ARTICLES|ARTICLES DU PELERIN|PRONES

Informations générales
  • TD 8.225
  • ARTICLES|ARTICLES DU PELERIN|PRONES
  • QUATRIEME DIMANCHE APRES PAQUES
  • Le Pèlerin, N. S., IV, n° 173, 24 avril 1880, p. 1100.
  • TD 8, P. 225; CO 204.
Informations détaillées
  • 1 APOSTOLAT DE LA VERITE
    1 BLASPHEME
    1 CARACTERES DE L'EGLISE
    1 CLERGE SECULIER
    1 CONCILE OECUMENIQUE
    1 DOCTEURS DE L'EGLISE
    1 DOCTRINE CATHOLIQUE
    1 DON D'INTELLIGENCE
    1 ENSEIGNEMENT DE LA VERITE
    1 ENSEIGNEMENT SUPERIEUR
    1 ERREUR
    1 HAINE ENVERS LA VERITE
    1 HERESIE
    1 IGNORANCE
    1 INSTITUTS RELIGIEUX
    1 PAPE
    1 PREDICATION
    1 REVELATION
    1 SAINT-ESPRIT
    1 SOUMISSION DE L'ESPRIT
    1 SPOLIATEURS
    1 THOMAS D'AQUIN
    2 FRANCOIS XAVIER, SAINT
    3 FRANCE
    3 PARIS
  • 24 avril 1880.
  • Paris
La lettre

« Lorsque l’Esprit de vérité sera venu, il vous enseignera toute vérité ». C’est la perpétuelle création du Saint- Esprit, Creator Spiritus. Est-ce que la vérité peut être créée à nouveau? Le dire serait un blasphème. Est-ce qu’après la Pentecôte l’Eglise doit recevoir un nouveau trésor de révélations? Blasphème encore. Est-ce que l’Eglise peut être transformée dans sa hiérarchie et sa constitution divine, dans ses droits et ses développements? Non, non, laissons ces impiétés à ceux qui croient aux transformations de la société de Dieu avec les hommes.

Comment donc le Saint-Esprit, en venant parmi nous, enseignera-t-il toute vérité? Le voici. A mesure que l’Evangile sera prêché, des esprits curieux et rebelles s’insurgeront contre quelques-unes des vérités que l’Evangile renferme, et pour les affirmer l’Esprit-Saint donnera des lumières plus abondantes à l’Eglise. Certains mystères étaient connus, mais quelquefois avec moins de précision. Les novateurs les attaquent; aussitôt l’Esprit de Dieu, par ses pontifes, par ses conciles, répand de plus abondantes lumières; le mystère est défini, de sorte qu’à tout jamais, dans la prédication que l’Eglise en fera, rien ne puisse être changé, et dès lors on ne pourra rien y modifier.

L’Esprit-Saint enseigne encore toute vérité à chaque fidèle, en ce sens que chacun n’a qu’à croire tout ce qu’enseigne l’Eglise de Dieu, appuyée qu’elle est sur le droit d’enseigner, que la vérité première lui a conféré. Mais si tout fidèle baptisé peut croire implicitement tout ce qu’il a plu à Dieu de nous manifester, chaque fidèle aussi peut recevoir des vérités avec plus ou moins d’abondance; l’intelligence humaine est un vase plus ou moins élargi, selon la capacité de chacun. Ce qui est exact pour les vérités de l’ordre naturel, l’est aussi pour les vérités de l’ordre surnaturel. Et le Saint-Esprit, qui divise à chacun selon ce qu’il lui plaît, verse des vérités avec plus de clarté chez les uns que chez les autres, et donne plus aux uns qu’aux autres la puissance de recevoir les rayons de la lumière divine. Et pourtant, bien que tous n’aient pas reçu la vérité avec la même profusion, le niveau des intelligences surnaturalisées s’élève par une participation plus abondante aux vérités révélées faites à l’aide des docteurs de l’Eglise.

Il y a la tout un mystère dans la manière dont Dieu permet que la vérité soit à certaines époques enseignée plus parfaitement, et qu’à d’autres les clartés soient moins abondantes. Ce n’est pas l’erreur qui se répand, c’est l’ignorance, mais l’ignorance est l’avant-coureur de l’erreur, et surtout de la négation de toute vérité. Tel est le but que se proposent ceux qui tendent à détruire les Ordres religieux. Est-ce que le clergé séculier n’est pas suffisant à faire le catéchisme, les prônes, et même des sermons en certaines circonstances? Evidemment, c’est là sa mission, mais a-t-il le temps d’approfondir toute vérité? Trop souvent le temps lui fait défaut, et les exceptions seules peuvent se consacrer à ces études approfondies qui sont la force, la sève des enseignements de l’Eglise envisagée par le côté où l’homme peut y mettre du sien.

C’est pourquoi il importe que, s’il y a des prêtres chargés d’enseigner les peuples, il y en ait aussi qui soient destinés à enseigner les savants. Quelle est la plus belle des deux missions? Je me garderai de le dire. Saint François Xavier gémissait avec amertume de ce que tant de docteurs de l’université de Paris restaient sur les bancs ou dans les chaires de l’école et ne lui venaient pas en aide dans ses lointaines prédications, et, d’autre part, si saint Thomas d’Aquin n’eût pas passé sa vie dans le cloître il n’eût pas donné à l’Eglise la Somme contre les Gentils, ni la *Somme théologique.

Saint François Xavier a prêché la vérité à plus de néophytes. Saint Thomas d’Aquin a prêché plus de vérités à ceux qui sont chargés d’enseigner la vérité aux nations.

Ne séparons pas ces deux vocations, unissons-les plutôt. J’ai pris après tout pour exemple deux saints dont la mission a été différente, mais concourait à un même but, et je ferai observer, pour ceux qui ne veulent pas de ces longues préparations que la vie religieuse offre à l’enseignement catholique, que saint François Xavier et saint Thomas d’Aquin étaient deux religieux. Voilà peut-être pourquoi on ne veut pas de familles religieuses qui scrutent plus profondément toute vérité et la portent plus loin sur les plages les plus ignorées.

Seigneur, ne permettez pas que la prédication de votre vérité fasse défaut à la France. Que le clergé des paroisses nous enseigne, malgré ses occupations si nombreuses, et que le clergé des cloîtres, tout en les habitant, en sorte pour nous prêcher des vérités plus abondantes, telles que votre Esprit-Saint les leur enseignera dans la retraite et la prière.

Notes et post-scriptum