUM
  • 18 octobre 1879.
  • Paris
La lettre

Un employé avait son fils malade à Capharnaüm. Combien sont à plaindre les parents dont les enfants sont malades! mais combien sont plus à plaindre les enfants que leurs parents rendent malades! On ne se fait pas une idée suffisante des homicides quotidiens qui se commettent de la part des familles réputées les plus honnêtes. Je ne parle pas des enfants qu’on tue à force de les gâter. Ceci est plutôt le fait des mères absurdes et faibles jusqu’au crime. Je parle des pères sans foi, ou à la foi titubante, qui consentent à faire donner une éducation morale quelconque à leurs fils, jusqu’à ce que soit arrivé un certain âge, mais qui font le plus facile marché des principes sur lesquels repose toute morale forte, et, les affranchissant un jour de croire, leur donnent la liberté de tout faire, excepté d’aller en police correctionnelle. Nous en sommes là pourtant, et c’est ainsi que, de liberté en licence, chaque génération avance dans le mal par un progrès toujours plus effrayant. Les limites se reculent tous les jours, la notion du juste et de l’injuste se perd. Encore une fois nescierunt, neque intellexerunt. L’intelligence sociale est un des premiers châtiments infligés aux familles pour qui la religion est peu, pour ainsi dire rien, et le châtiment s’étend à celles qui les laissent faire et ne les combattent pas avec vigueur.

Mais revenons à notre employé. Lui croyait, il était convaincu de la puissance de Jésus; il s’adresse à lui. Le pauvre enfant entrait en agonie: incipiebat enim mori. Pour toute réponse Jésus lui dit: « Si vous ne voyez des miracles et des prodiges, vous ne croyez point ». Le pauvre père qui ne songe qu’au salut de son fils, accepte l’humiliation et s’écrie: « Seigneur, descendez vite avant que mon fils ne soit mort ». Heureuses angoises, parties d’un coeur paternel! Comme jaillit avec impétuosité cette exclamation sincère, et que cette préoccupation est bien celle d’un homme de foi, que ne compte que sur la puissance du Messie, en qui il croit sans hésitation!

Ce qu’il veut surtout, c’est la vie de son fils. Hélas! que de chrétiens de nom tiennent peu à cette vie de l’âme, la plus importante à coup sûr! S’ils en avaient le moindre souci, les verrait-on accepter toute disposition brutalement athée qui va chercher, pour ainsi dire au sortir du berceau, de pauvres petites âmes encore dans la blancheur du baptême pour les souiller à plaisir par l’incrédulité et l’absence de toute morale qui conduise au ciel! Et pourquoi s’occuper du ciel quand on ne croit qu’à la terre? On leur parlera donc de la terre, des plantes, des bêtes, des machines, des jouissances que la terre procure, des voluptés charnelles, de l’amour de soi à la place de l’amour de Dieu. On leur inculquera une haine bien conditionnée contre toute religion et contre ses ministres, contre toute autorité, contre les riches, contre les supérieurs qu’on renversera, contre les égaux qu’on écrasera, contre les inférieurs qu’on tyrannisera. Et vive la morale indépendante! Maintenant que le bonhomme ainsi éduqué par les maîtres selon le coeur de son père, le fasse passer de vie à mort à tel moment que l’un lui semblera l’affaire des deux. En général, le bon moment sera celui où le gaillard aura besoin de la bourse paternelle. Le fils voudra la prendre, le père voudra la garder, et alors on verra qui sera le plus fort. Il est vrai que le père a derrière lui, pour le protéger, la peur de la cour d’assises.

Ah! pourquoi ne s’adresse-t-il pas au médecin des âmes bien plus encore que des corps, et ne lui dit-il pas: « Seigneur, descendez avant que mon fils ne meure? La fièvre du péché l’a envahi; hâtez-vous de le guérir ».

Telle devrait être la prière universelle de toutes les familles aux enfants de qui on veut arracher la foi, et Jésus-Christ répondrait: « Vade, filius tuus vivit« , et Jésus-Christ conserverait la vie de l’enfant ou lui rendrait la santé.

Seigneur, que les chrétiens comprennent l’horrible contagion qui ravage la génération à peine arrivée au seuil de la vie morale. Guérissez les jeunes malades, et donnez aux parents la foi de l’employé de Capharnaüm.

Notes et post-scriptum