ARTICLES|ARTICLES DU PELERIN|PRONES

Informations générales
  • TD 8.189
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  • PREMIER DIMANCHE DE CAREME
  • Le Pèlerin, N. S., IV, n° 163, 14 février 1880, p. 939.
  • TD 8, P. 189; CO 195.
Informations détaillées
  • 1 AMBITION
    1 ANGLICANISME
    1 CITE
    1 COMBATS DE L'EGLISE
    1 DIVINITE DE JESUS-CHRIST
    1 ENNEMIS DE DIEU
    1 JESUS-CHRIST AUTEUR DE LA GRACE
    1 MIRACLE
    1 PARLEMENTAIRE
    1 REVOLUTION ADVERSAIRE
    1 RUSE
    1 SATAN
    1 SCHISME GREC
    1 SCHISME ORIENTAL
    1 SOLITUDE
    1 SPOLIATEURS
    1 TENTATION
    1 TRIOMPHE
    1 VIE DE PRIERE
    2 ADAM
    2 DIOCLETIEN
    2 PHOTIUS
    2 TERTULLIEN
    3 ALEXANDRIE, EGYPTE
    3 ALPES
    3 ANGLETERRE
    3 ANTIOCHE DE SYRIE
    3 BOHEME
    3 BYZANCE
    3 CANTERBURY
    3 CONSTANTINOPLE
    3 FRANCE
    3 ITALIE
    3 LIBAN
    3 LOURDES
    3 MONT CARMEL
    3 MOSCOU
    3 THABOR
  • 14 février 1880.
  • Paris
La lettre

L’esprit de Dieu conduisant Jésus dans le désert pour y être tenté par le diable, tel est le sujet de l’évangile. Pourquoi cette tentation, sinon pour nous montrer dans les combats du fondateur de l’Eglise avec le prince des enfers toute l’histoire de cette Eglise et de ses enfants? Oui, nous devons être tentés, et la tentation est une preuve de ce que Dieu a pour nous d’amour, parce qu’il veut nous faire combattre plus ardemment, afin de nous faire mieux triompher. Et nous devons subir diverses luttes avec l’esprit de ténèbres, et nous devons aller à l’ennemi, ou plutôt l’attendre, mais toujours lui résister. Ah! quelle effroyable situation que celle d’une âme qui sait sa faiblesse et qui pourtant dit: Je combattrai l’ennemi de Dieu et mon ennemi! » Cet ennemi est plus fort qu’elle. Oui, sans doute, mais, vive Dieu! Jésus-Christ est plus fort que Satan. Le chrétien seul contre l’ennemi des hommes sera vaincu; le chrétien avec Jésus-Christ sera vainqueur, n’en doutez pas.

Mais où surtout la prophétie se révèle dans les tentations au désert, c’est lorsqu’on applique les propositions de Satan, non plus à Jésus-Christ, mais à son épouse. Dic ut lapides isti panes fiant. On lui offre des moyens de vivre, mais à condition qu’elle se soumettra à tout ce qui lui sera imposé. Dioclétien, sachant qu’il était défendu aux chrétiens de manger des viandes offertes aux idoles, fit offrir à ses faux dieux tous les aliments portés sur les places publiques. Il se passe quelque chose d’analogue, sinon entièrement semblable pour l’Eglise. Elle avait des biens; on les lui prend, on lui donne une compensation quelconque, dérisoire en bien des pays. Ainsi en Italie les religieuses doivent vivre avec six sous par jour. Presque toutes les jeunes sont mortes de faim, mais qu’importe aux voleurs? En France cela se passe autrement; on commence par rogner, en attendant qu’on supprime, comme cela ses voit en certains conseils municipaux. Mais de quoi vivrons-nous? disent les prêtres. Mangez des pierres, leur crie la Révolution, qui est le diable incarné: Dic ut lapides isti panes fiant;*. Puis, on leur demande des choses impossible, comme preuve qu’ils sont les ministres de Dieu. Ah! vraiment, mais vouloir des miracles perpétuels, c’est vouloir que l’ordre extraordinaire devienne l’ordre ordinaire, en d’autres termes que les miracles ne soient plus des miracles. On en veut tant qu’on puisse dire: Vous voyez bien, ils sont si nombreux que ce ne sont plus des prodiges. L’incrédulité veut placer Dieu dans un dilemme: ou vous ne faites pas de miracles, et alors vous ne prouvez pas votre pouvoir divin; ou vous en faites, mais il y en a tant que, comme à Lourdes, ils deviennent quelque chose de banal. Que dites-vous de cette manière de raisonner? Et qu’elle est digne de ceux qui déclarent qu’ils préfèrent être des singes transformés que des Adams dégénérés, et qui pour cette belle affirmation sont faits sénateurs inamovibles. Ah! oui, vous êtes bien des singes, mais peu transformés. Tertullien disait que Satan était le singe de Dieu; si cela vous flatte, je vous proclame les singes du diable. Moi, je vise un peu plus haut.

Satan prend Jésus-Christ, et il le met sur une haute montagne, où il lui montre tous les royaumes de la terre. On répond: Impossible. Eh! pourquoi pas! Satan n’a-t-il pas pu étendre au pied de Jésus-Christ un aperçu de la terre? Nous voyons la terre tout entière sur une mappemonde, et le diable n’aura pas pu faire pour tenter le Sauveur du monde quelque croquis du monde entier? Je suppose les Alpes, du côté de l’Italie, quelle belle carte universelle il a pu étendre à ses pieds! Et le Carmel, et le Thabor, et le Liban n’étaient-ils pas aptes à ce dessein? Aujourd’hui ce n’est plus tout à fait la même chose; mais de même qu’avec Photius les empereurs de Bysance firent une Eglise schismatique, ne pourra-t-on pas faire par surprise de quelque prêtre de Bohême (le mot a été dit) un évêque, et puis un patriarche d’Elise nationale? L’évêque de Moscou n’est plus patriarche, il l’a été. Mais il y a des patriarches schismatiques à Constantinople, à Antioche, à Alexandrie; ce qui s’est fait ne peut-il pas se faire? Mais voyez l’Angleterre, n-a-t-elle pas son archevêque de Cantorbéry? Si ces gens-là n’ont pas toute la terre, ils espèrent en avoir une bonne partie.

La situation est très grave, il importe de la modifier. Directement nous n’y pouvons rien, mais nous pouvons beaucoup par la prière; prions, faisons tout le possible, et Jésus précipitera Satan dans les enfers.

Notes et post-scriptum