ARTICLES|ARTICLES DU PELERIN|PRONES

Informations générales
  • TD 8.230
  • ARTICLES|ARTICLES DU PELERIN|PRONES
  • LE DIMANCHE DANS L'OCTAVE DE L'ASCENSION
  • Le Pèlerin, N. S., IV, n° 175, 8 mai 1880, p. 1132.
  • TD 8, P. 230.
Informations détaillées
  • 1 APOSTOLAT DE LA VERITE
    1 APOTRES
    1 COMBATS DE L'EGLISE
    1 CONFESSION DU NOM DE JESUS-CHRIST
    1 DONS DU SAINT-ESPRIT
    1 ENFER ADVERSAIRE
    1 ENNEMIS DE L'EGLISE
    1 HAINE ENVERS LA VERITE
    1 HARDIESSE DE L'APOTRE
    1 HISTOIRE DE L'EGLISE
    1 JEUDI SAINT
    1 JUIFS
    1 MENSONGE
    1 PENTECOTE
    1 PERFECTION
    1 PRUDENCE
    1 SAINT-ESPRIT
    1 SALUT DU GENRE HUMAIN
    1 SATAN
    1 THOMAS D'AQUIN
    1 TITRES DE JESUS-CHRIST
    1 TRIOMPHE DE L'EGLISE
    1 VERTU DE FORCE
    1 VIE DE PRIERE
    2 DAVID, BIBLE
    2 PAUL, SAINT
    3 JERUSALEM
    3 JUDEE
    3 SAMARIE
  • 8 mai 1880.
  • Paris
La lettre

Jésus-Christ est monté au ciel et les apôtres réunis au Cénacle se préparent dans la prière à recevoir le Saint-Esprit, à organiser l’Eglise, à prêcher l’évangile malgré les persécutions annoncées.

Certes, dans le lieu de retraite où Notre-Seigneur a recommandé de se tenir cachés quelques jours, ils représentent, ils sont le noyau de l’Eglise prête à germer le jour de la Pentecôte. Mais ne peut-on pas dire aussi qu’ils sont là formant dans l’Eglise ce qu’il y a de plus parfait? Sans doute, les évêques sont parfaits, parce que, comme dit saint Thomas, les évêques sont perfecteurs, perfectores, mais aussi encore le premier groupe d’hommes parfaits, perfecti, toujours selon l’expression du docteur angélique, sont les religieux.

Certes, ils ne l’étaient pas encore, puisque l’Esprit n’était pas encore accordé, mais ils pouvaient s’exercer à la perfection, et c’était là un des motifs de leur séjour dans la salle où le dernier agneau pascal avait été mangé légitimement, où la victime véritable non encore immolée avait été par une anticipation de l’amour divin distribuée aux disciples.

Maintenant ils étaient là sous le coup des terreurs que leur inspirait la haine des Juifs. Plusieurs de ceux qui étaient venus manger la Pâque s’étaient sans doute retirés, mais d’autres étaient venus célébrer la fête du cinquantième jour. Ils étaient cent vingt disciples contre des centaines de mille Juifs or prosélytes.

Ils priaient, ils se munissaient dans la retraite de la grande armure des chrétiens. La lutte allait commencer ou plutôt elle était déjà déclarée, car Jésus-Christ avait été crucifié. Etonnante guerre que celle où le général commence par se faire mettre à mort, et où il entreprend la conquête du monde avec douze hommes qui n’ont eu jusque-là pour armes que des rames et des filets?

Mais à ces hommes il a donné la prière, c’est-à-dire l’union avec Dieu, la force d’en haut dont ils vont être revêtus. Quand ils auront prié, la force leur viendra, accipietis virtutem supervenientis Spiritus sancti in vos. Certes, ils ne recevront cette vertu que parce que Dieu voudra la leur donner. Il n’en est pas moins vrai qu’ils auront contribué à l’attirer par leurs prières. C’est pour cela qu’il passent dix jours à Jérusalem et dans le Cénacle.

