ARTICLES|ARTICLES DU PELERIN|PRONES

Informations générales
  • TD 8.170
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  • L'IMMACULEE CONCEPTION
  • Le Pèlerin, N. S., III, n° 153, 6 décembre 1879, p. 775.
  • TD 8, P. 170.
Informations détaillées
  • 1 COMPASSION DE LA SAINTE VIERGE
    1 FIDELITE A LA GRACE
    1 GRACE
    1 HISTOIRE DE L'EGLISE
    1 IMITATION DE LA SAINTE VIERGE
    1 INCARNATION DE JESUS-CHRIST
    1 INGRATITUDE ENVERS DIEU
    1 JESUS-CHRIST MODELE
    1 LUTTE CONTRE LE PECHE
    1 MISERICORDE DE DIEU
    1 NOUVEAU TESTAMENT
    1 PAPE DOCTEUR
    1 PERFECTIONS DE MARIE
    1 PROGRES DANS LA VIE SPIRITUELLE
    1 RECHERCHE DE LA PERFECTION
    1 REINE DU CIEL
    1 REVOLUTION
    1 SAGESSE DE DIEU
    1 SALUT DU GENRE HUMAIN
    1 TITRES DE MARIE
    2 ADAM
    2 PIE IX
  • 6 décembre 1879.
  • Paris
La lettre

L’Eglise suspend un moment le cours de ses tristes et sombres préoccupations, et se livre à la joie des gloires dont il fut donné à Pie IX de couronner Marie.

L’Eglise va à travers les siècles et révolutions, trône détruits, couronnes arrachées des fronts royaux, que lui importe? Elle est la grande monarchie de Dieu, la grande distributrice des couronnes, elle les pose sur la tête des saints. Pourquoi ne poserait-elle pas la plus belle de toutes celles réservées à de pures créatures, sur la tête de la Reine de tous les saints? Pourquoi ne ferait-elle pas pour cette Reine unique du soleil son manteau royal, de la lune l’escabeau de ses pieds, et des douze plus belles étoiles qui brillent au firmament un diadème virginal, pur, immaculée? Ainsi nous apparaît Marie au livre de l’Apocalypse, ainsi et plus éblouissante de perfection nous est-elle montrée par le vicaire de son Fils, lorsqu’il proclama que toute souillure lui avait été inconnue dès le premier instant de sa conception.

Mais il ne suffit pas de se livrer à une contemplation stérile peut-être. Quels biens spirituels doit nous apporter ce nouveau mystère proposé à notre foi? Disons que l’Immaculée Conception doit nous procurer l’horreur la plus profonde du péché, le désir de correspondre aux grâces célestes, la résolution d’accroître sans cesse les vertus de notre état.

I. Pourquoi Dieu a-t-il décrété l’Immaculée Conception de Marie? Pour procurer pendant neuf mois à son Fils un tabernacle digne de lui au moment de l’Incarnation. Pourquoi l’Incarnation, sinon afin qu’un Dieu fait homme pût sauver le genre humain par l’effusion de son sang sur la croix? Tout s’enchaîne, et Marie immaculée est le premier prodige qui commence la série des prodiges accomplies par la miséricorde éternelle pour affranchir les enfants d’Adam du péché, et leur ouvrir les portes du ciel. Certes il y a là une manière divine de faire bien propre à confondre nos pensées; mais quand Dieu veut manifester ses largesses, il les répand avec une telle profusion qu’elles semblent n’avoir aucune limite. Le genre humain est perdu par la révolte du premier homme; un autre homme le sauvera, mais si libéralement que, pour montrer ce qu’un Dieu peut faire, la mère du Sauveur recevra une incomparable beauté dans son âme. Mais le Rédempteur n’en mourra pas moins et les perfections de la mère seront une source de souffrances les plus exquises pour cette femme, bénie pourtant entre toutes; elle pourra défier les pécheurs de rencontrer une douleur semblable à la sienne, et les hommes auteurs de ses souffrances ne détesteront pas les péchés qui en sont la cause, comme elles sont la cause de la mort de Jésus fils de Marie?

II. Sans la grâce de quoi l’homme est-il capable? De rien. Avec la grâce où l’homme ne peut-il pas atteindre? A tout, et Dieu dans l’Immaculée Conception a voulu nous montrer jusqu’où pouvaient se verser ses inépuisables trésors. Il fallait que nous eussions une preuve, non pas de tout ce qu’il peut, il pourrait plus encore s’il le voulait, mais en enrichissant ainsi la mère de son Fils, il nous a voulu apprendre qu’il pourrait nous enrichir aussi si nous ouvrions nos mains et notre coeur.

Qui peut dire où atteindrait tout chrétien profitant de tous les dons d’en haut et qui n’en laisserait perdre aucun! Ceci est un grand mystère. Les grâces nous sont offertes; nous en abusons parfois, elles s’arrêtent et nous n’avons, par cette soustraction de secours indispensables au salut, que ce qui nous avons voulu. D’autres fois, Dieu est plus tenace dans sa générosité que nous dans nos ingratitudes; mais n’avons-nous pas sujet de trembler, si ces grâces nous sont refusées après plusieurs avances inutiles et qui justifient avec surabondance les sévérités de Dieu en face de nos dédains.

Qu’heureuse est l’âme fidèle, attentive à toute prévenance du ciel! Quelle limpidité dans le regard n’acquiert-elle pas? Quelle abondance de lumière! Quelle force ne circule pas au fond de son être! Quelle richesse de vie! Elle approchera tous les jours des perfections de Marie sans jamais les atteindre sans doute, et pourtant, comme Marie, elle pourra dire: Fecit mihi magna qui potens est, parce qu’elle a correspondu à des grâces sans cesse plus hautes et en quelque sorte plus divines.

III. Aussi qu’elles vertus ne lui sont pas proposées! Admirons-en tout d’abord la variété, car si la foi, l’espérance et la charité en forment le fond, elles s’épanouissent en variétés infinies, selon les âges, les états et les vocations. Jésus est le modèle de toutes, Marie à un degré plus humble également; étudiez Marie, étudiez Jésus le plus beau fruit que Marie ait produit, le seul en un sens, puisqu’il est incomparable, et voyez ce qu’on a le droit d’exiger de vous pour devenir digne d’une pareille société. Les perfections de Jésus renfermées en Marie, les vertus de Marie resplendissant sous les rayons de Jésus, et Dieu nous disant: « Regardez et faites de même », et quoique en un sens cela nous soit impossible, il est toutefois un sens où nous le pouvons à l’aide des grâces, de l’ordre de celles qui ont fait de Marie la plus sainte de toutes les créatures. Quand donc commencerons-nous ce travail d’imitation? Quand prendrons-nous des vertus de notre mère, tout ce qu’il nous est donné d’en obtenir? Commençons et, Dieu aidant, l’oeuvre s’accomplira. Ce jour-là nous serons des saints. Ainsi-soit-il.

Notes et post-scriptum