- TD 8.216
- ARTICLES|ARTICLES DU PELERIN|PRONES
- DIMANCHE DE QUASIMODO
- Le Pèlerin, N, S., IV, n° 170, 3 avril 1880, p. 1052.
- TD 8, P. 216.
- 1 APPARITIONS DE JESUS-CHRIST
1 CLERICAUX
1 CORRUPTION
1 DOUTE
1 ENNEMIS DE L'EGLISE
1 FOI
1 JESUS-CHRIST JUGE
1 JUIFS
1 MARTYRS
1 MIRACLE
1 PAIX
1 PAQUES
1 PECHEUR
1 PREAMBULES DE LA FOI
1 SACREMENT DE PENITENCE
1 SAINT-ESPRIT
1 VOCATION
2 THOMAS APOTRE, SAINT
3 JERUSALEM
3 JUDA, ROYAUME - 3 avril 1880.
- Paris
Après sa résurrection, Jésus voulut apparaître, non à tout le peuple, mais aux témoins préordonnés de Dieu.
Il entre, parmi les portes fermées, là où sont réunis les onze, et leur montre ses mains percées, son côté ouvert. Pour être cru, chaque fait veut les preuves qui lui sont convenables. Jésus était mort, les disciples l’ont vu mettre au tombeau, il a eu les pieds et les mains percés, le côté ouvert; il montre ses cicatrices, il entre les portes fermées, son corps a pris des qualités nouvelles, il est vivant. Que veut-on de plus? Il leur dit: « La paix soit avec vous! » Voyant le Seigneur, les disciples sont remplis de joie, ils le reconnaissent donc, et il leur répète: « La paix soit avec vous ». Or, voici leur mission qui commence. « Comme mon Père m’a envoyé, de même je vous envoie ». Puis il souffle sur eux, pour bien montrer que de lui sort, par le Saint-Esprit, la puissance qu’il va leur donner. « Recevez le Saint-Esprit, les péchés seront remis à ceux à qui vous les remettrez, et ils seront retenus à ceux à qui vous les retiendrez ».
Tant qu’il y aura des hommes, il y aura des pécheurs, dont les fautes devront être pardonnées avant d’entrer au ciel. Voilà le moyen du pardon, voilà la puissance judiciaire de Jésus-Christ établie. Jésus-Christ a été constitué juge des vivants et des morts. Juge des morts dont il réserve à lui seul la sentence, juge des vivants a qui il permet de solliciter le pardon auprès de ceux qu’il a établis pour remettre ou retenir les péchés.
Or, il est des hommes qui ne veulent pas du pardon et surtout de la condition du pardon: l’aveu de leurs fautes, le regret de les avoir commises, la résolution sincère de ne les commettre plus. Ils ne veulent pas du prêtre qui absout, ils ne veulent pas s’avouer pécheurs. L’homme qui leur rappelle qu’ils le sont leur est odieux. Ne cherchez pas d’autre prétexte à la haine contre le cléricalisme.
Ah! tu nous dis que nous sommes voleurs, fornicateurs, menteurs, et tu veux que nous te supportions? Tu prétends que toutes ces habitudes invétérées chez nous sont des péchés, que nous devons nous en repentir, renoncer à nos moeurs condamnés par ta prétendue loi divine; arrière, arrière! Nous ne voulons pas de prêtres, parce que, bien que notre conscience nous dise parfois que nous sommes des coquins, nous voulons passer pour d’honnêtes gens.
Ne cherchez pas d’autre explication a la guerre aux cléricaux; celle-la est surabondante. Et, chose étonnante, a peine Jésus ressuscité se montre-t-il au noyau prêt à se développer de son Eglise, qu’en donnant à ses ministres le droit de pardonner, en apportant la paix avec le pardon, il pose le principe de la guerre éternelle avec ceux qui ne voudront pas des conditions de cette paix. Les Juifs non plus ne voulurent pas de cette paix, et l’on sait par quelle guerre finit Jérusalem et fut dispersé Juda.
Cependant Thomas, surnommé Didyme, un des douze, était absent quand Jésus était apparu. Les disciples lui dirent: « Nous avons vu le Seigneur ». -Il leur répondit: « Si je ne vois dans ses mains la trace des clous, si je ne mets la main dans son côté, je ne croirai pas ».
Huit jours après les disciples étaient réunis et Thomas avec eux. Jésus entra les portes fermées, il se plaça au milieu d’eux et leur dit: « La paix soit avec vous ». Puis il dit à Thomas: « Mets ton doigt ici et vois mes mains, approche ta main et place-la dans mon côté, et ne sois plus incrédule, mais fidèle ».
Thomas répondit: « O mon Seigneur et mon Dieu! » Et Jésus ajouta: « Parce que tu m’as vu, Thomas, tu as cru. Heureux ceux qui n’ont pas vu et qui ont cru.
Il est évident que Jésus ne refusa pas aux siens la confirmation de leur foi. Ainsi, quand huit jours auparavant il était apparu, il avait de lui-même montré ses mains et son côté, mais la vue du Seigneur avait seule suffi aux disciples, et c’est là le bonheur dont il parle à Thomas incrédule.
Et toutefois son incrédulité est un très grand bien; elle confirme plus fortement ce fait que Jésus crucifié, gardant les cicatrices de ses mains et de son côté pour bien attester qu’il est mort, est apparu vivant et a triomphé d’un doute obstiné.
Mais descendons plus à fond. Si je ne vois, je ne croirai pas. Qui êtes-vous pour poser des conditions à celui qui a dit: « Si vous ne croyez pas, vous ne comprendrez pas! » Sans doute, il est une foule de circonstances où la raison précède la foi, en est le préambule, selon l’expression théologique, mais il en est d’autres où le témoignage raisonnable doit suffire.
Un homme mort se montre vivant, donc il est ressuscité. Il dit: « Je suis ressuscité pour prêcher une loi nouvelle. » Il fait des prodiges, donne à ses envoyés le pouvoir d’en faire. On ne peut le nier. De plus, ces envoyés donnent leur vie pour témoigner de leur sincérité. Sincérité d’une part, prodiges accomplis de l’autre, que voulez-vous de plus?
Ah! c’est bien simple. Nous voulons qu’une religion, qui condamne toute notre vie, soit fausse, afin que, criant à l’imposture, nous ayons le droit de vivre au gré de nos passions. Nous ne reconnaissons à personne le droit d’absoudre, parce que nous ne voulons pas laisser croire à la nécessité d’être absous.
Laissons-les dire, laissons-les blasphémer, laissons-les poursuivre leur guerre contre l’Eglise; Jésus n’en poursuivra pas moins la série de ses miracles et de ses pardons, et n’en continuera pas moins de donner à ses disciples le pouvoir de faire des prodiges et de pardonner les pécheurs.