ARTICLES|ARTICLES DU PELERIN|PRONES

Informations générales
  • TD 8.233
  • ARTICLES|ARTICLES DU PELERIN|PRONES
  • SAINT PIERRE
  • Le Pèlerin, N. S., IV, n° 182, 26 juin 1880, p. 1239.
  • TD 8, P. 233.
Informations détaillées
  • 1 APOSTOLICITE
    1 APOTRES
    1 ATHEISME
    1 CHATIMENT
    1 CONVERSIONS
    1 CORRUPTION
    1 DIEU LE PERE
    1 ENFER ADVERSAIRE
    1 JESUS-CHRIST CHEF DE L'EGLISE
    1 JUIFS
    1 LAICISME
    1 MANQUE DE FOI
    1 MARTYRS
    1 MIRACLES DE JESUS-CHRIST
    1 PAGANISME
    1 PARDON
    1 POUVOIR DES CLEFS
    1 REVELATION
    1 SPOLIATEURS
    1 SUCCESSION APOSTOLIQUE
    1 TITRES DE JESUS-CHRIST
    1 TRIOMPHE DE L'EGLISE
    1 VIE PUBLIQUE DE JESUS-CHRIST
    2 CESAR
    2 ELIE, PROPHETE
    2 FERRY, JULES
    2 JEAN-BAPTISTE, SAINT
    2 JEREMIE
    2 JONAS, BIBLE
    2 JUDAS
    2 PAUL, SAINT
    2 PIERRE, SAINT
    2 POUSSIN, NICOLAS
    3 CESAREE
    3 EMPIRE ROMAIN
    3 NINIVE
    3 ROME
  • 26 juin 1880.
  • Paris
La lettre

C’était après la multiplication des pains et Jésus daignait tenter un dernier effort pour convertir Pharisiens et Sadducéens qui l’interrogeaient au lendemain de ce miracle.

Il leur avait répondu: « Vous savez bien dire, le soir: Il fera beau demain, car le ciel est rempli de feu, et, le matin, vous savez dire: Aujourd’hui il y aura tempête car le triste ciel est rougeâtre ».

Donc, vous savez discerner les signes du ciel et vous ne savez discerner les signes des temps. Une génération perverse et adultère cherche un signe et il ne lui sera pas donné d’autre prodige sinon le signe de Jonas le prophète. Et les ayant laissés il s’en alla.

Jésus ayant ainsi promis à cette génération incrédule qu’elle n’aurait d’autre signe que les menaces du prophète qui annonçait la ruine à Ninive, il retourna vers les siens, leur recommanda de se défier du pain et du ferment des Pharisiens et les emmena du côté de Césarée, la ville romaine, toute glorieuse des monuments de pierre que les maîtres du monde élevaient partout avec faste.

Poussin a voulu être fidèle à ce souvenir dans son tableau que nous reproduisons.

Jésus, en venant à Césarée, quittait les Juifs incrédules, recommandait de se séparer d’eux et de leur doctrine et venait vers la gentilité.

Quand il fut sur ce terrain de Rome, la maîtresse du monde, ce Sauveur pieds nus, suivi de douze pauvres pieds nus comme lui, leur demanda ce que disaient les hommes au sujet du Fils de l’homme?

Ils lui répondirent: « Les uns prétendent que c’est Jean- Baptiste, les autres Elie; mais d’autres encore disent que c’est Jérémie ou l’un des prophètes ».

Jésus s’adressant à eux: « Mais vous, que dites-vous que je sois? »

Simon répondant (pour tous): « Tu es le Christ, fils du Dieu vivant!

Et Jésus: « Tu es bienheureux, Simon Barjonas, car la chair et le sang ne t’ont point révélé cette parole, mais mon Père qui est aux cieux. »

Et alors élevant la voix, Jésus prononça ces mots aux effets plus puissants que ceux qui avaient créé le monde:

« Et moi, je te dis que tu es Pierre, et sur cette pierre j’édifierai mon Eglise, et les portes de l’enfer ne prévaudront pas contre elle. Et je te donnerai les clefs du royaume des cieux. Et tout ce que tu auras lié sur la terre sera lié aussi dans les cieux, et tout ce que tu auras délié sur la terre sera délié aussi dans les cieux ».

Et ces douze pauvres reçurent en ce moment la terre et le ciel. César, maître du monde, n’était rien auprès de ces nouveaux princes.

Poussin, qui peignait encore dans un âge de foi, dans son tableau dresse près du Sauveur une colonne solide comme signe de l’inébranlable institution qui vient de se fonder. Cette colonne, encore vide en notre dessin, c’est le piédestal sur lequel Jésus règnera.

La donation de Jésus à Pierre et aux apôtres accomplie entre la multiplication des pains et la transfiguration, au moment même où il ne cessait d’annoncer l’heure prochaine de ses souffrances, de sa mort et de sa résurrection, était sans doute la condamnation à mort de ses douze apôtres; notre gravure représente donc des condamnés, car pour le fondement de l’Eglise il faut du sang. Judas lui-même, en mourant, rendra malgré lui gloire à Dieu par sa mort.

Le 29 juin, on célèbre l’exécution de Pierre et Paul, ce qui veut dire que le pacte a été sanctionné par le sang et qu’il est durable.

Pierre est sorti du tombeau, autrement que Jésus; il vit toujours par ses successeurs, demeure plus fort que l’enfer; Pierre demeure plus fort que tous les rois, empereurs ou républiques, il peut les lier.

Pierre peut aussi délier.

Il y a loin de la parole du Maître prononcée en face de Rome toute-puissante: Quodeumque ligaveris super terram, et la séparation qu’on proclame des choses de Dieu et de la terre.

Car si les gouvernements font ce que Pierre condamne, cela est condamné dans le ciel, c’est lié, c’est-à-dire que cela sera impuissant à produire le mal qu’on espère.

Mais alors même qu’on enfermerait toutes les oeuvres saintes, tous les moines, tous les Jésuites, toutes les religieuses, qu’on fermerait orphelinats et asiles, si Pierre délie, toutes ces fermetures seront nulles: ;Quodeumque solveris super terram, erit solutum, etc..et la preuve c’est que depuis qu’on essaie par la prison et le meurtre d’anéantir la vie parfaite instituée par Pierre, elle continue à vivre sur la terre et à être glorifiée dans le ciel.

M. Ferry vient d’obtenir du Conseil supérieur de l’Instruction publique qu’on efface des programmes de l’enseignement de l’histoire dans les lycées l’histoire sainte, c’est-à-dire qu’on supprime les fondements, non seulement de toute l’histoire, afin de ne pas s’exposer à rencontrer le Dieu créateur, mais aussi les fondements de tout droit social, afin de ne pas rencontrer le fondateur de la société chrétienne, dont nous faisons partie.

A l’heure de la mort, ô Pierre! obtenez à vos ennemis de trouver un confesseur qui les délie de tous les péchés qu’ils commettent en persécutant l’Eglise, afin qu’ils ne soient point liés éternellement dans l’enfer, mais admis à la véritable liberté dans le ciel.

Que leur repentir, même tardif, serve à l’exaltation de l’impérissable Eglise, qui est bâtie sur votre sang et contre laquelle les portes de l’enfer ne prévaudront jamais.

AMEN.

Notes et post-scriptum