ARTICLES|ARTICLES DU PELERIN|PRONES

Informations générales
  • TD 8.196
  • ARTICLES|ARTICLES DU PELERIN|PRONES
  • QUATRIEME DIMANCHE DE CAREME
  • Le Pèlerin, N. S., IV, n° 166, 6 mars 1880, p. 988-989.
  • TD 8, P. 196; CO 200.
Informations détaillées
  • 1 DOCTRINE CATHOLIQUE
    1 ENFER ADVERSAIRE
    1 ENNEMIS DE L'EGLISE
    1 EUCHARISTIE
    1 EVECHES
    1 HAINE ENVERS LA VERITE
    1 HERESIE
    1 JUIFS
    1 MIRACLES DE JESUS-CHRIST
    1 MORT DE L'AME
    1 MYSTERE
    1 OEUVRES CARITATIVES
    1 ORDINATIONS
    1 PAROLE DE DIEU
    1 PAUVRETE
    1 PROTESTANTISME ADVERSAIRE
    1 RESURRECTION DE JESUS-CHRIST
    1 SAGESSE DE DIEU
    1 SAINTE COMMUNION
    1 SAINTETE DE L'EGLISE
    1 VIE SPIRITUELLE
    2 JEAN, SAINT
    2 LEON XIII
    2 PIE IX
  • 6 mars 1880.
  • Paris
La lettre

Notre-Seigneur conduit la foule qui l’accompagne au désert; il y multiplie quelques pains et les fait distribuer à une multitude immense.

Le prodige se continue. Le 27 février, Léon XIII chargeait cinquante-deux nouveaux ouvriers apostoliques de distribuer le pain de la parole. Ou ce sont des ouvriers transportés d’un champ dans un autre, ou ce sont des ouvriers nouveaux dans un champ cultivé déjà, ou ce sont des ouvriers nouveaux dans des terres nouvelles, ou divisées, tant le travail y abonde.

Voilà de quoi répondre aux prétentions de ceux qui disent: Le christianisme s’en va. Il s’en va si peu que Pie IX avait établi cent cinquante nouveaux évêques et que Léon XIII continue le travail.

Mais l’important, c’est que les ouvriers sont de puissants multiplicateurs du pain céleste. Un prêtre de paroisse, un religieux voué au salut des âmes, combien croyez-vous qu’en dix ans il ait multiplié par sa parole le pain eucharistique? Combien de fois croyez-vous qu’il l’ait distribué de ses mains? Un prêtre pose sur le corporal un ciboire rempli de particules et aussi grand que vous le voudrez, il prononce les paroles de la consécration sur l’hostie du sacrifice; en combien de particules se trouve le corps du Sauveur? Et pourtant il n’y a qu’un corps divin. Il prend le ciboire, le distribue à combien? Supposez le nombre que vous voudrez, tous ont reçu Jésus-Christ indivisible. Dites tant que vous voudrez que ce n’est pas prouvé. Lisez donc le VIe chapitre de saint Jean et voyez comment un miracle en explique un plus grand, et comment la multiplication des pains au désert est la préparation à la multiplication d’un pain bien autrement merveilleux par des mains sacerdotales.

Que se passes-t-il?

Sumunt unus, sumunt mille.

Quantum isti, tantum ille.

Nec Sumptus consumitur.

Quel mystère, auprès duquel le miracle du désert n’est plus rien!

Ah! c’est la force de l’Eglise de donner toujours par ses ministres le pain de vie. Elle vivra toujours, parce qu’elle fait toujours vivre de la vie divine. Ne dites pas: certains peuples ne la reçoivent plus. Qu’importe, si des peuples nouveaux en profitent, et si des nations que l’on croyait mortes reçoivent le bienfait d’une seconde résurrection. Ressuscitées d’abord quand elles passèrent du paganisme à la foi, tuées par l’hérésie ou l’incrédulité, elles sortent à nouveau d’un sépulcre que l’on croyait scellé pour toujours; le sang de Jésus-Christ circule encore dans leur veines et son corps sacré leur est encore un gage d’immortalité.

Allons, allons vers le tabernacle, et ne nous étonnons plus de la multiplication des pains.

Dans le monde, il y a une autre multiplication bien triste, celle des pauvres; mais l’Eucharistie descendue dans les coeurs chrétiens a le privilège d’y multiplier la charité. Pauvres délaissés, peut-être vos misères ne seront pas toutes secourues; mais voyez comme dès qu’un peuple dit; « J’ai faim », les autres peuples chrétiens lui viennent en aide! Aujourd’hui les exemples sont frappants, et si des nations modernes semblent ne pas comprendre, c’est que la Réforme a glacé leur coeur, comme elle a couvert leur intelligence de ténèbres.

Rien de merveilleux à cela. L’hérésie est fille du diable qui n’est pas resté dans la vérité, et le diable a pris les hommes en haine; s’il ne les précipite pas dans l’abîme, il cherche à les faire périr de faim.

Enfin, et je finis par cette réflexion, l’homme ne vit pas seulement de pain, mais de toute parole sortie de la bouche de Dieu; et pour que tous la reçoivent, il faut qu’elle se multiplie. Remarquez que le Verbe a confié sa parole à l’encre et au papier; l’Eglise en a fait le livre par excellence: la BIBLE. Mais la Bible n’est qu’une lettre morte, et l’on sait quel abus le démon en a fait pour enfanter des erreurs sous le voile de textes mal entendus.

Aussi, à côté de cette parole divine, il y a la parole vivante de l’Eglise, enseignant par son chef et par ses évêques, et chargeant les prêtres de répéter les enseignements des pontifes dont ils ne sont que l’écho, mais l’écho nécessaire pour que le pain de la parole puisse être partout porté avec fruit. Ah! qu’il faudra rendre compte de ces pains mystérieux distribués admirablement par l’ordre de Jésus-Christ qui les a bénit!

Mais comprenez bien que le grand ennemi de Dieu ne peut tolérer sans rage cette diffusion de la vérité, et que si cette reine divine a ses apôtres, il faut à Satan des émissaires de l’enfer pour prêcher le mensonge. Cela eut lieu après la multiplication racontée au quatrième dimanche de carême. A peine la foule est-elle rassasiée que Jésus-Christ se retire au désert. On vient l’y chercher pour en faire un roi. Je le crois bien, il donna du pain dont on n’avait ni semé ni moissonné le blé, le bien-être matériel arrivait sans fatigue; quel admirable roi on aurait eu!

Jésus-Christ ne l’entend pas de cette sorte, et il repousse ses électeurs paisibles par de dures vérités. Ah! la scène change vite, on l’abandonne avec empressement; c’est la perpétuelle histoire de l’Eglise. Elle fera du bien à condition qu’on écoutera ses enseignements; mais ses enseignements déplaisent, on lui ôtera la parole, on la bâillonnera. Qu’est l’article 7, qu’un bâillon? Faites tous les articles qu’il vous plaira, bâillonnez l’Eglise, supprimez son enseignement; ajoutez à vos persécutions vos mensonges; Jésus-Christ a déjoué bien d’autres pièges, a brisé la porte de bien d’autres tombeaux que la pierre moderne de votre hypocrisie. Dieu sait ce qu’il fasit. Quand les pharisiens demandaient des gardes pour garder le sépulcre de Jésus, ils ne se doutaient pas qu’ils confirmaient la vérité de la résurrection et de la divinité de son Eglise.

Notes et post-scriptum