ARTICLES|ARTICLES DU PELERIN|PRONES

Informations générales
  • TD 8.186
  • ARTICLES|ARTICLES DU PELERIN|PRONES
  • LA QUINQUAGESIME
  • Le Pèlerin, N. S., IV, n° 162, 7 février 1880, p. 918-919.
  • TD 8, P. 186; CO 193.
Informations détaillées
  • 1 APATHIE SPIRITUELLE
    1 ATHEISME
    1 CHATIMENT
    1 COMBATS DE L'EGLISE
    1 CORRUPTION
    1 EGOISME
    1 EMPIRE DE SATAN
    1 ENNEMIS DE JESUS-CHRIST
    1 JESUS-CHRIST DOCTEUR
    1 LIBRE PENSEE
    1 MAHOMETANISME
    1 MIRACLES DE JESUS-CHRIST
    1 MORT DE JESUS-CHRIST
    1 PENITENCES
    1 PRIERE DE DEMANDE
    1 PRUDENCE DE LA CHAIR
    1 ROI DIVIN
    1 SCANDALE
    1 SOUFFRANCE ACCEPTEE
    1 VERBE INCARNE
    2 JONAS, BIBLE
    2 PAUL, SAINT
    3 EUROPE
    3 FRANCE
    3 JERICHO
    3 NINIVE
    3 TURQUIE
  • 7 février 1880.
  • Paris
La lettre

Arrêtons-nous aujourd’hui à la seconde partie de l’évangile. Jésus avec une divine tristesse a prophétisé sa passion: Ecce ascendimus Jerosolymam, et Filius hominis tradetur gentibus. Ce spectacle se renouvelle aujourd’hui; mais ne nous y arrêtons pas trop, tant il y aurant à dire. Considérons plutôt l’aveugle de Jéricho qui à grands cris demande la lumière, Hélas! que d’aveugles aujourd’hui, mais qui ont la plus grande terreur d’y voir clair! En effet, si leurs yeux venaient à s’ouvrir, quel spectacle ne se présenterait pas à eux? Leur conscience étouffée, leurs passions régnant en despote sur leur coeur, une ambition sans mesure, des appétits sensuels et immondes, des erreurs volontaires, la négation d’un Dieu dont on ne veut pas, parce qu’il juge trop rigoureusement. Ah! tout cela on ne veut pas l’envisager, et l’on préfère rester aveugle. Et ce ne sont pas les indivus qui préfèrent les ténèbres de la cécité aux belles clartés faites pour les yeux purs. La France, l’Europe tout entière en est là. Elle repousse Jésus-Christ et Jésus-Christ c’est le Verbe divin, « la lumière véritable qui éclaire tout homme venant en ce monde, et la lumière luit dans les ténèbres et les ténèbres ne la peuvent comprendre ». Ténèbres épaisses, palpables, qu’aucun rayon lumineux ne peut pénétrer. Chrétiens, l’aveuglement de certains hommes vous épouvante, et il y a de quoi, mais aussi qu’il vous console, comme console toute prophétie réalisée: In propria venit, et sui eum non receperunt. Où Jésus-Christ peut-il être plus chez lui que dans son domaine, in propria? Son Père lui dit: Postula a me, et dabo tibi gentes hereditatem tuam. Les peuples sont sa propriété, et quand ils ne veulent pas de leur vrai roi, une verge de fer les brise. C’est la loi de l’histoire. La France sera-t-elle brisée? L’Europe sera-t-elle brisée ? C’est bien possible. L’Europe et la France ne l’ont que trop mérité, la France surtout. Quel pays déploie un pareil acharnement contre Dieu et contre son Christ? Les autres Etats sera proclament chrétiens, même dans leur schisme et leur hérésie; mais la France, elle, descend au-dessous de la Turquie, qui au moins croit en Dieu et dont le Coran parle respectueusement de Jésus-Christ. La France libre-penseuse tient à établir son incrédulité, son athéïsme, et vous voulez que les plus terribles châtiments ne soient pas suspendus sur sa tête, et que la foudre de la justice divine ne frappe pas bientôt.

La provocation est trop forte. Il faut que la réponse soit évidente aux yeux de tous. L’homme a parlé par ses blasphèmes et ses complots. Il faut que le Christ roi réponde par ses sentences. Et ses sentences n’atteindront pas seulement les ennemis déclarés, il faut donner leur part à ceux qui par leur lâcheté connivent à toutes ces abominations. Et le nombre est grand de ces êtres d’entre- deux, boiteux de tout côté, vers le bien quand c’est leur intérêt, vers le mal parce que l’intérêt s’y trouve le plus souvent encore; êtres vils entre les êtres vils, à cause de leur prudence honteuse. Je ne parle pas de ceux qui ne savent pas distinguer entre leur gauche et leur droite, comme à Ninive autour de Jonas. Je parle de ceux qui sera disent sages, grands insensés, selon l’Apôtre: Dicentes sera esse sapientes, stulti facti sunt; mais insensés coupables parce qu’ils le sont avec volonté, insensés scandaleux parce qu’ils entraînent des masses après eux, insensés à punir et pour le mal qu’ils font et pour celui que leur modération prétendue fait commettre.

Mais quoi! tout est-il donc perdu, et n’avons-nous plus qu’à nous écrier: Montagnes, descendez sur nous »? Je suis très loin d’une conclusion pareille. Je dis: le mal est grand; il faut attirer une miséricorde plus grande. Saint Paul a écrit: Ubi abundavit delictum, ibi superabundavit gratis. Cela s’est vu au Calvaire; cela sera reverra encore quand les chrétiens vrais provoqueront par leurs prières humiliées, par une pénitence sérieuse, les manifestations de la bonté divine et les prodiges de son amour. Mais pour que la rédemption soit abondante, il faut que l’expiation le soit aussi. Que ferons-nous? Et quand commenceront-nous? Nous prierons, nous ferons l’aumône, nous jeûnerons, et avec une préparation pareille, sous la direction de nos chefs, nous marcherons au combat. Ah! sachons nous séparer franchement et des mauvais et des tièdes. Alors la lumière sera fera, et dans cette lumière nous constaterons qu’après tout nous sommes les plus nombreux, car nous avons pour nous l’armée des anges et des saints. Et tantam habentes impositam nubem testium, per patientiam curramus ad propositum nobis certamen.

Le combat a déjà commencé; l’enfer a ses armes, nous avons les nôtres: Arma nostra potentia Dei*. Les armes divines sont toujours victorieuses, quand on s’en sert dans la divine lumière de la foi.

Notes et post-scriptum