ARTICLES|ARTICLES DU PELERIN|PRONES

Informations générales
  • TD 8.227bis.
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  • CINQUIEME DIMANCHE APRES PAQUES
  • Le Pèlerin, N. S., IV, n° 174, 1 mai 1880, p. 1116.
  • TD 8, P. 227bis.
Informations détaillées
  • 1 BIEN SUPREME
    1 EGLISE EPOUSE DU CHRIST
    1 EPREUVES
    1 GRACES
    1 JESUS-CHRIST MEDIATEUR
    1 JOIE SPIRITUELLE
    1 MAUVAIS CHRETIENS
    1 MISERICORDE DE DIEU
    1 MONDE ADVERSAIRE
    1 PRIERE DE DEMANDE
    1 PURETE D'INTENTION
    1 SAINTETE
    1 TITRES DE JESUS-CHRIST
    1 TRINITE
    1 VOLONTE DE DIEU
  • 1 mai 1880.
  • Paris
La lettre

« Si vous demandez quelque chose à mon Père en mon nom, il vous le donnera ». Voilà toute la force du chrétien; c’est de demander, demander au nom de Jésus-Christ, demander avec instance, demander ce qui nous convient, ne pas nous exposer à nous entendre dire: Vous ne savez ce que vous demandez. Que de chrétiens demandent ainsi! Si Dieu faisait droit à leurs prières insensées, ce serait le plus cruel des châtiments pour eux. Et Dieu, en fermant l’oreille à des sollicitations mauvaises, use d’une grande miséricorde.

Mais si en demandant à Dieu ce qui nous est nécessaire, nous nous plaçons sur le terrain divin, ah! nous pouvons demander avec la certitude d’être exaucés; or le terrain de Dieu c’est celui de la sainteté et de la perfection. Nous sommes appelés à devenir des saints. Il faut que nous ayons, pour atteindre ce but, des grâces extraordinaires, mais elles sont mises à notre disposition. Nous n’avons qu’à vouloir; or demander de cette sorte implique le désir d’être exaucé, et que de fois nous prions avec la crainte de voir notre prière écoutée! C’est la contradiction humaine.

Pourtant, si Dieu est prêt à nous donner tout ce que nous lui demandons, si nous savons que nous ne devons lui demander rien qui ne soit convenable selon ses droits, pourquoi notre prière obtient-elle si souvent des résultats bien nuls? Ah! c’est que nous voulons et que nous ne voulons pas. Que de chrétiens s’irritent de ce que l’impiété monte tous les jours, et qui en eux-mêmes vivent comme des païens! Tristes fluctuations de la nature humaine, elle penche dans ses désirs vers tout bien, par ses actes vers tout mal.

Dieu est-il obligé d’exaucer des prières menteuses? Ce serait se faire une étrange notion de sa majesté, et elle est pourtant la raison pour laquelle tant de chrétiens se plaignent que Dieu est sourd à leurs prières.

Mais quand une âme commence à demander avec des désirs sincères de voir la réalisation de la volonté de Dieu en elle, que de grâces ne lui sont pas accordées! Alors notre divin Maître peut dire à ces âmes: Demandez et vous recevrez, afin que votre joie soit dans sa plénitude. Petite et accipietis, ut gaudium vestrum sit plenum.

Dieu donne une joie pleine à ceux qui demandent bien, à ceux qui demandent à son Père en son nom, à ceux qui demandent selon son esprit.

Mais ici se dresse l’objection. Si Notre-Seigneur est disposé à nous accorder la plénitude de la joie, comment se fait-il que les chrétiens soient souvent dans la douleur? Mundus gaudebit, vos autem contristabimini: Qu’est-ce à dire, et quelle contradiction!

C’est qu’en effet il faut savoir choisir entre le bonheur du monde et le bonheur du ciel. Que le monde ait ce qu’il appelle le bonheur, la joie, les plaisirs, à quoi bon disputer là-dessus, Mundus gaudebit; mais pour combien de temps? Pure ivresse d’un moment, rapide comme le songe de ceux qui se réveillent, velut somnium surgentium. Après l’épreuve rapide, vient au contraire, pour le disciple du Sauveur, une vie de joie pleine et dans son étendue et dans sa durée, ut gaudium vestrum sit plenum.

Voyez la suite: En ce jour-là vous demanderez en mon nom. Prophétie, pour le dire en passant; depuis que l’Eglise offre ses prières à Dieu, elle les offre par Jésus-Christ. In illo die, in nomine meo petetis. Et, ajoute-t-il, je ne vous dis pas qu’il soit nécessaire que je prie mon Père pour vous. Pourquoi? Parce que mon Père, lui aussi, vous aime. Ipse enim Pater amat vos, quia vos me amastis. Dieu est reconnaissant de ce que les hommes aiment son Fils et qu’ils ont cru qu’il est sorti de Dieu: et credidistis quia a Deo exivi. Ainsi se manifeste l’unité de la sainte Trinité. Notre divin Maître initie peu à peu ses disciples à cet insondable mystère; il a dit: moi et mon Père, nous sommes un. Maintenant il déclare être sorti de son Père qui est Dieu: A Deo exivi, et veni in mundum: iterum relinquo mundum, et vado ad Patrem.

Jésus sort de ce monde; il retourne à son Père, comme il était sorti de son Père pour venir en ce monde; voilà pour son humanité, car le Fils est toujours avec le Père, et le Père avec le Fils, ils sont un. Ego et Pater unum sumus.

Demandons au divin Maître de nous emporter avec lui dans sa puissance et son amour dans le sein de son Père. Là est l’infinie perfection dans la vérité et l’amour infinis, là est la plénitude du bonheur, et nous ne la trouverons que là. Ut gaudium vestrum sit plenum. Amen!

Notes et post-scriptum