ARTICLES|ARTICLES DU PELERIN|PRONES

Informations générales
  • TD 8.164
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  • VINGT-QUATRIEME DIMANCHE APRES LA PENTECOTE
  • Le Pèlerin, N. S., III, n° 150, 15 novembre 1879, p. 727.
  • TD 8, P. 164.
Informations détaillées
  • 1 ACTION DE DIEU
    1 CORPS MYSTIQUE
    1 CRECHE DE JESUS-CHRIST
    1 CROIX DE JESUS-CHRIST
    1 ENNEMIS DE DIEU
    1 ENSEIGNEMENT DE JESUS-CHRIST
    1 EUCHARISTIE
    1 HISTOIRE DE L'EGLISE
    1 PENTECOTE
    1 PLANTES
    1 SALUT DU GENRE HUMAIN
    1 UNITE DE L'EGLISE
    1 UNIVERSALITE DE L'EGLISE
    1 VIE DE JESUS-CHRIST
    1 VIE RELIGIEUSE
    2 ANICIA
    2 ANTOINE, SAINT
    2 BENOIT, SAINT
    2 DAVID, BIBLE
    2 JOSEPH, SAINT
    2 MAISTRE, JOSEPH DE
    2 PAUL, SAINT
    3 AUSTRALIE
    3 BABEL
    3 NAZARETH
    3 OCCIDENT
    3 ORIENT
    3 POLE NORD
  • 15 novembre 1879.
  • Paris
La lettre

Monsieur de Maistre a commenté la parabole du grain de sénevé en peu de mots. Toutes les grandes choses ont de petits commencements. Quoi de plus petit que cette graine, avec laquelle se fait la moutarde? voyez comme elle grandit, s’étend en arbre et les oiseaux du ciel viennent y trouver l’ombrage.

C’est l’histoire de l’Eglise, l’histoire des oeuvres divines de l’Eglise. Voyez cet établissement planté dans une crèche. Jésus avec Joseph et Marie dans une étable, tel est le premier temple de la nouvelle loi. Qu’est-ce que Nazareth? Qu’est-ce que la vocation des apôtres? Qu’est-ce que l’arbre de la croix? Il croîtra pourtant, lui aussi, et ses branches ensanglantées embrasseront le monde; il s’étendra partout. Souvent renversé, il repousse toujours, et ce ne sont pas les oiseaux du ciel, mais les nations entières qui viennent s’abriter à son ombre. Pour moi, si je n’avais pas l’ineffable bonheur de croire, je trouverais une objection vexatoire dans cette question: comment une potence est-elle devenue l’arbre du salut pour tant de peuples à travers tant de générations?

Poursuivons. Qu’étaient les cent-vingt disciples réunis au cénacle? Qu’est-ce que ce fait de la diffusion des langues? Le contre-pied de la confusion de Babel: et puis tout à coup, après tant de petitesse, qu’est ce prodigieux développement de la parole qui fait dire à saint Paul, après David: In omnem terram exivit sonus eorum, et le reste?

Oui, le petit grain de sénevé est devenu un très grand arbre, et tous le voient, et sa vue est un objet de rage pour les ennemis de Dieu.

D’autant plus que l’Eglise, à part son immortalité, est l’histoire de toutes les oeuvres auxquelles l’Eglise communique sa vie. Qu’est-ce que ce jeune homme qui, entré dans une église, entend ces paroles: « Si vous voulez être parfait, allez, vendez ce que vous avez, donnez-le aux pauvres et venez, suivez-moi? » Ce jeune homme qui prend à la lettre les conseils évangéliques, c’est Antoine, le fondateur des moines d’Orient. Et cet autre enfant sorti de la grande famille Anioia, qui se cache dans une grotte où un moine solitaire lui fait descendre sa nourriture, qu’est-il? Benoît, le père des moines d’Occident. Les Antonins subsistent, les Bénédictins n’ont pu être entamés; ils sont là partout, dans les forêts qu’ils défrichent, dans les bibliothèques qu’ils fondent, chez les sauvages que du pôle Nord à l’Australie ils évangélisent. Je ne veux citer que deux exemples, parce que c’est toujours le même phénomène des grands établissements élevés sur de grandes impossibilités humaines; grâce au secours de Dieu, le grain de sénevé poursuit toujours son oeuvre d’être très petit et de devenir très grand.

La parabole de la femme qui mêle son levain à trois mesures de farine, est comme une répétition de la précédente, avec une distinction toutefois. Qu’est cette femme L’Eglise? Et le levain? La grâce? Et les mesures de farine? L’ensemble des fidèles qui fermentent sous l’action de ce levain mystérieux, lequel n’est autre que le corps de Notre-Seigneur destiné à fermenter dans ce grand corps, de qui saint Paul a dit: Unum corpus multi sumus, omnes qui de uno pane participamus. Le pain eucharistique nourrit le corps entier; les membres en semblent dispersés, l’hostie sainte en est le principe de cohésion, et il se trouve que ce victorieux principe d’attraction maintient l’unité à travers l’espace et les siècles.

Or, Jésus parlait en paraboles, et les Juifs à la tête dure ne le comprenaient pas, et bien des chrétiens judaïques ne le comprennent pas davantage. Heureux ceux qui comprennent, et qui tous les jours contemplent le perpétuel développement du grain de sénevé et la perpétuelle fermentation dans leurs âmes du pain des enfants de Dieu.

Notes et post-scriptum