ARTICLES|ARTICLES DU PELERIN|PRONES

Informations générales
  • TD 8.166
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  • VINGT-CINQUIEME DIMANCHE APRES LA PENTECOTE
  • Le Pèlerin, N. S., III, n° 151, 22 novembre 1879, p. 743.
  • TD 8, P. 166.
Informations détaillées
  • 1 APOSTOLAT
    1 CHARITE ENVERS LE PROCHAIN
    1 CHATIMENT
    1 CROIX DE JESUS-CHRIST
    1 DEFENSE DES DROITS DE DIEU
    1 ENNEMIS DE DIEU
    1 FOI
    1 JUIFS
    1 JUSTICE DE DIEU
    1 PERSECUTIONS
    1 PERSEVERANCE APOSTOLIQUE
    1 REVOLUTION ADVERSAIRE
    1 SACRILEGE
    1 SPOLIATEURS
    1 TRIOMPHE DE L'EGLISE
    2 TITUS, EMPEREUR
    2 VESPASIEN
    3 JERUSALEM
    3 JERUSALEM, TEMPLE
    3 JUDEE
  • 22 novembre 1879.
  • Paris
La lettre

L’Evangile qui semble indiquer l’approche du jugement dernier est aussi la prophétie des châtiments de Dieu sur Jérusalem et sur le peuple déicide. Jérusalem a comblé la mesure. Jésus-Christ l’avait dit aux prêtres et aux pharisiens. Implete mensuram patrum vestrorum. Mais la justice, pour être patiente dans son éternité, n’en devait pas moins être très rigoureuse. Toutefois Jésus-Christ pense aux innocents clairsemés parmi tant de coupables, et comme leur nombre n’est pas suffisant pour obtenir une miséricorde générale, ordre leur est donné de se tenir à l’écart. Les chrétiens, en effet, sous la directions de leur évêque, s’étaient enfuis de Jérusalem, avant l’arrivée de Vespasien et de Titus, ils s’étaient réfugiés in montana. Là, ils attendirent des jours meilleurs, et quand le vent de la colère divine eut renversé les murs de Jérusalem, éteint le feu des sacrifices, mais allumé l’incendie du Temple, quand l’abomination de la désolation se fut répandue dans le lieu saint, quand il eut donné aux païens le pouvoir d’emporter les vases du sanctuaire, comme monument de leur triomphe, alors on vit le signe du Fils de l’homme, et les chrétiens, même au milieu des persécutions idolâtriques, purent espérer un triomphe provisoire, car le triomphe définitif n’est pas de ce monde.

Serions-nous arrivés à une époque analogue? Nous aussi aurions-nous rempli la mesure de nos pères?

Hélas! que de symptômes ne semblent pas l’indiquer! Nous sommes enfants de nations qui ont frémi de rage, de peuple qui ont formé des complots, vains à la vérité, meditati sunt inania, mais qui n’en sont pas moins sacrilèges, puisqu’ils s’attaquent à Dieu et à son Christ. Nous voyons la guerre déclarée de toute part. Quelle en sera l’issue? Assisterons-nous à un nouveau désastre comme à Jérusalem? Dieu prendra-t-il pitié de son peuple réfugié dans les montagnes? Qui peut le dire?

Toutefois on ne saurait contester que la vue de Jérusalem si épouvantablement châtiée n’ait produit un salutaire effet parmi les premiers chrétiens, témoins de ces horribles catastrophes. Que la vue de ce qui s’est accompli et de ce qui se prépare nous force à être prêts pour l’accomplissement de nos très grands devoirs. Soyons charitables envers nos ennemis, soyons patients, mais souvenons-nous que la patience c’est l’épreuve, la douleur portée avec courage; souvenons-nous surtout que, s’il nous est commandé d’aimer nos ennemis, il nous est encore plus commandé d’aimer Dieu et sa cause, que nous devons combattre et vaincre par la foi, et haec est victoria quae vincit mundum, fides nostra. Or, la foi que n’agit point, est-ce une foi sincère?

Donc il faut agir, avec prudence sans doute. Le siège de Jérusalem a-t-il arrêté la propagation de l’évangile? Loin de là. Si un certain nombre de chrétiens se cacha pour un temps, combien ne dirent-ils pas un adieu éternel à leur patrie désolée et ne s’élancèrent-ils pas sur les traces des apôtres, vers la propagation de l’Evangile! Ce que la Judée perdit, le monde le gagne. Nous n’avons pas encore besoin de nous exiler, mais que le spectacle des éphémères triomphes de la Révolution nous apprenne quels triomphes plus durables nous devons préparer à l’Eglise, pour mériter que bientôt le signe du Fils de l’homme nous soit un signe de salut.

Notes et post-scriptum