ARTICLES|ARTICLES DU PELERIN|PRONES

Informations générales
  • TD 8.161
  • ARTICLES|ARTICLES DU PELERIN|PRONES
  • VINGT-TROISIEME DIMANCHE APRES LA PENTECOTE
  • Le Pèlerin, N. S., III, n° 149, 8 novembre 1879, p. 716.
  • TD 8, P. 161.
Informations détaillées
  • 1 AMOUR DE JESUS-CHRIST POUR LES HOMMES
    1 ATHEISME
    1 AVARICE
    1 DECADENCE
    1 DEFENSE DE L'EGLISE
    1 ENNEMIS DE LA SOCIETE
    1 FOI
    1 HYPOCRISIE
    1 MIRACLES DE JESUS-CHRIST
    1 MORT DE L'AME
    1 SAINTS
    1 TITRES DE JESUS-CHRIST
    2 BERNARD DE CLAIRVAUX, SAINT
    2 DENIS, SAINT
    2 EVE
    2 LOUIS, SAINT
    2 REMI, SAINT
    2 VINCENT DE PAUL, SAINT
    3 FRANCE
  • 8 novembre 1879.
  • Paris
La lettre

Tandis que Jésus-Christ parlait à la foule, un homme important l’approche, l’adore et lui dit: Seigneur, ma fille vient de mourir; mais venez, imposez-lui les mains, et elle vivra. C’est déjà un grand acte de foi que croire à la possibilité d’une pareille résurrection, et je ne comprends pas que les commentateurs lui préfèrent celui de l’hémorroïsse. Je trouve que tous deux sont admirables, chacun dans son genre. Bref, Notre Seigneur va où il le conduit; sur son chemin il trouve une pauvre malheureuse femme affligée depuis douze ans d’une perte de sang; elle n’osait pas se montrer, et disait: « Si je touchais seulement le bord de son vêtement, je serais guérie ». Mais Jésus voyant sa foi et son humilité, se tourne vers elle et lui dit: « Ma fille, ayez confiance, votre foi vous a sauvée ».

Quel plus magnifique encouragement à se jeter dans les bras de la foi! Ce n’est pas seulement depuis douze ans que la France perd le plus pur de son sang, de ses traditions, de son caractère, de ses vertus chrétiennes, mais c’est toujours la France. Elle est malade, mais elle connaît son vrai médecin, elle connaît aussi le remède. Et dans la France, il y a deux parts: la partie malade, épuisée, de qui la vie semble finir; il y a la vieille France catholique, la France en passion, qui boit son propre sang, la France de la vie divine qui court après Jésus-Christ dans la confiance absolue de sa puissance. il y a la France des incrédules, et celle des croyants; laquelle des deux l’emportera?

Eh bien, je ne crains pas de le dire, ce sera la France des saints, si on le veut, la France de saint Denys, de saint Remy, de saint Bernard, de saint Louis, de saint Vincent de Paul. Et tantam habentes impositam nubem testium, per patientiam curramus ad propositum nobies certamen.

Allons avec la foi de cette pauvre épuisée, qui est une si fidèle image de la France de nos jours; ce que Jésus-Christ fit pour l’une, il le fera pour l’autre, le prodige opéré pour une fille d’Eve infirme est le gage du prodige qu’il opérera, si nous le voulons, pour la fille aînée de l’Eglise. Ayons la foi, et la foi sera notre salut.

De là Jésus passe à la maison du père affligé. En entrant il entend un horrible tapage; des joueurs de flûte et d’instruments divers faisaient tout le bruit possible. Singulier moyen de calmer la douleur des gens. C’était, paraît-il, une consolation de l’époque, absolument comme ceux qui veulent se dédommager de la mort des nations qu’ils ont assassinées en les entourant d’ovations, de discours,de congrès populaires et de certaines assemblées; laissez-les donc faire, ne sont-ils pas payés pour hurler? Aussi quand Jésus-Christ vient et veut les renvoyer, en disant: « Laissez donc, l’enfant n’est pas morte, elle dort », voyez comme on se moque de lui. Et deridebant eum. Ce n’était pas, en effet, le compte de ces êtres bruyants; n’allaient-ils pas être réduits à demi-solde, puisqu’ils n’auraient à crier que pour la moitié du temps sur lequel ils avaient compté? Que de porteurs de parole, moins innocents que les joueurs de flûte, en sont là! En effet, si la France, je veux dire la jeune fille, ressuscite, voilà leur traitement compromis; où iront-ils porter leurs horribles concerts? Question très grave. Je suis orateur, il me faut une tribune pour parler des dangers de la patrie; mais si la patrie se porte bien! Donc il faut que la patrie soit malade, qu’elle meure même, afin que je sois payé pour jouer de la flûte a son enterrement. Que de joueurs de flûte aujourd’hui!

Mais laissons ces tristes personnages, dont l’espèce n’est certe pas morte. Entrons, s’il est possible, avec Jésus-Christ; il entre dans la chambre mortuaire; la jeune fille est couchée sur son lit funèbre. Jésus, sans rien dire, la prend et la rend à ses parents.

Seigneur, rendez à l’Eglise tant d’âmes expirées; rendez-lui aussi les nations qui meurent dans l’indigence de la vérité; que votre main, qui a semé la vie dans l’univers, la rende à ces infortunés qu’attend le tombeau; les âmes vivront, les nations retourneront à l’existence de leurs premiers jours, et vous poursuivrez ainsi à travers les siècles le cours bienfaisant de vos miracles.

Notes et post-scriptum