ARTICLES|ARTICLES DU PELERIN|PRONES

Informations générales
  • TD 8.199
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  • LE DIMANCHE DE LA PASSION
  • Le Pèlerin, N. S., IV, n° 167, 13 mars 1880, p. 999.
  • TD 8, P. 199.
Informations détaillées
  • 1 ATHEISME
    1 CONVERSIONS
    1 EGLISE EPOUSE DU CHRIST
    1 ENNEMIS DE JESUS-CHRIST
    1 ENNEMIS DE L'EGLISE
    1 FAUSSE SCIENCE
    1 GOUVERNEMENTS ADVERSAIRES
    1 HAINE ENVERS LA VERITE
    1 JUIFS
    1 LOI NOUVELLE
    1 MORT DE L'AME
    1 PASSION DE JESUS-CHRIST
    1 PECHE
    1 RACE DE SATAN
    1 SAINTETE DE L'EGLISE
    1 SAUVEUR
    1 TRIOMPHE DE L'EGLISE
    1 TRIPLE CONCUPISCENCE
    2 ABRAHAM
    2 MAHOMET
    2 PAUL, SAINT
    3 JERUSALEM
  • 13 mars 1880.
  • Paris
La lettre

Jésus-Christ dit aux Juifs: « Qui de vous me convaincra de péché? Si je vous dis la vérité, pourquoi ne me croyez-vous pas? Celui qui est de Dieu entend les paroles de Dieu ». Il y a bientôt dix-neuf siècles qu’il en est ainsi. On accuse Jésus-Christ dans son Eglise, mais qui peut convaincre l’Eglise de péché? On l’a tenté, on n’en est pas venu à bout. Ainsi firent les Juifs pour Jésus-Christ: ils l’accusèrent, le firent condamner à mort, et le troisième jour il ressuscita et commença son oeuvre de victoire sur les âmes. Chose étonnante, ce furent surtout les prêtres de Jérusalem qui fournirent le plus de conversions, soit que ceux-là se fussent tenus loin des chefs, soit qu’ils aient succombé à l’heure de la Passion à un entraînement irréfléchi. Enfin ils se convertirent en grand nombre: les Actes des apôtres le font observer, et comme ils étaient plus instruits que le reste du peuple, ils purent fournir aux apôtres des prédicateurs plus nombreux.

Cependant après Jésus-Christ l’Eglise est sans cesse combattue, accusée, et, comme pour Jésus-Christ, les témoignages ne sont pas très d’accord. Voyez les Juifs, puis les païens, puis les hérétiques, puis les barbares, puis Mahomet, puis le césarisme, puis le protestantisme. Le césarisme et le protestantisme se sont unis pour nous donner la forme révolutionnaire, mais les témoignages sont discordants. Et non erat conveniens testimonium eorum. Que faire en face de cette impossibilité de la convaincre? On condamnera l’Eglise malgré tout.

Il en sera de même dans l’ordre de la science; seulement Dieu se moquera ouvertement des savants. Ils présenteront des objections insolubles. On le croira dans le monde des esprits courts, et puis tout à coup la lumière se fera et l’objection se transformera en preuve. Un caractère du temps de Jésus-Christ, et qui est bien aussi du nôtre, c’est l’horreur de la vérité. On en peut signaler plusieurs causes. D’abord la vérité fait peur, on a toujours de bons prétextes pour ne la recevoir pas; puis elle contrarie les intérêts, les plaisirs, les passions. Allons, allons, qu’on n’en parle plus, disent en choeur les gens de spéculations verreuses, de volupté et d’immoralité. Il y a encore les gens a intelligence affaiblie, si heureux de ne pas croire, parce qu’ils seraient troublés dans leur repos; et puis, ils ne comprennent pas, ils n’ont pas beaucoup de sens commun, et pas l’ombre de sens divin. C’est ce que leur signifie assez rondement Jésus-Christ: Qui ex Deo est verba Dei audit. En quoi appartiendriez-vous à Dieu? Vous appartenez au diable ou à la matière, vous ne pouvez comprendre les choses de Dieu.

Que répondre? Rien, sinon des injures. Les Juifs ne s’en font pas faute. Samaritain, possédé du démon! lui crièrent-ils. Excellente réplique, quand les autres manquent, et véritablement elles manquaient.

« Non, je ne suis point possédé du démon, reprend Jésus, j’honore mon Père en vous prêchant sa doctrine, en apportant une loi plus parfaite, et vous, vous me déshonorez ».

Ils ne s’en tinrent pas là, ils le crucifièrent.

Un peu après, le Sauveur ajoute: « En vérité, je vous le dis, si quelqu’un garde mon enseignement, il ne verra jamais la mort ». C’est de la mort éternelle qu’il est question. Les Juifs ne comprennent rien, ils lui objectent Abraham et les prophètes, comme si les prophètes et Abraham ne jouissaient pas de la vie des justes.

Mais à quoi bon discuter avec de pareils hommes?

Je n’irai pas plus loin dans la méditation de cet évangile. On sent la fureur haineuse monter, on veut lapider Jésus-Christ. Après les injures, les coups, rien de plus logique. Jésus se cache, mais attendez quelques jours, on l’attachera a la croix.

Ainsi l’Eglise. Au moment où je trace ces lignes, j’attends pour apprendre si l’article 7 sera voté ou repoussé, et les lecteurs du Pèlerin connaîtront le vote avant de lire ce que j’écris pour eux. Evidemment, derrière cet article il y a une haine satanique contre la religion; si grande qu’elle puisse être, elle ne l’est pas autant que celle dont étaient dévorés les juifs contre Jésus-Christ. Il fut vaincu le vendredi et triompha le dimanche. Et même saint Paul ne craint pas de nous déclarer qu’il triomphait déjà sur la croix. Supposé que les ennemis des religieux triomphent, pensez-vous que ce soit pour longtemps? Je ne saurais le croire. Quand on voit certains évênements se précipiter, la fièvre présider à certains partis-pris, la violence faire déraisonner ceux qui devraient être sages, on peut dire sans crainte: Ce sera court. Regardez attentivement et concluez que, pas plus que Jésus-Christ, l’Eglise, son épouse sans tache et sans ride, ne peut être convaincue de péché; qu’on pourra bien pour un moment l’insulter, lui lancer des pierres, l’enfermer dans un tombeau scellé par ses ennemis, mais comme Jésus-Christ elle brisera les portes de la mort et répandra sa lumière toujours plus abondante jusqu’aux extrémités de monde.

Notes et post-scriptum