- TD 8.222
- ARTICLES|ARTICLES DU PELERIN|PRONES
- TROISIEME DIMANCHE APRES PAQUES
- Le Pèlerin, N. S., IV, n° 172, 17 avril 1880, p. 1082.
- TD 8, P. 222.
- 1 APOSTASIE
1 APPARITIONS DE JESUS-CHRIST
1 ASCENSION
1 CONVERSIONS
1 DESSEIN DE SALUT DE DIEU
1 EGLISE EPOUSE DU CHRIST
1 ENNEMIS DE L'EGLISE
1 ENSEIGNEMENT DE JESUS-CHRIST
1 EPREUVES DE L'EGLISE
1 EUCHARISTIE
1 EXTENSION DU REGNE DE JESUS-CHRIST
1 FECONDITE APOSTOLIQUE
1 HISTOIRE DE L'EGLISE
1 JESUS-CHRIST AUTEUR DE LA GRACE
1 JOIE SPIRITUELLE
1 MARIE
1 MONDE ADVERSAIRE
1 MORT DE JESUS-CHRIST
1 PAGANISME
1 RESURRECTION DE JESUS-CHRIST
1 SUCCESSION APOSTOLIQUE
1 TITRES DE JESUS-CHRIST
1 TRIOMPHE
2 ANNE, GRAND PRETRE
2 CAIPHE
2 HERODE ANTIPAS
2 JULIEN L'APOSTAT
2 PILATE
3 JERUSALEM - 17 avril 1880.
- Paris
Au moment de quitter ses disciples, Jésus leur dit: « Encore un peu de temps et vous ne me verrez plus, et encore un peu de temps, vous me verrez, car je vais à mon Père ».
Les apôtres se demandent les uns aux autres: « Que veut dire ce peu de temps où nous ne le verrons plus et ce peu de temps où nous le verrons? »
Il y a plusieurs explications des paroles du Sauveur. Encore un peu de temps et vous ne me verrez plus, car je serai caché dans le tombeau; encore un peu de temps et vous me verrez de nouveau car je vais à mon Père, et, avant de monter au ciel, je veux vous apparaître dans mon état transfiguré.
Cette dernière promesse peut s’entendre encore ainsi: vous me reverrez, parce qu’ayant pris un corps glorieux, je le cacherai sous les voiles eucharistiques et je serai présent au milieu de vous jusqu’à la fin des siècles dans le sacrement de mon amour.
Mais il est une autre explication qui semble clairement résulter du commentaire que Notre-Seigneur veut lui-même donner à ses paroles. Le divin Maître connaît les réflexions qu’ils agitent entr’eux et il ajoute: « Vous vous demandez ce que signifient ces mots: encore un peu de temps et vous ne me verrez plus, et encore un peu de temps et vous me reverrez. En vérité, en vérité, je vous le dis: le monde se réjouira, et vous, vous serez dans une profonde tristesse, mais votre tristesse sera changée en joie ». Quels horizons lugubres et pleins d’espérance le Sauveur ne révèle-t-il pas aux siens! Des pleurs, des gémissements, tandis que le monde est dans la joie! Cela se vit à Jérusalem, à la mort du Sauveur. Le peuple battait des mains, les disciples étaient dans une douleur amère. Quand Jésus ressuscité leur apparut, ils furent dans les ravissements de la joie.
Mais il est un autre sens plus pratique, plus continuellement appliquable, sur lequel il importe d’insister. Poursuivons la méditation des paroles du Sauveur. « Lorsqu’une femme enfante, dit-il, elle éprouve une grande souffrance ». Qu’est cette femme, sinon, l’Eglise appelée à enfanter sans cesse des enfants à Jésus-Christ? Et comment peut-elle souffrir, sinon par les membres de son corps qui sont ici plus particulièrement les apôtres et leurs successeurs, non seulement selon la hiérarchie, mais encore selon le zèle évangélique? Vous voyez de suite pourquoi tous ceux qui dans l’Eglise aident cette femme mystérieuse à offrir de nouveaux enfants à Jésus-Christ doivent souffrir avec elle, parce qu’ils ne font pour cette oeuvre qu’un avec elle, et l’on dira d’eux pourtant qu’ils ne sont qu’une superfétation.
Mais il faut que certains tiennent un pareil langage, afin de s’excuser des douleurs dont ils sont la cause. Laissez-les faire. Anne, Caïphe, Hérode, Pilate, ne se doutaient pas qu’ils faisaient, malgré leur crime, une oeuvre divine, quand ils crucifiaient le Fils de Marie et qu’au pied de la croix Marie représentait l’Eglise. C’est toujours la même inspiration, le même travail, ce sont les mêmes tristesses, et pourtant l’Eglise naissait du flanc déchiré du Sauveur, et son coeur transpercé ouvrait les sources sacrées qui donneront la vie à tous les enfants de Dieu.
Puis les persécutions s’ajoutèrent aux persécutions. Est-ce que les hérétiques mirent un bien long temps à succéder aux bourreaux? Est-ce que les barbares n’apparurent pas pour ravager le vieux monde, avant que l’arianisme n’ait disparu? Traversons les siècles pour n’être pas trop long. Aujourd’hui l’Eglise catholique, toujours prête à enfanter, souffre toujours et beaucoup. Tenez pour assuré que quelque grand accroissement de ses enfants aura bientôt lieu. Elle se dispose à une plus nombreuse fécondité; allez donc et faites-la beaucoup souffrir dans ceux qui l’aident a enfanter de nouvelles générations chrétiennes. Mais prenez-y garde, vous contribuez sans le vouloir à accomplir la prophétie constamment vérifiée depuis dix-neuf siècles bientôt. Ah! vous la haïssez et vous la persécutez, vous préparez pour elle de nouveaux triomphes. Quant à elle, ses douleurs sont vite oubliées, si elle peut présenter à Jésus-Christ un plus grand nombre d’âmes à sauver.
Travail merveilleux que celui des apôtres, à qui sont promises les joies du coeur! Jésus viendra à eux et les verra de nouveau. Admirable vision que celle du divin Maître, quand il vient apporter aux siens la joie après l’épreuve et mettre cette joie si profondément dans leur coeur que personne ne puisse la leur enlever! Gaudebit cor vestrum, et gaudium vestrum nemo tollet a vobis.
Allons donc à tout ce que les ennemis de l’Eglise veulent faire souffrir à ses enfants et à ses ministres. Allons dans une grande foi et contemplons l’Eglise souffrante sous le coup de toutes les menaces de l’enfer. Les attaques ont suivi, se sont réalisées, et quand même certaines contrées ont perdu la vie chrétienne, combien, jadis dans la nuit de l’erreur, ne voient pas tous les jours le soleil de justice se lever, les éclairer, les échauffer de ses rayons?
Le paganisme expirant avec Julien l’Apostat s’écriait pas la bouche de cet empereur blessé à mort par la flèche d’un soldat perse: « Galiléen, tu as vaincu ». Le Galiléen se dispose à vaincre à nouveau. L’Apostat, lui aussi était pour l’enseignement païen; il n’en a pas mois été vaincu, et l’Eglise n’en a pas moins continué à enfanter des enfants par millions à son divin Epoux.