Jamais guerre plus terrible ne fut préparée par l’enfer contre l’Eglise naissante que celle déclarée aux apôtres le jour même de la Pentecôte. Ils s’y préparaient dans la retraite et la prière. Il faut le répéter sans cesse, afin de montrer aux chrétiens de nos jours comment les premiers disciples du Sauveur forgèrent leurs armes pour se défendre contre l’ennemi et en triompher. La prière! La prière, voilà notre armure à nous qui voyons l’ennemi s’avancer avec la certitude, dit-il, de nous écraser à jamais. Nous verrons bien!

Oui, nous serons vaincus, foulés aux pieds, si nous ne prions pas. Mais si nous demandons, nous recevrons, et si nos supplications pour solliciter la victoire sont pleines de foi et d’espérance, nous vaincrons, tenons-le pour certain. Tel est notre secret que le monde ne connaît pas, mais que l’Eglise connaît et que, de siècle en siècle, lui révèle l’expérience de ses défaites ou de ses triomphes, selon que ses enfants ont plus ou moins crié vers le ciel.

« Vous me rendrez témoignage, dit Jésus-Christ, parce que, dès le commencement, vous êtes avec moi ».

Ceci est la sentence portée contre toutes les concessions. Il faut être prudent sans doute, mais avant tout il faut être courageux pour rendre témoignage. Après s’être fortifié par la prière et la retraite, il faut rendre témoignage soi-même. Jésus, qui ordonne aux apôtres de se tenir d’abord à l’écart, leur ordonne ensuite d’aller être ses témoins à Jérusalem, dans la Judée, à Samarie et jusqu’aux extrémités de la terre. Ils doivent prêcher l’évangile à toute créature. Et quand donc? Quand sera venu l’Esprit consolateur qu’il enverra de son Père, l’Esprit de vérité qui procède du Père.

Et alors il y aura pour les apôtres une grande tentation de scandale, quand ils verront quelle fureur excite contre eux l’Esprit de vérité. Les hommes, préférant le mensonge qui ne les condamne pas à la vérité qui montre ce qu’il y a de mauvais dans leurs oeuvres, s’insurgeront contre eux. « Je vous ai dit ces choses, afin que vous ne soyez pas scandalisés. On vous chassera des synagogues, mais vient l’heure où quiconque vous met à mort croit rendre témoignage à Dieu. Ils vous traiteront de la sorte, parce qu’ils n’ont connu ni mon Père ni moi. Mais je vous parle ainsi, afin que, quand l’heure sera venue, vous vous rappeliez que je vous l’ai prédit ».

Est-ce pour les premiers jours de l’Eglise, est-ce pour nos jours que Jésus-Christ a prononcé ces mots? Voilà bien les mêmes persécutions annoncées, les mêmes moyens prophétisés. On se propose de chasser l’Eglise de partout. Quel sera le résultat? En attendant, elle est prêchée jusqu’aux extrémités du monde. Mais malgré de très grandes fureurs et autres grandes violences, on sent qu’elle est prête à se défendre avec les armes qui lui sont propres.

Que faut-il donc? Procurer à l’Eglise des apôtres, nous faire tous apôtres, chacun dans la mesure du zèle que Dieu lui demande. Voilà l’effort suprême à tenter. Ils étaient douze dans le Cénacle avec une centaine de disciples, et, à quelques années de là, saint Paul, rappelant la parole de David, demandait si la trompette évangélique n’avait pas retenti d’un bout du monde à l’autre.

Faisons-la retentir là surtout où l’on veut le plus étouffer l’enseignement de la vérité, la confession du Christ. Ne craignons pas, résistons* à Satan, à ses suppots, forts que nous sommes dans la foi, et la victoire définitive sera de notre côté, car si Dieu est pour nous, qui sera contre nous?

Notes et post-scriptum